L’entraîneur sélectionneur des Lions Indomptables explique ses choix par rapport aux joueurs qu’il a convoqués pour le match amical contre la Portugal, le 5 mars prochain à Leira et parle des joueurs locaux. En même temps qu’il revient sur le stage qu’il a organisé avec les joueurs locaux. Il évoque au passage la situation des joueurs dits binationaux. Interview.
Camfoot.com: Vous venez de rendre public la liste des joueurs devant prendre part au match amical contre le Portugal. Qu’est-ce qui a changé par rapport à l’effectif qui a disputé le dernier match le 17 novembre dernier à Yaoundé contre la Tunisie ?
Volker Finke: Stéphane Mbia et Achille Webo sont blessés. J’ai parlé avec tous les joueurs et j’ai convoqués ceux qui peuvent s’entraîner au Portugal avec l’équipe pour une ou deux séances d’entraînements et qui sont dans des conditions idéales pour jouer au minimum une mi-temps, soit 45 minutes. C’est le cas de Kana Biyick qui n’a pas joué ces dernières semaines. Il est là, parce qu’il a déjà commencé à s’entraîner avec son équipe et le médecin de Rennes, avec la confirmation de Jean II Makoun ont confirmé qu’il peut déjà travailler avec nous. S’il peut déjà jouer même 20 minutes, c’est bon. Moukandjo, c’est la même chose. Il a commencé avec Nancy depuis une semaine et il a déjà pris part au match de son club. Achille Webo ne peut pas encore jouer. Mais, j’ai toujours faire une balance entre les jeunes et les plus âgés. Dès lors que Webo n’est pas opérationnel, j’ai convoqué Idrissou. De l’autre côté, il y a Aboubakar Vincent, Dongou. J’essaye toujours de mixer les jeunes et les vieux. Je crois que c’est aussi bon pour l’avenir, parce qu’il faut avoir l’expérience. Et aussi, pour l’avenir des jeunes, il faut progresser pour être prêt déjà. Cette fois-ci, j’ai convoqué Bedimo comme milieu de terrain. Je pense que je peux essayer ça parce qu’en position de latéral gauche, on a Assou Ekotto, qui a très bien joué contre la Tunisie et il est toujours titulaire en Angleterre dans son club, Queens Park Rangers, même si les résultats de ces dernières semaines de ce club ne sont pas très bons. Mais Assou est toujours titulaire. On pourra essayer tous les deux, ensemble pour 45 minutes. Chez nous il manque un peu de joueurs de couloir. Et tous les autres sont des joueurs qui ont œuvré pour la qualification (à la Coupe du Monde, ndlr).
La question que tous les observateurs se posent, sans faire pression sur vous, est celle de savoir quelle est la situation de Sébastien Bassong, qui évolue à Norwich, en Premier League où il est capitaine de ce club. Jusqu’à présent vous ne le voyez pas ?
Je suis au courant de ce qu’il fait là-bas (à Norwich City, ndlr). C’est un défenseur central et vraiment, c’est un poste où on a vraiment le choix. J’ai souvent été surpris que l’on conteste les postes occupés par Nicolas (Nkoulou, ndlr) et d’Aurélien (Chedjou, ndlr). Ils ont pris part à tous les matchs décisifs pour la qualification, à Kinshasa, contre la Lybie et la Tunisie ici à Yaoundé. Les deux ont très bien joué, comme on l’a vu hier (mercredi, ndlr), Aurélien Chedjou peut aussi faire la différence dans un match. Contre la Lybie, c’est lui qui a marqué le but. Pourtant, il y a beaucoup de personnes qui ont dit avant que ce n’est pas bon de l’aligner à ce poste et qu’il faut plutôt faire jouer Kana Biyick. Je crois que Kana Biyick a vraiment des qualités, mais c’est bon d’avoir quatre défenseurs centraux et on a vraiment ce minimum. Il y a Dany Nounkeu, qui peut jouer défenseur central et latéral droit, il y a Joël Matip, qui joue à Schalke, toujours défenseur central. C’est pourquoi, comme défenseurs centraux depuis que je suis là, il y a quatre ou cinq joueurs qui sont prêt à jouer le bon niveau. Peut-être, c’est aussi possible qu’avec Sébastien Bassong ce soit la même chose. Mais, il n’était pas là quand on a joué la qualification. Il y a actuellement de bons joueurs à ce poste, qui l’ont déjà prouvé. C’est pourquoi, je n’ai pas la pression de détecter de nouveaux joueurs pour la défense centrale. C’est ça la raison.
