À 37 ans, Achille Emana veut retourner à Toulouse aider le club qui l’a révélé à retrouver son lustre d’antan. Ce fils d’ancien international camerounais avait le talent pour jouer dans toutes les meilleures équipes du monde. Il aurait aussi pu porter les Lions Indomptables sur ses épaules. Mais les choses en pratique ont été différentes. Maintenant assagi, il veut être le leader dans les vestiaires qui pourra changer la donne à Toulouse. Un quotidien de Toulouse l’a approché pour qu’il détaille ses ambitions pour le club. Entretien…
Vous jouez actuellement pour le club de San Sebastian de los Reyes, qui évolue en troisième division espagnole, comment vous êtes-vous retrouvé là-bas ?
L’année dernière quand je suis revenu d’Inde (il évoluait à Mumbai City FC, NDLR), je souffrais d’une petite blessure au genou. J’ai donc décidé de faire une année un peu sabbatique pour récupérer. Aujourd’hui je suis à San Sebastian de los Reyes, dans la banlieue de Madrid. Comme cela faisait un an que je n’avais pas joué, j’ai décidé de venir dans ce club pour retrouver du rythme. Puis il faut dire qu’en Inde, le niveau n’a rien à voir, il y a une grande différence avec le football européen. Mais aujourd’hui j’ai des difficultés dans le club, on ne s’entend pas donc c’est assez compliqué.
Vous avez toujours un œil sur la Ligue 1 et sur le TFC ?
J’ai suivi ce qu’il se passe à Toulouse bien sûr. J’ai même essayé d’avoir Olivier Sadran au téléphone mais il ne m’a pas répondu.
Pourquoi avez-vous cherché à le joindre ?
Je voulais lui dire que même si j’étais à la fin de ma carrière, ça me ferait plaisir de rentrer à la maison, là où j’ai commencé. J’aimerais apporter au club et donner un coup de main pour que le TFC reste en Ligue 1.
Vous avez 37 ans, vous vous sentez encore capable de revenir en Ligue 1 ?
Bien sûr que je suis capable de jouer. Et puis, quand viendra l’heure de raccrocher les crampons, j’aimerais que ce soit là où tout a commencé. Mais c’est très difficile d’avoir Sadran, il est très pris j’ai l’impression. Après, j’ai vu ce qu’il s’est passé avec les supporters à Toulouse donc je comprends qu’il se protège et qu’il n’apparaisse pas trop. Le président Sadran est quelqu’un qui m’a beaucoup apporté dans ma vie et c’est quelqu’un qui ne mérite pas toutes les critiques qui lui sont faites. Il a énormément apporté au club et il ne faut pas l’oublier. Si je peux faire quelque chose pour l’aider ce serait un plaisir.
Quel regard portez-vous sur la situation du TFC ?
C’est très difficile. Lorsque je compare à l’époque où j’étais à Toulouse, il est vrai qu’on était trois ou quatre leaders. Prunier, Dieuze ou même moi, lorsque je prenais le brassard de capitaine… Il y avait une alchimie à cette époque. Il y avait quelque chose qui marchait car on ne lâchait jamais notre objectif.
Vous pensez que ce n’est pas le cas aujourd’hui ?
Non, on ne va pas se mentir. Je regarde certains matchs du TFC et je ne vois pas cette alchimie. J’ai l’impression que depuis que le petit Todibo a signé au Barça, les jeunes imaginent que tout est déjà acquis. J’ai l’impression que certains pensent plus à leur carrière qu’au TFC. C’est ce que je ressens. Je ne veux critiquer personne car je suis encore en activité mais il suffit de comparer avec Paris par exemple. Le meilleur joueur c’est Mbappé, il y a aussi Neymar et quand tu les vois jouer, tu sens que ces mecs jouent pour les autres. Ils ne pensent pas qu’à eux.
Qu’est ce qui manque au TFC aujourd’hui ?
Je pense qu’il leur manque un leader. C’est bien beau de dire qu’il faut changer d’entraîneur mais l’entraîneur n’a rien à voir. On a beau changer de coach ça reste les joueurs qui sont sur le terrain. C’est à eux de donner le maximum pour avancer mais certains pensent qu’ils sont déjà arrivés, qu’on ne peut rien leur dire car ils sont en première division… J’ai entendu aussi qu’on a remis la faute sur les terrains d’entraînement… Certes des joueurs se sont blessés mais je me rappelle que quand j’étais à Toulouse, c’était pareil. Un des terrains qu’on utilisait à l’époque pour les jeux de ballon, c’était de la boue. Mais c’est comme ça, on s’entraînait. Le dimanche quand on sortait avec Elie Baup, on s’entraînait comme des lions sur ce même terrain. Arrêtons de chercher des excuses avec l’entraîneur ou les terrains…
Comprenez-vous le ras-le-bol des supporters ?
Oui, car ils veulent que ça avance. C’est normal que les supporters ne soient pas contents. Mais pour moi, le problème se règlera sur le terrain. Il faut que les joueurs deviennent un vrai collectif. Que lorsqu’ils entrent sur la pelouse, ils jouent pour leurs partenaires. Il faut qu’ils soient solidaires.
Votre souhait serait de donner un coup de main ?
Oui bien sûr que j’aimerai, après je ne suis pas sûr du message que les dirigeants renverraient s’ils faisaient revenir un ancien joueur, qui a aujourd’hui 37 ans. Ce n’est peut-être pas le plan de la direction. Mais j’ai toujours la volonté, ce n’est pas l’âge qui compte. Puis quand je vois la situation du club, je suis frustré car je pense pouvoir apporter à ce groupe. Avec la blessure d’un des meilleurs joueurs (Gradel, NDLR), ils ont besoin d’un plus, malheureusement la balle n’est pas dans mon camp. Mais c’est vrai que j’aimerais rentrer à la maison. La dernière fois que je suis venu à Toulouse c’était parce que j’avais été nommé dans le onze de légende. Ce n’est pas donné à n’importe qui. Donc j’aimerais donner un coup de main à ce club qui m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui. Voir ce club en train de sombrer parce que certains ont baissé les bras, c’est quelque chose que je n’accepte pas.