Christian Bekamenga est heureux. Après avoir longtemps brillé avec les Espoirs camerounais, l’attaquant du FC Nantes va goûter aux joies de la sélection A lors d’un déplacement au Cap-Vert. En l’absence de son idole Samuel Eto’o fils, l’ex-pensionnaire de la Jeunesse Stars tentera de se faire une place dans l’équipe d’Otto Pfister. Interview d’un Lion prêt à rugir.
Vous êtes convoqué pour la rencontre des Lions indomptables face au Cap-Vert dans le cadre des éliminatoires combinés CAN/Coupe du monde 2010. Qu’est-ce que cela vous inspire?
C’est encourageant. Ça veut dire que mes bonnes prestations aux Jeux olympiques et plus généralement avec la sélection Espoirs ont fini par payer. En tout cas, ça donne envie d’y croire et de travailler encore plus pour rester avec les A.
Jusqu’à présent, vous n’avez joué que quelques minutes avec les A face à une sélection de joueurs espagnols. C’était lors du stage de préparation pour la CAN 2008. Compétition pour laquelle vous n’aviez finalement pas été retenu. Est-ce que cette convocation est pour vous une revanche ?
(Sans hésitation) Non, cette convocation n’est pas une revanche. C’est une récompense d’être appelé, de faire partie de cette liste. Ça veut dire qu’on vous fait confiance, qu’on suit vos performances. Pour moi, ça n’est pas une revanche. (Il hésite) Cela veut juste dire que ce que je fais est valorisé et que je dois continuer à travailler.
Ce retour avec les A est-il plutôt dû à vos prestations durant les Jeux olympiques ou vos performances en général ?
Je pense que c’est un tout . Même si les Jeux olympiques sont très suivis, il y a eu les matches avec les Espoirs avant les J.O., dont le Tournoi des Huit Nations en Afrique du Sud en 2007 (remporté par les Camerounais, Bekamenga avait fini meilleur buteur avec 6 réalisations, Ndlr).
Avez-vous des regrets par rapport au parcours du Cameroun durant ces J.O. ?
Bien sûr ! Nous étions partis pour gagner la médaille d’or, comme nos prédécesseurs aux Jeux de Sydney (2000). Nous nous sommes fait sortir en quarts de finale par le Brésil (2-0). On y croyait pourtant à fond.
Qu’est-ce qui vous a manqué durant ce quart face à un Brésil pourtant pas irrésistible ?
(Il soupire) On était biens durant ces Jeux. Il ne nous a pas manqué tant de choses que ça, je pense. Ce qui nous a pénalisé c’est que nous avons reçu un carton rouge lors du dernier match, en milieu de partie (Albert Baning a été expulsé à la 51e minute, Ndlr). Cela nous a forcé à revoir complètement notre système de jeu, notre organisation. Nous avons été contraints de défendre à dix. La conséquence, ce sont ces deux buts encaissés.
Vous avez joué dans les championnats de Malaisie et d’Indonésie. Comment avez-vous atterri dans des pays d’Asie aussi éloignés du Cameroun ?
Au départ, je ne me suis pas rendu en Malaisie pour y faire carrière. Mon tuteur m’avait parlé de ce pays en bien. Mais j’ai découvert les installations de certains clubs et j’ai été assez séduit par leur qualité. J’ai alors décidé de me présenter à des essais. Et j’ai donc signé au Selangor PKNS (1ère division locale). En Malaisie, tout s’est bien passé. C’est pour ça que j’y suis resté deux saisons. Après, j’ai rejoint le Persib Bandung en Indonésie où je suis resté un an.
Aviez-vous peur d’être oublié en jouant dans un championnat aussi peu médiatisé en Afrique et en Europe ?
Oui, un peu. C’était un risque. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai décidé au bout de trois ans de revenir. L’éloignement était difficile à gérer. Surtout quand on veut jouer régulièrement avec l’équipe nationale Espoirs. C’était difficile pour les observateurs de venir me voir. Même pour ma famille, ça n’était pas évident d’avoir des nouvelles. Cela a commencé à devenir compliqué à gérer. J’ai donc quitté l’Asie.
Comment se sont passés les premiers contacts avec le FC Nantes votre club actuel ?
Des émissaires du FCN sont venus m’observer lorsque j’évoluais avec les Espoirs camerounais. Par la suite, ils m’ont sollicité pour venir jouer en France.
D’autres clubs vous ont-ils approché ?
Oui, plusieurs autres dont le FC Metz. J’ai également discuté avec le directeur sportif de l’olympique de Marseille, José Anigo.
Vous avez eu pas mal de soucis d’adaptation depuis votre arrivée en France au mercato 2008. L’obtention d’un permis de travail a été assez compliquée. Et puis vous avez eu quelques pépins physiques avec un genou…
(Il coupe) Non, non, non. C’est faux ! Et je ne dirai jamais l’inverse. Je n’ai eu aucun problème avec mon genou depuis que je suis arrivé en Loire-Atlantique. Je ne sais pas qui a inventé ça. En tout cas, j’ai vu cette histoire sur Internet et je peux témoigner que ça n’est pas vrai. J’ai eu des soucis de visas au Cameroun. Point. Je suis d’ailleurs resté deux mois au pays à cause de ça. Du coup, j’étais à court de préparation malgré mes efforts. Il fallait que je recharge les batteries. C’est ce manque de compétition qui a retardé mon intégration.
Et où en êtes-vous physiquement désormais ?
Je me sens bien ! Ça va beaucoup mieux. J’étais du déplacement à Bordeaux lors de la troisième journée de Ligue 1. J’ai même joué 27 minutes en rentrant à la place de Claudiu Keserü.
Le FCN s’est incliné à Bordeaux (2-0). Cette victoire a entraîné le limogeage de votre entraîneur, Michel Der Zakarian. Le contexte est-il pesant à Nantes ?
Oui, c’est difficile… Vous avez des habitudes avec un entraîneur et subitement, il n’est plus là. Vous ne savez pas qui va le remplacer, comment se comportera son successeur. Mais on ne peut rien y faire. Nous, nous sommes les joueurs. Ce n’est pas nous qui décidons du sort de l’entraîneur. Le plus important pour nous, c’est de jouer, de redresser la situation. Sur le terrain.
Revenons à la sélection camerounaise. Quels sont vos objectifs avec les Lions indomptables ?
Je vais essayer de répondre présent, de bien figurer et de me faire une place au sein du groupe. Ça ne sera pas facile, mais c’est une grande fierté de défendre les couleurs du Cameroun.
Est-ce qu’il y a des joueurs que vous admirez particulièrement dans cette équipe ?
Oui, Samuel Eto’o fils ! (Il rigole) Samuel Eto’o est évidemment une idole pour moi qui suis attaquant.
Vous devez être déçu alors. Il est suspendu pour ce match au Cap-Vert.
Oui… J’ai toujours rêvé de jouer avec lui. Mais je ne désespère pas d’être aligné à ses côtés un jour !
par David Kalfa