Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Modeste M’bami a du laisser ce proverbe de coté le temps d’un coup de gueule qui fera certainement réagir quelques joueurs parisiens. Cette lourde défaite face a Chelsea (0-3) aura eu le mérite de nous présenter un Modeste M’bami déterminé à nous prouver que le psg n’est pas à sa place.
« On a pris une gifle énorme » tels étaient les mots de Vahid Halilhodzic visiblement dépité par un tel résultat. Sentiment partagé par son milieu de terrain camerounais qui déclarait « le constat est clair, on a été ridicule » ce genre de phrases sont habituellement réservées aux journalistes véreux et créateurs de polémiques, mais là quand c’est M’bami, joueur au tempérament calme et réservé voire timide, tout cela prend tout autre sens.
« On a travaillé dur l’an passé pour en arriver là. Mais collectivement, on n’est pas en place, on ne joue pas ensemble. On prend des buts par manque de concentration et le collectif n’est pas soudé. Et il ne faut pas croire que c’est seulement un problème de défense, c’est une remise en question qui concerne tout le monde ».
Le ton est posé et le verbe tranchant. Il est sans doute l’un des meilleurs sinon le meilleur depuis le début de la saison et cela donne davantage de crédibilité à son discours. Car il est évident que M’bami ne tient pas à critiquer quelqu’un en particulier (ce n’est pas son style) mais plutôt à provoquer un sursaut d’orgueil.
« Il faut se regarder avant de s’en prendre à un coéquipier. On doit d’abord et avant tout penser à l’équipe. Ça ne sert à rien de dire que c’est la faute de l’autre. Chacun doit prendre ses responsabilités et faire les efforts pour aider son coéquipier. Aujourd’hui, on fait chacun un truc de son côté », poursuit le Camerounais. De par cette déclaration on comprend tout de suite l’état d’esprit d’un groupe qui est de toute évidence dessoudé et perdu. « Le coach a gueulé, je ne l’avais jamais vu comme ça. Il semblait affecté, touché. Ça fait honte. Aujourd’hui, on baisse les bras dès qu’on prend un but ce n’est pas normal», il y a un vrai manque.
Les nouveaux sont implicitement montrés du doigt et ajoute « L’an passé, j’étais nouveau et j’ai fait les efforts. A eux aussi de se mettre dans le truc ». En effet, en plus d’avoir un recrutement non conforme pour affronter une ligue des champions (Pancrate et Coridon …?) les nouveaux joueurs n’ont pas l’air d’avoir l’état d’esprit escompté. Ayant perdu ses anciens leaders à l’état d’esprit de combattant que sont heinze, sorin et déhu, le PSG « nouvelle formule » en a trouvé un en plus de Pauleta. Cette déclaration devrait en dévergonder quelques uns, a moins bien sur qu’elle soit prise dans l’autre sens…
Planète PSG
Réunion de crise au PSG (L’Équipe)
IL était 12 H 30 quand Modeste M’Bami en est sorti le
premier. Dans son sillage, près de vingt-cinq joueurs
se sont extraits de cette salle aux façades verdâtres,
essuyant la colère encore mesurée d’une trentaine de
supporters massés derrière les grilles d’entrée du
Camp des Loges. Tournant de vagues regards vers ces
fidèles amers, les Parisiens regagnèrent leur
vestiaire en une marche silencieuse.
Le silence comme un leitmotiv. Huis clos décrété,
aucune interview. Dans son repli sur soi, le PSG
confirmait l’émergence de la première véritable crise
depuis l’arrivée de Vahid Halilhodzic en juin 2003.
