Nous vous présentons dans son intégralité les échanges entre Paul Le Guen et les médias lors de la conférence de presse de Lundi dernier.
Propos Liminaire de Paul Le Guen
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Bonsoir à tous, merci d’avoir répondu à l’invitation. Je trouve normal de faire un petit point après ces deux semaines de préparation avant d’aller en Afrique du Sud. On a terminé les matches amicaux. On va s’entrainer demain (mardi, ndlr) à Yaoundé et on va s’envoler mercredi pour l’Afrique du Sud. Je suis prêt à répondre à toutes vos questions.
Pour le moment je suis très satisfait de la préparation. On a été mis dans de bonnes conditions, ce que nous avons demandé a été adopté. On a souhaité s’entrainer durement. On l’a fait dans de bonnes conditions. On a souhaité des matches amicaux qui soient des vrais tests, qui mettent les joueurs en difficulté. Cela a été le cas parce que je trouve qu’il ne faut pas installer dans le confort avant ce mondial, mais aujourd’hui j’ai plein de raisons d’espérer, de pouvoir dire que je suis très ambitieux pour l’équipe des Lions indomptables. Je suis prêt à répondre à toutes vos questions.
Vous avez fait deux semaines de préparation ponctuée par 4 matches amicaux, que retenir de votre stage de préparation ?
Paul Le Guen : Comme je disais nous avons travaillé dans de bonnes conditions, les joueurs ont fourni les efforts, nous avons fait de bons matches amicaux, je crois que nous pouvons faire mieux.
Vos choix tactiques ont installé quelques soucis dans l’esprit des camerounais, que pouvez vous leur dire pour dissiper l’inquiétude ?
Paul Le Guen : Par rapport aux matchs amicaux, il était important de programmer les matches difficiles, parce qu’on aurait pu jouer un match amical avec des petites équipes ici à Yaoundé, se mettre dans une situation confortable. Ce n’est pas ce que j’ai souhaité, j’ai demandé à Ribeiro de nous programmer des matches solides c’est ce qu’il a fait. Je pense que c’est comme ça qu’il fallait préparer la coupe du monde. Depuis la Can on a joué contre l’Italie, le Portugal, la Slovaquie, la Serbie, je pense que ça nous pousse à montrer le doigt sur certains manques, à corriger certaines choses, aujourd’hui je sens l’équipe tout à fait prête, tout à fait capable d’être ambitieuse. Après la Can vous m’avez trouvé un peu frileux, aujourd’hui je le suis moins parce qu’on a beaucoup travaillé, on a un ensemble de joueurs qui a les moyens de cette ambition, on a beaucoup circulé, on a beaucoup prospecté.
Tous les adversaires des Lions ont disputé les matches amicaux, comment avez-vous organisé votre travail pour superviser ces équipes ?
Paul Le Guen : On s’est organisé pour aller superviser nos trois adversaires, on a recruté entre guillemets quelqu’un pour 15 jours. Il a sillonné la Suisse, le Danemark, il est allé voir tous les matches on a eu les rapports sur tous les matches. On a aussi contacté une société vidéo qui nous a fait des vidéos sur chaque match, on a fait un travail utile et nécessaire.
Vous êtes optimiste, nous voulons l’être avec vous, mais qu’est ce qui vous amène à croire que le Cameroun va bien se comporter dans cette compétition qui démarre le 11 ?
Paul Le Guen : Je suis dans ces choses depuis longtemps, je suis capable d’évaluer le potentiel d’un groupe. Vous m’avez reproché la non connaissance du groupe à une certaine époque ; je suis capable aujourd’hui je vous dis, je sens bien les choses. On a réussi à réunir les talents, ça demande simplement quelques petits réglages, il faut utiliser une semaine pour ça. Voyant le match de la Serbie et même du Portugal, l’intégration parfaite de certains joueurs que j’ai fait venir en sélection comme Assou Ekotto, comme Choupo-Moting, ça fait un ensemble très conquérant. Il faut qu’il (Choupo-Moting) soit encadré par le capitaine, par les anciens comme Rigo et Geremi. Tout ceci laisse à penser qu’on va bagarrer dans de bonnes conditions.
Le Cameroun était en quart de finale en 1990, est ce que vous allez en Afrique du Sud pour franchir les quarts de finale ?
Paul Le Guen : Je ne peux pas vous dire que je suis optimisme et refuser cet objectif là, çà ne me dérange pas cet objectif. Après il faut se donner les moyens de son ambition, être capable de mettre toutes les qualités sur le terrain, je dis qu’on a les qualités de bien faire, on a mis les joueurs dans de bonnes conditions. Quand je dis ‘’on’’, je fais allusion à la fédération et au ministère. La balle est dans notre camp, dans le camp des joueurs ; maintenant il faut répondre à l’attente, on a une pression logique. Quand on a été mis dans de bonnes conditions, il faut tout accepter et assumer tout à fait cette attente.
Est-ce que le jeune Aboubakar Vincent vous a satisfait ?
Paul Le Guen : C’est un joueur pétri de talent, pétri de qualité, je suis presque totalement satisfait. Quand je dis presque, c’est parce qu’en Serbie il m’a un tout petit peu agacé parce qu’il n’était pas bien équipé. Il avait les problèmes de chaussures, ses chaussures n’étaient pas adaptées. Il a glissé sur 5 ou 6 situations, j’ai un tout petit peu gobé parce que c’est un débutant, il faut qu’il soigne ce genre de détail. Il a beaucoup de fraicheur, il a beaucoup de qualité, c’est intéressant de l’avoir dans le groupe, il faut qu’il progresse très vite pour se mettre à niveau sur ce genre de détail.
On constate que vous avez beaucoup de soucis sur le côté droit de votre défense, que comptez-vous faire ?
Paul Le Guen : Ça faisait parti des choses qu’il fallait régler. J’ai deux idées en tête, je vais décider dans la semaine, mais j’ai une préférence et je préfère parler d’abord aux joueurs. À gauche il y a Assou Ekotto que j’ai fait revenir en sélection, il y a Gaétan Bong, à gauche c’est plus évident qu’à droite mais à droite je vais trouver la solution j’en suis convaincu.
Qui sera le gardien numéro 1 à la coupe du monde, et qui allez vous aligner comme stoppeur ?
Paul Le Guen : Les joueurs seront les premiers prévenus c’est toujours comme çà que je fonctionne, je crois que vous comprenez.
Sur les quatre matches que nous avons joués on observe comme un tâtonnement de votre part, on n’arrive pas à voir votre équipe se dessiner, est ce que c’est une façon de mettre le doute dans la tête de ceux qui vous regarde ?
Paul Le Guen : Je m’en contre fiche de votre doute, par contre vous, vous appelez tâtonnements les changements ; moi j’appelle ça travailler. C’est mon métier, c’est mon métier de tester, il faut placer les joueurs en concurrence, je sais où je vais, j’ai en tête l’équipe qui va débuter le mondial. Je n’ai pas travaillé pour gagner absolument les matches amicaux. Si je voulais absolument gagner les matches amicaux j’aurais fait une autre préparation. Enoh aujourd’hui s’est imposé comme titulaire, je pouvais l’aligner samedi dernier contre la Serbie, mais je l’ai préservé parce qu’il avait une petite douleur, mais sur un match officiel il pouvait jouer, je n’ai pas voulu prendre le risque. Ce que je ressens c’est que l’ambition est en train de naitre au sein de ce groupe de joueurs, ils sont parfaitement conscients de l’objectif, je les accompagne et j’y crois.
Vous ne pensez pas qu’il manque un joueur expérimenté dans votre défense, après les quatre matches que vous venez de disputer ?
Paul Le Guen : C’est vrai qu’ils sont des jeunes joueurs, mais ils ont l’expérience. Les joueurs qui sont en concurrence aujourd’hui pour jouer en défense, Geremi, il a l’expérience, Mbia est champion de France avec Marseille, Nicolas Nkoulou joue régulièrement à Monaco, Bassong est titulaire à Tottenham pendant les 2/3 de la saison, Assou Ekotto est titulaire toute la saison, se sont des joueurs qui sont habitués aux grands matches. Je dois être exigent, ils ne doivent pas encaisser autant de buts en première manche. En dehors de Georges Mandjeck qui n’a pas été très bon à droite, pour les autres j’ai les éléments où je peux m’appuyer.
Est-ce que vous pouvez nous assurer sur l’état psychologique de votre capitaine Samuel Eto’o après ce qu’on peut appeler affaire Milla-Eto’o ?
