Très gros bosseur, il se distingue aussi, dit-on dans les vestiaires, par sa grande discrétion. www.losc.fr est allé se faire sa propre idée en se rendant chez Benoît, dans un immeuble neuf à deux pas de l’Avenue du peuple belge à Lille. Dans son appartement équipé du minimum (Benoît ne s’est acheté que quelques meubles), il nous répond avec une gentillesse infinie. Équilibré, disponible et plein de sagesse, il ne s’impatiente même pas alors qu’il est en retard pour son dîner chez Monsieur et Madame Tony Sylva.
Benoît, quel coup de cœur, quel carton bleu voudriez-vous adresser aujourd’hui ?
« C’est un peu classique, mais j’espère qu’ils liront cette interview sur Internet : je voudrais remercier ma famille. Sincèrement. Ils ont toujours tenu avec moi. Je voudrais aussi remercier mes amis pour leur soutien, Jean II et Tony. Tous les deux répondent présents pour moi dès que j’ai besoin d’eux. »
Parce que sans Tony Sylva et Jean II Makoun vous ne seriez pas aussi bien dans vos baskets ?
« Oui, c’est vrai. Sans leur soutien, je serais seul. Être seul, ce n’est pas bon. Attention, soyons clair : je ne dis pas que je passerai de mauvais moments s’ils n’étaient pas là ! Simplement, ils participent à mon équilibre. »
«Éducation, hygiène, sida, guerres ethniques, famines, génocides… Je suis toujours attristé de voir les souffrances du peuple africain : ça me fait mal. »
De manière plus large, il n’y a pas une association, un mouvement que vous voudriez saluer ?
(il réfléchit) « Je donnerais un coup de chapeau aux femmes et aux hommes qui oeuvrent pour le bien-être d’autrui. Ceux qui se battent contre le racisme, si inquiétant dans nos sociétés… Ceux-là méritent tous nos remerciements. Je pourrais aussi vous parler des médecins et des bonnes œuvres qui luttent contre l’expansion du sida dans les pays d’Afrique. En prenant du recul, il faut saluer tous les organismes, les bénévoles qui s’attardent sur le bien-être des autres. Leur engagement est précieux. »
Quelque chose me dit que si vous n’aviez pas été footballeur, votre sensibilité vous aurait conduit vers des missions humanitaires ?
« Oui, oui, c’est exact. J’ai cette tendance à vouloir soulager les peines des autres. L’Afrique a besoin d’encore plus d’aide de la part des pays riches : c’est un continent tellement vaste et qui reste, à bien des égards, en retard sur le reste du monde. Éducation, hygiène, sida, guerres ethniques, famines, génocides… Je suis toujours attristé de voir les souffrances de ce peuple : ça me fait mal. »
Passons à votre coup de griffe ?
« Je ne vois pas. Ce n’est pas dans ma façon de voir la vie que de distribuer des coups de griffe, ni même d’être en colère. »
Il y a bien des choses que vous voudriez dénoncer ?
« Je préfère prier quand quelque chose me chagrine. Je ne vois pas quoi vous dire d’autres. »
Si vous étiez un animal ?
Benoît : « Sincèrement, j’aime bien le lion, pour sa puissance, pour ce qu’il représente en Afrique. Mais sur le plan humain, tel que je vois les choses, je serais une fourmi… » (sourire paisible de Benoît)
Si vous étiez un lieu de vacances ?
Benoît : « Mon village au Cameroun, Sangmelima. Mes racines sont là-bas. Je n’irai pas ailleurs en vacances. »
Si vous étiez une colère ?
Benoît : « Une colère ? Je ne vois pas… Enfin ce qui me mets en colère – si je peux retourner ainsi votre question – c’est la tricherie. Je ne supporte pas la tromperie, le mensonge. »
« Si j’étais un autre joueur du LOSC, je serais Tafforeau, pour sa tranquillité. »
En voilà des questions!
Si vous étiez un dessert ?
(il soupire puis sourit) : « Ma préférence irait au chocolat. »
Si vous étiez un super pouvoir ?
« Faire le bien autour de moi. Pas uniquement pour mes proches, pour tout le monde. »
Si vous étiez un geste technique ?
« Un tacle (il mime le geste puis se marre). Non, sérieusement, à mon niveau, je dirais une très bonne passe, de celles qui font la différence dans une rencontre. »
Si vous étiez un joueur du LOSC ?
« C’est difficile ça… (il réfléchit très longuement)… Tafforeau. »
Tiens, Tafforeau ! Pourquoi Grégory ?
« Sincèrement, pour sa tranquillité. Il a une conception du métier que j’aime. Dans son jeu, il est déterminant. Il ne lâche rien. J’aurais pu vous répondre Jean II ou Tony, mais je ne veux pas me limiter à ceux que je connais très bien. Alors à choisir, je dirais Grégory Tafforeau. »
Si vous étiez une fierté ?
Benoît : « Ma foi. Je franchis tous les obstacles grâce à elle.»
Si vous étiez un autre sport que le football ?
(un instant, le regard absorbé de Benoît vers la télé où défilent depuis 10 minutes des images de patinage sur glace me fait craindre le pire. Mais non, il répond… le tennis). Je pratiquais le tennis un peu quand je vivais au Cameroun. Plus jeune, j’admirais beaucoup Pete Sampras. »
Si vous étiez un luxe ?
« Le luxe serait de faire construire un château pour protéger ma famille. »
Et où le feriez-vous construire ?
« À Sangmelima ! » (rires)
Si vous étiez un personnage célèbre ?
« Maradona. Malgré la fin de sa carrière, il reste une figure incontournable du football mondial. Il a fait rêver tant de monde ! »
Si vous étiez une musique ?
« Le Coupé Décalé, cette musique africaine qui bouge bien. »
Si vous étiez un vilain défaut ?
« Le mensonge. Je ne supporte pas le mensonge, c’est donc un vilain défaut. »
Si vous étiez un acteur célèbre ?
« Denzel Washington. J’adore ses films engagés. Il exprime ses opinions à travers des films magnifiques. Il faut voir Antwon Fisher !!! »
Si vous étiez une femme ?
Benoît : « Ma mère. Ma maman, c’est ma vie. Je me bats pour qu’elle soit fière. »
Propos recueillis par Alain Delfosse