Une semaine après la sanction de la Fifa qui le suspend de quatre mois de toutes compétitions assorti d’une amende de 45.000 dollars (près de 21 millions Fcfa), le Lions indomptable Espoir sort de sa réserve : « J’ai été très surpris d’apprendre cette sanction. C’est d’autant qu’en mars dernier, j’avais déjà écopé d’une suspension de dix jours avec l’équipe nationale olympique et une amende de 2.000 dollars », a confié Alexis Mendomo Enam à Camfoot.com.
C’était le 1er octobre dernier que le latéral droit du Club africain de Tunis a été informé de sa sanction. Le joueur s’apprêtait à négocier quelques « détails financiers » de son contrat avec son président général lorsque la nouvelle, telle un couperet, lui a été servie. Abasourdi et groggy, le Lion indomptable cherchera à comprendre pourquoi cette affaire rebondit à nouveau. « Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Un ami m’a d’ailleurs appelé de Tripoli pour me dire que les dirigeants de Al Ittihad, ont fait cela pour montrer à leurs supporters qu’ils ne m’ont pas vendu. C’est la seule explication possible », tranche le Camerounais.
Genèse
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à 2005. Alexis Mendomo Enam, sociétaire des Astres de Douala dépose sa valise à Tripoli en Libye où il signe un contrat avec le club phare de la capitale libyenne. Au lieu de signer un contrat sur deux saisons et non sur deux ans, le Camerounais paraphe un contrat qui courrait de septembre 2005 à septembre 2007. Or, le championnat d’élite en Libye s’achève en mai. Alexis Enam profitant d’un match contre la sélection guinéenne à Garoua (Cameroun) qualificatif pour les J.O. 2008 pour rester au pays. « Les libyens voulaient renouveler mon contrat. Je leur ai dit que je voulais évoluer dans un championnat plus huppé en Europe car je voulais progresser sportivement. Ils m’ont dit que lorsque j’aurais une invitation, que je leur fasse signe. Or, j’attendais une invitation de la Hollande.»
«Et comme en Libye j’étais ‘’sans papiers’’ depuis deux ans malgré le fait que je suis officiellement engagé dans un club professionnel, je ne pouvais pas me pointer dans une quelconque ambassade. C’est ainsi que j’ai préféré attendre mon invitation dans mon pays au Cameroun », soutient Alexis Enam. Or, ce dernier qui reconnaît être parti à trois journées de la fin du championnat est resté après le match du 4 juin 2007 à Garoua (en rappel, le championnat libyen fini en mai), le Camerounais est donc resté pour des raisons sus-évoqués. C’est ainsi qu’il s’engage en décembre 2007 avec le Club africain de Tunis. Avant cela, Aleix Enam avec les Lions Espoirs du Cameroun a remporté le trophée du « Tournoi de huit nations en Afrique du Sud » et accroché à son cou la médaille d’or en football des Jeux africains d’Alger en 2007.
« J’étais en insécurité en Libye »
C’est d’ailleurs à partir du Club africain de Tunis qu’il a pris part à la dernière phase de la préparation des Lions Espoirs pour les Jeux Olympiques 2008. Alors que tout semblait aller comme sur des roulettes, Alexis Mendomo Enam reçoit cette sanction comme un véritable coup de massue. Pour justifier son départ de la Libye, le Camerounais présente des arguments dégoulinants de pertinence : « figurez-vous qu’en deux ans passés en Libye je n’ai jamais eu de certificat de résidence alors que je suis officiellement engagé au club Al Ittihad. A tous les coups, il y avait des contrôles policiers. C’était difficile de sortir de la maison, même pour aller aux entraînements, il fallait que j’évite les barrières de la police », se plaint le Lion indomptables Espoir. Des anecdotes, le Camerounais enfile en quantité sur un chapelet : Pour voyager avec le club à l’étranger, «il faut faire une demi-heure pour attendre l’intervention d’un haut placé. C’est le même scénario pour rentrer dans le territoire il me faut attendre près deux heures à l’aéroport pour avoir d un visa d une semaine ». Autre illustration, son passeport d’environ 30 pages a été complètement épuisé à cause des multiples visas. C’est donc dépité que Alexis Enam conclu qu’il était en « insécurité » en Libye où Al Ittihad voulait le garder.
Au regard de tout ce qui précède, il était donc normal que lorsque le Club africain de Tunis se propose de le recruter que le Camerounais saisisse sa chance. « En Tunisie, je suis libre comme le vent. Je peux entrer et sortir sans être inquiété car j’ai mes papiers », lance-t-il, tout heureux.
Soutien du Cameroun
Sanctionné aujourd’hui par la Fifa, Alexis Enam révèle que l’avocat de son club a d’ailleurs déjà interjeté appel de cette décision du Tribunal arbitral du Sport (TAS). Par ailleurs, le Lion indomptable souhaite ardemment que les autorités camerounaises (le Ministère des Sports, la Fédération camerounaise de Football, l’association des footballeurs camerounais) volent à son secours : « J’ai toujours voulu évoluer dans les championnats huppés pour mieux me préparer pour défendre les couleurs de mon pays car l’équipe nationale, pour moi, compte plus que tout autre chose », jure-t-il avant d’ajouter : « J’ai d’abord eu la blessure aux J.O à Beijing et cela a mis un frein à pleins de propositions de clubs européens. Aujourd’hui, si cette sanction de la Fifa venait à être confirmée, cela mettrait une fois encore un stop à toute négociation qui aurait pu aboutir d’ici le mercato hivernal », analyse le défenseur camerounais. Dorénavant, il dit compter sur le soutien de son club et surtout de son pays qu’il était venu défendre les couleurs avant de recevoir cette plainte de son ancien club libyen. Avant que le TAS ne statue à nouveau, le médaillé d’or aux Jeux africains 2007 dit se remettre entre les mains de Dieu.