Paul Le Guen : Samuel est très bien, il n’a pas de soucis à ce niveau, on n’en parle plus du tout, ça été balayé très vite parce que ce n’est pas très important.
Beaucoup de problème de repositionnement pendant le match, les problèmes de marquage et pourtant vous êtes toujours scotché sur votre banc de touche, pourquoi vous ne vous levez pas pour replacer vos joueurs ?
Paul Le Guen : J’ai essayé de me lever deux ou trois fois par mi-temps (rire)… Nous allons essayer de corriger tout ce que vous dites.
Lorsqu’on regarde l’équipe du Cameroun on constate que les choses ne vont pas très bien, quel est le système que vous allez mettre sur place en Afrique du Sud pour que les Lions aillent loin dans cette compétition?
Paul Le Guen : On va continuer à travailler dure, on va continuer à parler aux joueurs, on va continuer à développer cette ambition, je suis convaincu qu’on vous donnera satisfaction.
«J’ai confiance sur la relation Choupo-Moting et Samuel Eto’o»
Les premiers matches dans une compétition sont importants, quels sont les atouts pour bien commencer cette compétition ?
Paul Le Guen : On va mieux protéger la défense, nous avons assez d’argument pour cela. Nous avons les moyens de faire mieux.
Parlant de l’attaque, est ce que vous n’avez pas été perturbé par la sortie de Samuel Eto’o lors du match contre le Portugal, parce qu’on a pensé que vous vouliez voir la paire Eto’o-Choupo-Moting ?
Paul Le Guen : J’aurais préféré faire jouer Samuel Eto’o contre la Serbie, mais l’essentielle est qu’il soit en forme contre le Japon. Il a fait beaucoup de matches cette saison, qu’il fasse un petit break ce n’était pas mal, parce que je trouve que c’était bien qu’il récupère un peu. J’ai confiance sur la relation Choupo-Moting et Samuel Eto’o parce que c’est deux joueurs intelligents, qui se comprennent assez vite, ça se voit aux entrainements, je n’ai pas de soucis. Je n’ai pas de soucis de complémentarité entre les deux joueurs, je les vois, je sens qu’ils peuvent devenir très vite complice.
A la veille de la Can on vous a reproché d’avoir laissé les Lions en liberté pendant une semaine alors que les autres nations étaient en regroupement, on a l’impression qu’on est en train de remettre çà, pendant que les autres sont concentrés, les Lions sont en liberté depuis deux jours, est ce qu’on peut savoir ce qui a été dis aux joueurs avant de les libérer ?
Paul Le Guen : Vous savez on a eu un programme d’entrainement très copieux, très chargé, et comme on est à l’écoute de ce qu’on nous dit, il y a les coutumes, on a souhaité repasser par Yaoundé pour le match d’exhibition au stade, c’est une liberté avec un esprit de responsabilité, j’attends qu’ils restent concentrés, vous savez vous gagnez aussi en laissant libre pendant 1 jour et demi et les retrouver avec beaucoup de fraicheur , si vous vivez ensemble pendant six semaines de façon continu, il y a aussi des désavantages, je ne regrette pas du tout ce choix là, c’est un choix que j’assume, nous l’avons fait avec les Camerounais du staff qui nous ont dit que c’était bien de repasser par Yaoundé, j’ai écouté aussi le ministre des sports et le président de la fédération et j’ai accédé à leur demande.
Vous avez parlez se Samuel Eto’o qui a eu une saison chargée, mais il y a aussi Assou qui a fait une saison pleine, mais vous l’avez utilisé à tous les matches, est ce que c’est lorsqu’il y aura un problème que vous allez injecter Gaétan Bong ?
Paul Le Guen : Si je lance Gaétan Bong en remplacement d’Assou Ekotto je n’aurais aucun soucis, il a bien travaillé, il est en parfaite forme. Il a fait une bonne saison avec Valencienne, c’est pour ça qu’il est passé devant Henri Bedimo. Si par malheur il y avait un soucis pour Benoit Assou Ekotto, j ‘aurais aucune crainte, j’ai vu le joueur en situation, je sens que ses partenaires ont confiance en lui. C’est une bonne découverte pour le foot camerounais; rappelez-vous, Bong était international espoirs français. C’est bien de l’avoir récupéré pour le Cameroun.
