Partir à la découverte d’un être humain revient à être confronté au paradoxe, au contraste que la nature s’amuse parfois à provoquer. Avec malice, elle aime de temps en temps balayer le convenu, suggérer l’inattendu. Derrière la boule de muscles camerounaise, présentée harmonieusement par Charley Fomen, se révèle un garçon sensible, timide.
Un jeune et bon gars soucieux de décliner son identité à la première poignée de mains, sans une ride de prétention, tant il se considère encore comme un inconnu. « Je suis libéré », dit-il rapidement. Dès les premiers mots, on saisit la métamorphose du garçon dont étaient restées ancrées, avec maladresse au fond de nous, les images de son arrivée à Évian, lors de son premier stage, il y a deux ans.
(…)
« La première année n’a pas été gâteau !, raconte-t-il. J’ai été confronté au changement de climat, d’environnement, à ma première blessure contractée en sélection. J’étais abattu. Je m’interrogeais, en me demandant si je savais encore jouer au football. Je me suis aperçu, avec le temps que physiquement je n’étais pas prêt. »
(…)
Lors de son arrivée à Évian, sa timidité est un frein. « C’était terrible, physiquement et humainement. Je n’osais pas approcher de Didier Deschamps. Je ne savais pas si je devais lui parler ou si c’est lui qui devait venir à moi. » Le temps a passé. Aujourd’hui, il se sent au niveau… « La saison passée, à Dijon, lors du match contre Tours, j’ai découvert du jour au lendemain le professionnalisme. Les contraintes, les efforts à accomplir, les exigences à supporter, l’hiver par exemple quand il s’agit de s’entraîner sur un terrain synthétique ou de supporter le froid. Je me suis libéré, j’ai grandi et je n’ai plus peur. Je n’ai jamais aimé parler beaucoup, j’ai toujours préféré parler sur le terrain et laisser aux techniciens le soin de me juger. Aujourd’hui, ma priorité est cette préparation, montrer que je me sens capable de porter ce maillot. »
La fin du mois d’août lui apportera un autre bonheur : il deviendra papa : « C’est un événement important pour moi. Cela me permettra encore de gagner en maturité humainement, mais dans le football aussi. »
Cyril Sollier