Gardien de but talentueux, Carlos Kameni fait partie des valeurs sûres du football européen à son poste. Sous contrat avec l’Espanyol Barcelone, le dernier rempart brille. Pour Footmercato, le joueur revient sur son parcours, sa saison sans oublier de faire le point sur son avenir.
Tout d’abord Carlos, comment allez-vous ?
Ça va très bien merci.
L’Espanyol de Barcelone réalise une bonne saison. Comment jugez-vous ce parcours ?
Je pense qu’on a fait une bonne entame de saison. On a bien bossé. Au moment de la coupure, on était quatrième. Là, on a perdu à Valence. Il faudrait juste retrouver la dynamique qu’on avait avant les vacances et retrouver le haut du classement en gagnant le match contre Saragosse.
Quelles sont vos ambitions pour cette deuxième partie de saison ?
Répéter ce qu’on a fait dans la première partie et terminer dans la zone européenne.
Avez-vous été surpris de vous retrouver en aussi bonne position ?
Non, pas du tout. De toute manière, on ne peut pas être surpris quand on voit ce qu’on a dans les jambes et ce qu’on fait tous les jours à l’entraînement. On peut parler de réussite, mais ce n’est pas du hasard. On bosse très bien, on a bien préparé cette saison.
Pourtant en France, l’Espanyol n’est pas l’équipe la plus connue d’Espagne, restant dans l’ombre du Real ou du Barça…
C’est pourtant l’un des clubs les plus anciens en Liga. Ces dernières années, on a eu de très bons résultats. On a été européen deux fois, on a été en finale de la Coupe de l’UEFA contre Séville et on a gagné une Coupe du Roi. C’est dommage. Après, je ne dirai pas qu’il y a des joueurs vedettes dans cette équipe. L’Espanyol, c’est plus un collectif que des individualités. Mais on a des joueurs qui, depuis un certain nombre d’années, marquent le club de leur empreinte avec notamment Luis Garcia et moi-même qui sommes les plus anciens aujourd’hui. On a une équipe jeune, puisque la moyenne d’âge est de 22 ans. On a l’effectif le plus jeune de la Liga, avec des enfants de 17 ou 18 ans. On s’appuie donc plus sur le collectif que sur les individualités.
Une équipe entraînée par Mauricio Pochettino, qui a brillé en tant que joueur à Paris et Bordeaux. Que pourriez-vous nous dire sur ce coach ?
L’équipe est un peu à l’image de l’entraîneur. C’est un gagnant, quelqu’un qui ne lâche rien et qui meurt avec ses idées. C’est quelqu’un qui connaît bien le club, puisqu’après la France il a tout de suite joué à l’Espanyol. Il a fini ici et j’ai d’ailleurs joué avec lui lors de ses deux dernières années. Il connaît bien le vestiaire, il a vu tous les jeunes qu’il a aujourd’hui sous la main. Il peut s’appuyer sur le centre de formation. C’est vraiment, je pense, l’entraîneur qu’il fallait pour ce club.
Comme vous le disiez, vous avez joué avec lui. Est-ce que cela change quelque chose au niveau des relations entre vous ?
Je ne pense pas que cela change quelque chose, parce que tout est basé sur le respect. Que ce soit l’entraîneur ou le joueur, on se doit de se respecter mutuellement. On est respectueux, ce qui fait que nos relations ne changent pas et restent les mêmes.
Qui dit Barcelone dit forcément Barça. Comment se passe la rivalité avec le club voisin ?
Elle est sportive, et saine. C’est vrai que vivre dans l’ombre du Barça, ce n’est pas évident. Mais toujours est-il que chacun fait son petit bout de chemin. Quand on commence une saison, l’Espanyol n’a pas les mêmes intentions que le Barça, qui a un très grand budget et a les meilleurs joueurs pour remporter tous les titres. Ce n’est pas le cas pour l’Espanyol, qui se base sur la formation. C’est ça la différence.
Lors du dernier match entre les deux équipes, sur la pelouse de l’Espanyol, Andres Iniesta a eu droit à une belle ovation. Preuve que malgré la rivalité, on sait se respecter…
Je pense que c’est la base de tout dans la vie. Qu’on soit d’un bord politique ou d’un autre par exemple, on se doit de respecter les idées de l’autre. Iniesta est un joueur du Barça, mais cela n’enlève rien au respect que les supporters de l’Espanyol Barcelone peuvent avoir pour lui. Et encore plus avec le geste qu’il a eu de rendre hommage lors de la finale de la Coupe du monde à notre coéquipier qui est décédé (Dani Jarque, Ndlr). C’est bien qu’il soit ovationné de cette manière.
Le Barça et le Real sont une nouvelle fois partis pour s’offrir un mano a mano en tête de la Liga. Qui est votre favori ?
Les deux sont bien placés pour se battre pour le titre. Ça se jouera à des petits détails. Il y aura un match retour entre Madrid et le Barça à Bernabeu, ce sera décisif. D’ici là, les deux équipes devront s’arranger pour ne pas laisser filer des points en cours de route. Ce sera un championnat serré entre les deux équipes, avec quelques formations qui auront un rôle d’arbitre.
Une admiration certaine pour le PSG
Vous avez évolué en France par le passé, au Havre et à Saint-Etienne, sans pour autant vous être imposé. Comment l’expliquez-vous ?
Il y a des choses que l’on ne peut pas expliquer. Comme toujours, j’ai fait ce que j’avais à faire en tant que footballeur, à savoir bosser, bosser et encore bosser. Après, la décision revient à l’entraîneur et il faut toujours respecter son choix. Je n’ai pas eu ma chance, je n’ai pas eu d’opportunités. Pareil lors de mon passage à Saint-Etienne. J’étais prêté six mois là-bas, j’ai bossé comme je l’ai toujours fait. Ça s’est très bien passé sur le plan humain, je suis toujours en contact avec Jérémie Janot. Je prends plaisir à rencontrer Dabo dans le championnat espagnol. Ça s’est super bien passé sur le plan humain. Mais ce n’est pas ce que j’attendais parce que là aussi je n’ai pas eu ma chance. Je suis donc allé à l’Espanyol, et tout se passe bien.
Nourrissez-vous quelques regrets du fait de ne pas avoir pu vous imposer dans ces deux clubs ?
Non, pas de regrets. Je pense que chacun a un chemin qui lui est tracé par le Seigneur et voilà, il était dit que je n’allais pas jouer au Havre et à Saint-Etienne. C’était dur, mais je l’ai accepté. Ça m’a rendu encore plus fort. Aujourd’hui, je peux le dire, je suis mentalement costaud.
Avez-vous eu des contacts récemment ?
Je suis sous contrat avec l’Espanyol jusqu’en 2013. Ça se passe bien. On est en train de faire une très bonne saison, c’est vrai qu’il y a des clubs qui se sont signalés et j’espère qu’ils continueront à se signaler. On verra bien ce qui va se passer d’ici la fin de la saison.
Pourriez-vous envisager un départ cet hiver, ou préféreriez-vous attendre l’été pour faire le point ?
En cas d’offre d’un gros club qui a vraiment besoin de moi dès cet hiver, oui je pourrais l’étudier. Mais tout se passe bien aujourd’hui, je m’inscris dans le projet de l’Espanyol Barcelone. Je suis l’une des pièces maîtresses de l’équipe, il serait difficile de quitter le navire en ce moment. Il reste encore six mois, on verra bien.
Un retour en France pourrait vous plaire ?
Je préfère ne pas m’avancer. Je ne suis pas forcément un aventurier, je sais ce que j’ai sous la main. Je tiens à le valoriser. Changer pour changer, ce n’est pas dans mes habitudes. Par le passé, j’ai reçu des offres venant de Russie et de bien d’autres pays, qui ne m’ont pas enchanté. Il faut donc voir ce qui m’est proposé et ce qu’il y a d’un point de vue sportif.
Il y a plus d’un an, une rumeur vous annonçait au PSG. Si jamais le club de la capitale vous proposait un challenge, seriez-vous intéressé ?
Paris, c’est un très, très grand club. Un club que j’admire beaucoup depuis mon enfance. Mon passage en France a accentué les choses. Bernard Lama est mon idole. George Weah, Ginola, Guérin… C’était une équipe de rêve. Le football est ce qu’il est. S’il y avait un intérêt de Paris, ce serait vraiment avec plaisir que j’étudierais l’offre.
Son regard sur le Cameroun
La Coupe du monde ne s’est pas forcément bien passée avec le Cameroun. Comment avez-vous vécu cet épisode ?
Comme pour tout footballeur, c’était dur de ne pas jouer. J’avais participé à tous les matches de qualification et les matches de préparation. Mais l’entraîneur a fait ses choix, a mis une équipe en place, et c’est lui qui décide. Paul Le Guen a décidé de me mettre sur la touche, j’ai fermé ma gueule.
Et désormais, on peut supposer que vous espérez retrouver une place de titulaire…
Je suis très content de ce que je fais avec mon équipe. Pour moi, c’est ça le plus important.
Khaled Karouri