Trois nuls et deux défaites en Championnat assortis de
la leçon de jeu et de maîtrise livrée par Chelsea
(0-3), mardi soir, en Ligue des champions : de la L 1
à la C 1, le PSG traîne ses transparences. À son
entourage, José Mourinho, le manager des Blues, a
confié ceci en début de semaine : « J’ai supervisé le
PSG une mi-temps contre Saint-Étienne (2-2). Ça m’a
suffi pour comprendre que cette équipe n’était pas
cohérente. »
Alors, les joueurs se sont parlé, hier matin. Pendant
plus d’une heure et demie dans la salle où,
d’ordinaire, Vahid Halilhodzic prononce ses
débriefings de lendemain de match. Hier, le coach
n’assistait pas à la mégathérapie de groupe. Mais
l’autocritique fut ordonnée et non spontanée car c’est
lui, l’entraîneur, qui a exigé cette grande discussion
entre joueurs alors que ceux-ci s’apprêtaient à partir
effectuer le décrassage.
Devant ses coéquipiers, José Pierre-Fanfan a d’abord
pris la parole. Dans une ambiance lourde, le capitaine
a invité ses coéquipiers à crever certains abcès.
L’investissement déficient d’une large partie de
l’effectif et les erreurs individuelles auraient été
alors pointés du doigt par ceux qui ont pris la
parole. D’aucuns auraient, par exemple, reproché à
Lionel Letizi de vivre un peu en marge du groupe.
Pauleta, lui, aurait reconnu ses torts sur le
troisième but anglais, lorsqu’il baissa la tête sur le
coup franc de Drogba.
Hier, certains auraient lancé devant le groupe : « Il
y en a qui trichent. » Mais personne n’aurait été
clairement désigné. Preuve, au passage, que trop peu
de joueurs se sentent suffisamment irréprochables pour
critiquer les responsables du fiasco estival. M’Bami,
le meilleur joueur du PSG depuis le début de la
saison, s’est cependant autorisé à exprimer quelques
sentiments tranchés sur la situation. Le milieu
défensif camerounais estime que plusieurs joueurs
n’ont pas saisi le don de soi auquel un joueur du PSG
doit consentir.
Le thème sensible des recrues
A-t-il été entendu, lui qui était raillé il y a peu
par quelques coéquipiers pour ses rapports très
proches avec l’entraîneur ? Il reste que le discours
de M’Bami aurait heurté l’expérimenté Yepes, qui
n’ignore pas que les joueurs arrivés à l’intersaison
concentrent actuellement beaucoup de critiques.
D’ailleurs, sur ce thème sensible des recrues,
certains, au Camp des Loges, ont dû s’interroger en
découvrant, lundi dernier, les déclarations de
Pauleta, la veille, en conférence de presse : « Je
n’admettrai pas qu’un nouveau joueur arrive
aujourd’hui et commence à dire n’importe quoi. »
Hier, l’étrange climat du Camp des Loges laissait
transpirer l’image d’un PSG sur un fil. Soit il
amorce, enfin, un redressement dimanche contre Monaco,
au Parc. Soit il accroît les risques de voir son
groupe morcelé entre les anciens et les nouveaux, les
pro-Halilhodzic (M’Bami, Pierre-Fanfan) et les
anti-Halilhodzic, ceux qui y croient encore et ceux
qui n’y croient déjà plus. Un groupe qui traîne encore
les séquelles des fractures provoquées par l’affaire
Fiorèse.
Les effets de ce long décrassage verbal, émaillé de
plusieurs platitudes, restent forcément très
incertains. « Cette réunion n’a intéressé personne »,
assurait-on dans l’environnement du PSG. D’autant que
ce groupe a l’habitude de se parler, du moins en
dehors du terrain. « L’an passé, les joueurs se
parlaient moins, témoigne un proche du groupe. La gnac
était là, naturellement. Chacun savait ce qu’il devait
donner sur le terrain. » Halilhodzic, lui, sait-il
encore où il veut aller ? Il aurait déjà décidé de
recruter trois joueurs, un par ligne, lors du prochain
mercato hivernal. À des proches, il aurait confié
récemment un regret, celui de ne pas avoir conservé
Frédéric Déhu. Plus qu’un taulier de la défense, c’est
le patron d’un vestiaire aujourd’hui déboussolé que le
PSG n’a pas encore su remplacer.
JÉRÔME TOUBOUL (L’Equipe)