D’une timidité extrême dans la vie, l’attaquant camerounais Vincent Aboubakar, 18 ans, veut confirmer avec Valenciennes qu’il est un vrai lion sur le terrain comme il l’a déjà esquissé pendant le Mondial face au Danemark et aux Pays-Bas.
« Il est adroit, athlétique, très collectif, un lion sur le terrain »: son entraîneur Philippe Montanier ne tarit pas d’éloges. « Et il ne débarque pas avec un niveau d’amateur. Il vient de Cotonsport, le plus grand club du Cameroun et il a été formé par un Français Denis Lavagne », souligne-t-il.
La seule inquiétude de Montanier porte sur les capacités d’adaptation de son agneau. Auparavant, il n’avait jamais quitté sa région du nord du Cameroun, ses sept frères et soeurs, sa maman. Les premières semaines n’ont d’ailleurs pas été faciles: quelques jours après son arrivée, Aboubakar a franchement déprimé.
« On a trouvé la solution en lui achetant un ordinateur. Depuis il surfe et il a retrouvé le sourire », raconte un membre d’un club qui pour faciliter cette adaptation envisage de faire venir sa maman et garde un contact permanent avec le président et l’entraîneur de Cotonsport.
Depuis qu’il est à Valenciennes, celui qui est considéré comme le plus grand espoir camerounais peut aussi s’appuyer sur l’aide de son coéquipier chez les Lions indomptables, Gaetan Bong. Bien avant l’Afrique du Sud, le défenseur avait pris l’attaquant sous son aile protectrice et parfois facétieuse.
Milla, son héros
« Vincent vient de la +branche+ (région, ndlr) la plus chaude du Cameroun. En sélection, avec Roland (Ndy Assembe, gardien du VAFC la saison passée) on a vu qu’il enfilait souvent un pull. Alors on lui a fait un peu peur sur le froid dans le nord », rigole Bong. « C’est quelqu’un de bien. Il a envie d’apprendre. En dehors des terrains, il ne parle pas beaucoup, il est super calme, va à l’essentiel mais il est tout l’inverse sur les pelouses. Il tente beaucoup, prend des risques », poursuit le joueur admiratif du talent de ce garçon qui a inscrit mercredi son premier but en sélection contre la Pologne (0-3).
Assez impressionnant pendant les quelque 20 minutes jouées contre le Danemark (défaite 2-1) et les 30 minutes face aux Pays-Bas (défaite 2-1), l’attaquant avait attiré la convoitise de plusieurs clubs. « Le coach m’a fait confiance », répond simplement Aboubakar, auteur de 9 buts en 13 matches avec son club, et qui était le seul Lion indomptable évoluant au Cameroun. « On l’avait repéré et on avait été le voir avant tout le monde, même Paul Le Guen (sélectionneur) », explique Montanier, pour lequel Aboubakar a fait le choix de Valenciennes parce qu’il aura « la possibilité de jouer ». « Et c’est la compétition qui va lui permettre de progresser », ajoute le technicien.
« Supporter de Liverpool et de Torres », Aboubakar rêve désormais de suivre un exemple: celui de Roger Milla, qu’il a croisé lors du Mondial. « Lui ne m’a pas vu mais moi je l’ai vu », lance-t-il. L’Africain qui a marqué l’histoire du foot mondial ne devrait toutefois pas tarder à entendre parler de son disciple.