Quelle est la situation des joueurs binationaux dont on parle depuis qu’on s’est qualifié ?
Je suis un peu surpris que lorsqu’il y a une situation comme maintenant, chacun sait que la procédure pour avoir le droit de jouer par exemple pour le Cameroun, c’est au minimum deux à trois mois. Il y a eu des délégations en mission ici et là. Jusqu’aujourd’hui, il n’y a aucun des noms parmi ces joueurs qui se soit officiellement prononcé pour dire : moi, je veux vraiment. J’ai parlé avec Ntep moi-même. Il a voulu réfléchir, parce que j’ai vu son premier match à Rennes. Il n’a pas bien joué. C’est normal qu’il ait un temps d’adaptation. Il y a quand même une différence entre la première et la deuxième division. J’ai parlé avec lui et il a voulu réfléchir. Moi, je voudrais travailler avec des joueurs qui veulent jouer. Ce n’est pas bon de toujours faire la pression sur un joueur en lui disant : tu dois, tu dois … Finalement, avec la pression qu’on met sur un joueur comme ça, il va se dire sûr d’être titulaire en équipe nationale. Ce n’est pas la bonne manière de travailler avec une équipe. C’est bon d’avoir plusieurs options, d’avoir ceux qui sont là, d’avoir deux, trois ou quatre nouveaux joueurs. Il y a aussi Umtiti de Lyon. C’est un bon joueur. Je l’ai vu deux fois. Mais, jusqu’ici, ce sont des joueurs qui sont dans les médias. Il n’y a aucun qui a déjà déclaré : moi, du fond de mon cœur, je veux jouer pour le Cameroun. Pourquoi on fait toujours des histoires comme ça ? Moi, j’aime bien avoir plusieurs options. Mais, ils ne se sont pas toujours déclarés.
Pensez-vous trouver des solutions sur les postes où vous avez des soucis en ce moment ?
Normalement on peut dire que c’est bon de trouver un joueur pour tel ou tel autre poste. Je crois que, lorsque Choupo-Moting, Samuel Eto’o, Aboubakar Vincent, Moukandjo, Achille Webo, peut-être Idrissou – pas tous les deux ensemble – sont là c’est bien. Mais, il ne faut pas avoir trop de vieux ou trop de jeunes. Il faut faire l’équilibre. C’est bien de trouver un joueur qui peut renforcer l’équipe. Mais, actuellement, il n’y a personne. Je sais que Bassong est un bon joueur. Mais, en défense centrale, on n’a pas de soucis. Tous les matchs qui étaient très importants, on a eu des joueurs à ce poste. En situation difficile, même Bong (Gaétan, ndlr) peut jouer défenseur central. J’ai vu un match l’année dernière à Valenciennes où je venais voir un latéral gauche. Mais, dans ce match il a joué défenseur central. Donc, il a quelques qualités aussi à ce poste.
Etes-vous satisfait du milieu de terrain ?
A ce niveau, c’était très intéressant avec le stage des joueurs locaux. Pendant ce stage, j’ai commencé avec un 4-3-3 ou un 4-2-3-1. Chacun devait écrire son nom, club, âge sur la position qui lui convient, en fonction de schéma. Finalement, pour le 4-2-3-1, il n’y avait qu’un seul joueur qui a signé comme milieu offensif. Martin (Ndtoungou, ndlr) et les Dtn ont convoqué ces joueurs et sur les 25 de champ, un seul a dit qu’il est milieu offensif. En ce moment, il manque les joueurs qui peuvent jouer milieu offensif, comme Xavi, Iniesta ou özil. Dès lors qu’il y a carence, il faut supporter un tout petit peu qu’il y ait la formation. Et le foot a changé. Le meneur de jeu comme n°10 est dépassé. Au barça ou au Bayern de Munich, il y a deux, trois ou quatre personnes qui sont responsables pour faire des passes décisives.
Vous avez promis de plaider pour le regroupement des joueurs locaux plusieurs fois par an en exhortant ces gens à travailler dur. Peut-on penser que pour le stage préparatoire à la Coupe du Monde, vous pouvez prendre quelques-uns ?
Impossible n’existe pas. C’est vrai, j’ai limité à 25 ans, parce que je voulais voir les jeunes. Là, j’ai vu des joueurs dans une grande ambiance, une grande motivation. J’étais surpris. Il y a un processus. Pour avancer avec ces jeunes, il faut environ deux, trois ou quatre ans. Il faire faire la formation des entraîneurs. Quand on fait un stage pour les joueurs locaux, en même temps, il faut former les entraîneurs.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé