L’international camerounais veut aussi inscrire son nom sur le livre d’Or de la Champions League, après Gérémi Njitap et Samuel Eto’o qui sont jusqu’ici les seuls camerounais à avoir remporté cette compétition européenne. S’il a failli ne jamais avoir la chance d’y participer, son directeur sportif lui préférant d’autres profils qui se sont finalement décommandés, le capitaine des Lions Indomptables ne cache pas son enthousiasme. Le rêve commence donc à Lisbonne, la ville monde paraît-il, et c’est exactement ce que vient chercher le PSG. Il veut épater la planète, s’offrir une part de gloire et s’adjuger la première Ligue des champions de son histoire, la première du monde d’après, achevée dans un format inédit : tu gagnes, tu vis; tu perds, tu rentres chez toi.
« Personne ne va mourir », disait la semaine dernière Leonardo, le directeur sportif, en cas d’échec. Evidemment, il faut se garder de cette terminologie transposée à la chose sportive, surtout dans une époque « covidisée », mais il y aura comme un goût d’arrêt buffet si Paris sort de la compétition ce mercredi.
Un tableau favorable
Paris possède un but, un objectif, évincer l’Atalanta Bergame, invité surprise de ce tournoi final à huit au Portugal. Afin de poursuivre sa joyeuse aventure contre le vainqueur du match Atlético de Madrid-RB Leipzig, deux autres équipes tout aussi contournables que la formation italienne.
Le club de la capitale, habitué des Real Madrid, Barcelone ou Manchester City quand l’altitude monte, peut cette fois respirer sur sa route vers les sommets. L’oxygène ne manquera pas, au moins sur le papier, avec un tirage abordable, des noms à la portée d’un Paris qui possède avec Neymar et Mbappé encore deux des cinq meilleurs joueurs de l’univers en course dans cette épreuve. Cristiano Ronaldo, lui, est déjà en vacances à perfectionner ses abdos. Il reste Messi, le plus grand.
En attendant, c’est au pays de la langue de Pessoa que le PSG de la star brésilienne est convié pour dominer cette Europe des huit, dont six clubs n’ont encore jamais remporté la Ligue des champions.
Neymar déterminé
Pour la première fois depuis qu’il a signé en France il y a trois ans, le club parisien, qui fête ses 50 ans ce mercredi, disputera un quart de finale avec Neymar, acheté pour ça, quand le foot bascule, quand le génie déjoue toutes les tactiques, quand le ballon se transforme en instinct sous inspiration artistique, la sienne.
Malgré la parenthèse de quatre mois sans jouer — tous les autres concurrents en lice ont pu aller au bout de leurs championnats respectifs —, le crack auriverde semble en forme et particulièrement déterminé à enfin donner à la ville lumière les rayons de son savoir sphérique. Si Neymar est un soleil alors ça va darder ! Privé de son meilleur ami parisien sur les pelouses, un sublime complice nommé Kylian Mbappé, le numéro 10 incarne la force motrice de ce PSG décidé à passer de la parole aux actes.
Un groupe soudé
Parce qu’ils y croient, parce qu’ils s’aiment même s’ils ne partagent pas tout ensemble, parce que le confinement se prêtait aux épanchements intimes, les joueurs de Thomas Tuchel se sont fait une promesse aussi secrète que virale : remporter cette Ligue des champions historique. Normalement, on continuera de parler dans cent ans de cette édition sauf si le coronavirus s’impose comme une série à plusieurs saisons, ce qui n’arrangerait personne ni aucun secteur, le football comme les autres pans du spectacle vivant.
Ce pacte des jeunes loups aux dents longues qui rayent l’herbe doit désormais trouver sa traduction dans l’écrin vide du stade de la Luz. Qui deviendra celui de la lumière en cas de qualification, mais celui de la « lose » en cas d’élimination. Oui, les Parisiens ont faim, décidés à renouer avec l’an I de leurs émotions quand le PSG version Qatar avec Carlo Ancelotti et Laurent Blanc parvenaient sans vraiment sourciller jusqu’en quart avant de se briser les dents et la nuque ensuite.
Les revoilà à ce stade mais comme Lyon, finalement, qui défiera Manchester City ce samedi. Cette fois, les chercheurs d’or parisiens doivent faire un pas de plus, un petit pas pour le football, une marche géante à leur niveau : voir le dernier carré qui est souvent magique.
Mbappé prêt à bondir
Evidemment, ce n’est pas parce que l’Atalanta Bergame ne rutile pas par ses millions et son patronyme qu’il n’épouse pas les contours de l’équipe surprise par excellence, à l’image de l’Ajax Amsterdam en 2019, génial demi-finaliste stoppé in extremis aux portes de la finale par Tottenham, autre intrus. Les Italiens jouent dans tous les sens, proposant le tourbillon de la vie qui emporterait n’importe quels Jules et Jim.
Il n’y aura ni Marco Verratti, arrivé ce mardi à Lisbonne mais blessé aux mollets, pour s’opposer à cette pluie de jeu et seulement Kylian Mbappé pour quelques minutes. Avec une cheville guérie mais salement amochée le 24 juillet, le champion du monde ne peut commencer la partie. Le jeune homme pressé a prouvé en Russie que le monde n’attendait pas, en tout cas ne pouvait pas l’attendre avec ses semelles aériennes. Mais le voir contre Bergame sonnerait presque comme une mauvaise nouvelle : c’est qu’il y aurait quelque chose à corriger, un score à inverser, un fil à renouer.
Le plus simple serait encore de le garder au chaud, pour le 18 août, un soir de demi-finale. Il sera beau comme un sou neuf et ça voudrait dire que Paris progresse dans sa conquête. Ponctuel au rendez-vous, « pacté » comme jamais. Oui c’est l’heure d’empaqueter le rêve parisien.
Par Dominique Sévérac, envoyé spécial à Lisbonne