Avec près de 20 nouveaux stades de football déjà opérationnels pour certains, comme ceux de Limbe, Buea, Bafoussam et Yaoundé, qui seront à la disposition des footballeurs camerounais pour les années à venir, nous nous interrogeons sur l’entretien des gazons de ces stades qui, pour nous sont en danger si rien n’est fait dès aujourd’hui.
Notre inquiétude est d’autant plus d’actualité que le gazon du stade Omnisports de Limbe, pourtant arrosé quotidiennement, a toujours l’air brûlé, car jauni par endroits. Selon certains observateurs, ce gazon aurait été posé de manière provisoire pour la CAN féminine 2016, et sera éventuellement remplacé dans les jours à venir. Mais on sait comment les choses provisoires deviennent très vite définitives au Cameroun. De là à craindre qu’il soit déclassifié par la CAF, pour la CAN, lorsque la CAF voudra bien enfin nous la faire organiser. En 2021 peut-être ou certainement. Le gazon du terrain d’entraînement collé au stade omnisports de Limbe est dans un état déplorable.
Ce n’est pas un secret pour personne qu’au Cameroun, la grande faiblesse de toutes nos infrastructures sportives et autres, est le manque total d’entretien. Il y a donc lieu de s’inquiéter pour tous ces stades qui nous coûtent déjà très chers, et surtout pour leur gazon naturel.
Le constat, les années passées, de l’état de délabrement avancé du gazon synthétique du stade de la Réunification, sans aucun entretien, de celui du stade Ahmadou Ahidjo remplacé pour la troisième fois lors de la réfection totale du stade, pour la CAN féminine 2016, confirme notre inquiétude. Les gazons du stade militaire et celui de l’annexe 1 de Nfandena ont tout aussi connu une nouvelle pose pour la même CAN.
Selon les jardiniers experts en la matière, le gazon d’un stade doit répondre à de nombreuses exigences techniques qu’imposent les fédérations sérieuses. Les critères concernent aussi bien le terrassement, le drainage, que les engrais ou encore l’imperméabilité ainsi que la densité du gazon.
Savez-vous que de la qualité de la pelouse dépend la qualité du jeu des footballeurs ? Il est crucial d’apporter le plus grand soin aux pelouses vertes des stades.
En effet, la hauteur du gazon influe sur la vitesse du jeu : plus il est tondu ras, plus les mouvements des joueurs sont aisés. Ainsi, l’entraîneur peut adapter la vitesse du jeu selon la fatigue de son équipe par la hauteur du gazon. Les rebonds du ballon sont également plus élastiques sur une pelouse rase. En revanche, plus la pelouse est courte, plus elle est fragile.
Et ne pas avoir une bonne équipe de jardiniers bien formés pour entretenir la qualité du gazon de nos stades, sera une catastrophe financière et sportive pour le Cameroun qui ne pourra pas voir de grandes équipes venir évoluer au pays de Roger Milla.
Le prix d’un gazon naturel pour un stade aux normes internationales, est d’environ 140 millions de nos francs, et avec jardinier, un peu plus. Si nous multiplions ce chiffre par une vingtaine de stades, le chiffre atteint le milliard. Devons-nous laisser l’entretien de ce gazon à des amateurs (fonctionnaires désignés ou ingénieurs agricoles sans expérience dans ce volet), pour refaire les mêmes dépenses après quelques années ?
Nous devons éviter d’être responsables de ce gâchis, en prenant dès maintenant la bonne décision de faire former des spécialistes pour l’entretien de ce gazon.
Par Atangana Fouda, Journaliste