Le sélectionneur national du Cameroun a expliqué ses choix dans les colonnes de Cameroon-Tribune. Ses critères, le cas Song, sa défense en proie aux nombreuses critiques, la page des binationaux, l’absence de surprises … tout y passe sans faux-fuyant. L’intégralité de l’entretien réalisée par Josiane Matia.
Quels sont les critères qui ont prévalu pour la sélection des joueurs?
Ça commence avec les joueurs qui étaient ensemble pendant les matchs de qualification. Il y a un groupe qui est responsable de la qualification qui était très difficile. Il existe déjà un noyau de joueurs avec un esprit de gagneurs. On a suivi régulièrement ces joueurs-là, on a eu des échanges. Ensuite, l’autre critère concerne la performance et la forme dans les clubs. C’est clair car la seule vérité du football, c’est le terrain. Il faut toutefois faire attention car il y a des grands clubs, comme le Fc Barcelone ou Chelsea, où les joueurs ne sont pas toujours titulaires. Jouer dans ces clubs veut dire qu’on a les qualités pour. Et il ne faut pas oublier la concurrence. C’est pour cela qu’il faut relativiser, surtout qu’il y a eu des blessures. Chez les gardiens, c’est pareil. Ce n’est pas obligatoire d’être titulaire mais, il faut une moyenne de 15-20 matchs pour avoir de l’expérience. Ce sont toujours les mêmes situations, la même technique. Je tiens compte de la forme actuelle. Mais ce que le joueur a fait dans le passé compte aussi. Mais dans certains cas, il s’agit d’être là au bon moment.
Peu de surprises dans cette liste…
C’est une liste pour l’efficacité du moment, pour le Brésil. En tout cas pour les 23 qui seront là-bas. On a vraiment besoin d’expérience. Mais, c’est aussi une liste avec quelques noms pour l’avenir car il faut aussi penser aux futures échéances. Mais si on voit des joueurs très forts durant le stage en Autriche, on peut les emmener au Brésil. C’est clair qu’une équipe est un mélange mais la priorité c’est, comme je l’ai dit, l’efficacité pour la coupe du monde. Il faut trouver des solutions pour être au deuxième tour.
Parlant du cas de Song, le fait d’être remplaçant au Fc Barcelone ne peut-il pas influencer son rendement ?
Il a disputé une dizaine de matchs, sans parler de la coupe nationale ou de la Ligue européenne. Il était titulaire aussi. Mais il y a Busquet qui est un très grand joueur et qui a les faveurs du coach. Etre remplaçant de Busquet n’est pas une honte. C’est sûr qu’arrivé à son âge, il doit plus jouer. C’est pour cela qu’il doit réfléchir à son avenir. Pour moi, le plus important, est qu’il a fait ses preuves lors des matchs décisifs avec le Cameroun. Il peut donner ce qu’on attend de lui. S’il y a des problèmes parce qu’il manque de rythme, on peut travailler pendant le stage et trouver des solutions. La saison est difficile non seulement pour lui, mais pour Barcelone aussi.
Nicolas Nkoulou et Aurélien Chedjou sont beaucoup critiqués en ce moment, notamment après le match contre le Portugal…
Je n’aime pas parler des joueurs en particulier. Jusqu’à la 60e minute, il y avait quelque chose de bon dans l’équipe. Après, il y a cette erreur du Cameroun. Dans ces moments, on a besoin de plusieurs leaders car il ne faut pas paniquer. Il faut travailler contre le ballon. Car, les adversaires qui viennent de marquer ont comme une montée d’adrénaline. Il fallait des joueurs pour replacer tout le monde. Contre le Portugal, ça a fait mal à tout le monde mais c’était aussi très important de voir ce qu’il faut améliorer. Un résultat comme ça, c’est la honte mais il faut travailler. Je tiens à préciser, en ce qui concerne cette liste, qu’il y a des concertations avec mes adjoints. J’écoute les autres membres du staff mais ça doit être clair. C’est moi qui suis responsable et c’est moi qui décide. C’est important pour les joueurs, pour leur motivation, de savoir que c’est l’entraîneur qui fait ses choix. C’est lui qui tombe quand il y a défaite. C’est pourquoi j’assume mes décisions.
La page des binationaux, absents de cette liste, est-elle tournée ?
Pour les noms lus dans les journaux, il y a certains titulaires dans les clubs comme Samuel Umtiti. Les autres ont connu des difficultés. C’est normal. Ils sont jeunes et doivent s’adapter. Peut-être qu’en 2010, c’était plus facile de convaincre un jeune de jouer pour le Cameroun. En 2010, le Cameroun était encore au top. Aujourd’hui, c’est un peu différent. J’ai discuté avec certains de ces joueurs et certains m’ont dit : merci mais dans ma tête, je suis mieux ici, j’ai grandi ici. Cependant, je crois qu’avec une bonne coupe du monde, par exemple, les choses peuvent changer.
Quelle va justement être l’importance du stage en Autriche ?
Il y a des objectifs précis : travailler l’esprit de l’équipe, trouver une unité car chacun doit donner à l’équipe. Le plus important, c’est la réussite de l’équipe. J’apporte mon soutien à chacun, j’encourage les individualités mais pour se mettre au service du collectif. Il faut être individualiste mais pas égocentrique. Nous serons ensemble pendant deux semaines. C’est très important car on a le temps de travailler. Autre point essentiel, le comportement tactique en fonction de la forme des joueurs et des adversaires. Il faut voir toutes les éventualités et être prêt à changer de formule. Contre le Mexique, c’est clair qu’on veut gagner, et donc il faut dominer, faire un pressing offensif mais ne pas donner à l’adversaire la possibilité de jouer en contre-attaque. Il faut savoir changer le rythme. Ça a été le problème du Barca et maintenant du Bayern. Tu domines toujours mais si tu ne marques pas, tu peux tout perdre sur une contre-attaque. Enfin, et c’est très important, travailler les balles arrêtées. Le matin, on peut faire des groupes avec sept ou huit joueurs sur les balles arrêtées. L’après-midi, on fait des choses ensemble. Quand on a une équipe nationale pour deux semaines, on peut travailler un peu comme en club.