2009-2010 aura été une grande saison pour Achille Webo. Entre la Coupe d’Afrique des Nations avec le Cameroun, la course à la Ligue des Champions avec le Real Majorque, le buteur des Lions Indomptables est aux anges. Mieux, il attend avec impatience la Coupe du monde en Afrique du Sud. Webo a bien voulu révéler ses objectifs, ses doutes et ses assurances à Afrik.com.
Afrik.com : Achille, qu’est-ce que vous retenez de cette Coupe d’Afrique des Nations, quatre mois après ?
Achille Webo : Ah la CAN… (soupir) Franchement, ça n’a pas été une très bonne préparation sur le plan psychologique. Le Cameroun est arrivé avec un sentiment de grandeur et on a échoué. Heureusement, on a su en tirer des leçons.
Quel genre de leçons ?
Qu’il nous faut aborder les matches à 100%. Il faut jouer à fond. On s’est peut-être vu trop beaux. On a vu que, même avec un grand Cameroun, on ne gagne pas toujours donc il faut qu’on reste humble. Prenez le premier match, perdu face au Gabon (0-1, NDLR), on a pris une belle gifle. Le Cameroun a des qualités mais, parfois, c’est difficile… On ne gagne pas parce qu’on parce qu’on s’appelle le Cameroun. Après, on s’est remis en question et ça allait mieux.
Honnêtement, est-ce que les Lions Indomptables avaient les moyens d’aller plus loin ?
Honnêtement, oui. Nous avons perdu contre l’Egypte, ce n’est pas n’importe qui. Ils sont champions en titre et on remporté la CAN après. Pour moi, c’était l’équipe la plus compétitive. Peut-être pas la plus forte mais la plus rodée. Comme je l’ai dit, après le Gabon, on est monté en puissance. Contre l’Egypte, c’est notre plus beau match, je pense. Je l’avais dit avant le match, je pensais que le vainqueur de cette rencontre allait remporter la compétition. On aurait gagné, on serait allé au bout !
Le jeu du Cameroun a tout de même été très critiqué.
C’est normal : il y a beaucoup d’attentes autour de nous. Le Cameroun, de toute façon, est un pays où on critique beaucoup. Maintenant, Paul Le Guen et le staff technique savent ce qu’ils ont à faire. Et nous aussi. Il faut oublier les résultats de la CAN et nous focaliser sur le premier match du Mondial.
Justement, quel est l’objectif du Cameroun dans cette Coupe du monde ?
Pour la Coupe du monde, pas besoin de motivation. C’est le plus grand tournoi de football. Mais il nous faudra être plus concentrés que d’habitude. Les meilleures équipes du monde seront là et c’est dans les détails que tout se joue. Quant à l’objectif du Cameroun, il faut être réaliste : je ne vais pas clamer qu’on va la gagner. On va avancer match après match et monter en puissance tout au long de la compétition. Le match le plus important, c’est le premier, face au Japon. Il nous faut absolument gagner ce premier match pour rentrer de la meilleure des façons dans la compétition. Le Cameroun a la possibilité de faire une bonne Coupe du monde. Tout dépendra de ce match initial.
Avec les Pays-Bas, le Japon et le Danemark, votre groupe est tout de même relevé.
C’est vrai mais tout peut arriver ! Il y a une carte à jouer derrière les Pays-Bas. C’est certain, sur le papier, face aux Hollandais, cela va être très compliqué mais il y a une opportunité à saisir pour le Cameroun. Nous n’avons pas peur. Le Danemark et le Japon ont des bons joueurs, qui jouent dans des grands clubs européens mais, comme je l’ai dit, tout peut arriver. Avec le stage de préparation, on va régler tous les détails qui peuvent clocher. J’ai confiance.
Quel est votre objectif personnel ?
Déjà, faire partie des vingt-trois. Après, c’est dans les onze qu’il faut être. Mais mon rêve, c’est de marquer un but en Coupe du monde. Ce sera le moment le plus important de ma carrière. J’en rêve depuis un moment. Mais je veux surtout aider l’équipe pour être à 200%.
Comment est l’ambiance dans le groupe ?
Il y a une bonne ambiance. Le problème, c’est tout ce qui ce dit autour. Il y a beaucoup beaucoup de monde autour de nous. Mais nous, dans le groupe, on se connaît depuis longtemps. On s’apprécie. Et, surtout, on n’a pas oublié l’élimination de la Coupe du monde 2006. Cette non-qualification pour l’Allemagne nous a servi. On a beaucoup appris et, depuis, nous avons à cœur de nous rattraper et de passer de bons moments.
Quel est l’importance de Samuel Eto’o ?
Samuel, c’est le capitaine, avec tout ce que cela implique. C’est le joueur le plus important, le plus médiatisé de l’équipe. Il est important pour nous et il le sait : tous les yeux sont braqués sur lui et il nous guide sur le bon chemin grâce à son expérience.
Et Rigobert Song ?
C’est un joueur emblématique des Lions. Je dirais même plus, c’est LE Lion. Rigobert, c’est l’homme des records qui a fait rêver beaucoup de jeunes Camerounais. C’est un ami, un grand frère qui est toujours là dans les moments difficiles.
Il a semblé déçu de perdre le brassard de capitaine.
Tout ça, c’est des rumeurs. Comme je vous l’ai dit : ça parle beaucoup autour du Cameroun. Le brassard, c’est un choix de l’entraîneur. Le groupe accepte. Rigobert, c’est un grand homme. Il n’y a pas eu de protestation. D’ailleurs, je vais vous dire, Eto’o et Song sont complémentaires. Ils sont toujours là pour les grands matches.
Et vous ? Quel rôle jouez-vous ?
Moi, ça fait un moment que je suis là donc j’aide à l’intégration des nouveaux. J’essaie de faciliter leur adaptation, de leur inculquer les valeurs de l’équipe nationale. Il faut qu’ils sachent ce que cela veut dire de porter le maillot des Lions Indomptables.
Est-ce que, pour vous, l’intégration des joueurs locaux est nécessaire ?
Avec eux, c’est plus facile ! Ils n’ont pas besoin de motivation. Pour les Camerounais qui jouent au pays, c’est plus qu’une envie, c’est un rêve de porter la tunique nationale. On leur ouvre des portes. Cela s’est vu lors du stage à Monaco (contre l’Italie, 0-0, NDLR). Ils avaient des larmes plein les yeux. Ils n’en revenaient pas d’être là. On a passé de très bons moments ensemble. Et puis ils peuvent nous raconter plein de choses sur le Cameroun !
Une équipe africaine peut-elle remporter la Coupe du monde ?
Je le pense, oui. De nombreux Africains évoluent dans les grandes équipes européennes. Il faut essayer de garder la constance qu’ils ont dans les clubs. Jouer en Afrique est une fierté. Mieux, c’est une fête ! Le football, sur le continent, c’est vraiment une fête. On est chez nous, cela doit bien se passer.
PAR NICHOLAS MC ANALLY