Un joli mois de mai s’annonce dans le Nord, et pas besoin de lire dans les fonds de picon-bières pour s’en convaincre. Juste le sentiment que les jours à venir promettent des lendemains qui chantent à Lille. Le 14 mai, les hommes de Rudi Garcia iront en effet conquérir leur première Coupe de France depuis 1955. Soit, 56 ans d’attente.
Le 29 mai, le leader actuel du Championnat de France fêtera peut-être son 3e titre en Ligue 1 depuis 1954. Soit, 57 ans d’attente. Les objectifs, si rapprochés, en viennent à se confondre. Tant espérée, autant que la fête soit totale pour les Dogues, qui ont oublié leurs petits soucis de Championnat des dernières semaines et les remises en causes médiatiques pour aller s’imposer à Nice (2-0) avec autorité et réalisme. La marque d’un leader, assurément, d’un champion, peut-être.
Et pourtant, Lille s’est ouvert cette voie mardi par le plus grand des Hazard. Le plus grand, oui, le genre de type (laissé sur le banc au coup d’envoi avec Moussa Sow) appelé à remplacer au pied levé un Balmont claqué (36e). Et qui, sur son deuxième ballon touché, débloque la situation par un une-deux d’école avec Obraniak (44e). «Je ne pensais pas que ça allait être moi, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m’échauffer. Le coach m’a demandé de faire ce que je savais faire, voilà», glissait-il, pas bégueule, au micro d’Eurosport à la mi-temps. C’est aussi simple que ça, alors, le football. Aussi simple que la deuxième occasion nordiste de la rencontre, et deuxième but, au retour des vestiaires : une belle ouverture d’Obraniak encore, Gervinho qui élimine Letizi et qualifie son club (46e).
La meilleure attaque du Championnat a donc fait parler son réalisme en Coupe face à des Aiglons trop craintifs en première période, trop malchanceux en seconde (à l’image de Mouloungui, dont la tête butait sur la transversale de Landreau, à la 56e, ou qui n’arrivait pas à armer son extérieur du pied à la 64e). Ce n’est pas faute d’avoir poussé, encouragés par un Stade du Ray comme on ne l’avait plus vu depuis 20 ans. Mais la maîtrise, la réussite, l’assurance, étaient dans l’autre camp. Ca fait beaucoup. 56 ans d’attente, aussi. A sept journées de la fin du Championnat, les hommes de Rudi Garcia se sont offert une nouvelle raison de patienter. Et de rêver, autour d’un picon-bière.
A.-S.B