La cérémonie des oscars du foot français a rendu son verdict le week-end denier. Achille Emana, international camerounais de Toulouse, club de Ligue 2, a été nominé par ses pairs meilleur joueur à son poste. Si sa réputation de footballeur est désormais établie en France, il reste un joueur à découvrir pour le public sportif camerounais. Achille Emana était prédestiné à un avenir dans le monde du ballon rond.
Son père, René Emana, joueur du Canon des années 80, fut international camerounais, ainsi que son oncle, Tobie Mimboé (ancien sociétaire d’Olympic de Mvolyé). C’était donc en quelque sorte écrit : Achille Emana serait footballeur professionnel. Si l’heure des récompenses a sonné, le chemin parcouru jusqu’ici n’a pas été facile.
Né dans une famille polygame, il vit une enfance difficile, entrecoupée de rares moments de détente par le biais de son sport favori : le football, qu’il pratique avec ses amis d’enfance sur les terrains vagues de la capitale camerounaise. Très vite, il délaissera les études, contre l’avis de ses parents, pour se consacrer entièrement au football. Après ses débuts dans l’équipe cadette de Jeunesse Stars en 1996, il est repéré par Joseph Antoine Bell qui l’emmène dès l’âge de 14 ans au centre de formation, de Valence (Espagne) où il passera trois années avant d’émigrer en France. Après une saison bien remplie avec la réserve du Psg, il signe son premier contrat professionnel, d’un montant de 800 000 000 F Cfa, à Toulouse, alors en D1. Malheureusement pour lui, cette année-là, sur une décision de justice, Toulouse Football club (Tfc) est relégué en national (3è division). Une fois là-bas, sa technique, sa puissance et sa détermination ont eu raison des défenseurs adverses ; contribuant ainsi à la montée du club en Ligue 2. Ici, Achille Emana bénéficie de la totale confiance de son entraîneur, Eric Mombaerts, qui le titularise à 34 reprises. Grâce à ses talents de passeurs mais aussi de finisseur (3 buts), Toulouse est classé premier à deux journées de la fin du championnat et est quasi assuré de retrouver l’élite.
Entre-temps, les autorités françaises lui délivrent un passeport de complaisance comme c’est de coutume avec les talentueux footballeurs originaires d’Afrique. Raymond Domenech, l’entraîneur de l’équipe de France Espoirs, tombe sous le charme du prodige camerounais et engage une cour assidue pour qu’il rejoigne les Bleus. Ses performances ne passent pas inaperçues aux yeux du staff technique des Lions indomptables, qui le convoquent pour un regroupement en novembre 2002. Par patriotisme, il répond présent et endosse avec beaucoup d’émotion le maillot vert-rouge-jaune à la griffe du Lion à Charlety, en match amical face à la Côte d’Ivoire. Qu’importe si cette première sélection s’est soldée par une défaite (0-3), Achille Emana, lui, avait confirmé tout le bien qu’on pense de lui, et a pris rendez-vous avec l’avenir.
Emile Zola Ndé Tchoussi