Je suis très heureux parce que je vous trouve moins nerveux qu’au sortir de la Can, et je suis d’autant plus heureux qu’après la Can lorsqu’on parlait de la coupe du monde vous disiez qu’il ne fallait pas rêver, mais ce soir j’ai l’impression que commencez à rêver, jusqu’ou va votre rêver avec ces Lions indomptables ?
Paul Le Guen : Pour ce qui est du rêve, il y a deux choses, il y a le rêve éveillé, j’ai des ambitions, je suis confiant, je suis optimiste et puis il y a le vrai rêve où on se voit brandir la coupe.
Votre capitaine ne vous a-t-il pas menti pendant cette préparation, lui qui n’a pratiquement pas travaillé avec vous, n’est ce pas une épine ?
Paul Le Guen : Le cas de Samuel c’est tout sauf une épine, il a travaillé avec nous, il s’est entrainé avec l’équipe, il n’y a aucun problème. Je sens qu’il est très concentré sur l’objectif, ne voyez pas de problème, ou il n’y a pas.
Depuis que vous êtes là, Achille Emana s’est excentré davantage. Ne pensez-vous pas qu’il faille le mettre derrière les attaquants ? On constate qu’il a un problème de dernier geste, et que l’équipe avance lentement ?
Paul Le Guen : Sur les trois buts que nous avons marqués en Serbie ce ne sont pas sur les attaques lentes. Regardez le deuxième but, c’est un contre, puis centre de Nguemo tête de Webo. Évidement qu’on cherche de la vitesse, qu’on cherche à accélérer le jeu sur le plan offensif, mais on a les joueurs pour ça, on a des arguments. On ne fait pas que des attaques placées avec les passes, mais on fait aussi des attaques rapides, je suis d’accord. Concernant Achille Emana vous dites qu’il a du mal à terminer, je suis d’accord. Il faut qu’il améliorer cette partie de son jeu, je le lui ai dit, il est capable de faire des choses exceptionnelles mais aussi de gâcher ce travail exceptionnel par des pertes de balles. C’est l’objet de beaucoup de discutions avec lui, c’est un travail qu’il doit mener. S’il avait ça en plus, il ferrait parti de tous les grands joueurs internationaux. Ce n’est pas facile de corriger ça, il lui manque un peu de justesse technique pour bien finir ses actions.
Comment avez vous appréciez les performances de vos trois gardiens pendant les matches amicaux ?
«Il n’y a pas de chèque en blanc pour un seul joueur»
Paul Le Guen : Pour ce qui est des gardiens, je suis content des trois.
Alexandre Song n’a pas joué le dernier match de préparation. Est-ce qu’il y a un problème Alexandre Song ?
Paul Le Guen : Alexandre n’a pas fini la saison avec Arsenal, son dernier match je crois c’était le 14 avril avec son club. Il n’a pas fait le dernier mois de compétition, il ne s’est pas entrainé non plus, il était blessé. Il lui manque de rythme et de matches, ça se ressent. C’est à lui de me montrer qu’il revient à son meilleur niveau. Il n’y a pas de chèque en blanc pour un seul joueur. Constamment il faut montrer qu’on est compétiteur, qu’on veut gagner sa place. Alex doit démontrer un retour en forme.
Quel discours tenez-vous à vos milieux, on a l’impression qu’on est plus défensif…
Paul Le Guen : Parlant du milieu de terrain, certains sont offensifs comme Makoun, Enoh, moi je m’appui sur les faits, par exemple Nguemo, il fait une passe décisive l’autre jour pour Webo, vous dites que les milieux de terrain ne sont pas offensifs, je pense le contraire, ils attaquent.
Visiblement Njitap ne sera pas titulaire. Qui tire les coups francs dans les Lions ?
Paul Le Guen : Ça dépend de l’équipe alignée. J’ai admis que c’est un secteur que nous devons améliorer, même si le but de Webo l’autre jour était suite à un coup franc, on doit améliorer cette partie de notre jeu. Je ne suis pas là pour dire que tout va bien. Avant le premier match, nous allons travailler cette partie.
Si les deux gardiens ont déçu, pourquoi ne pas aligner le troisième gardien, Guy Roland N’dy Assembe ?
Paul Le Guen : Vous posez là l’eternel problème de choix. Si je mettais le troisième, on me dirait d’aligne le premier ou le deuxième. Il y a toujours des gens qui pensent que ceux qui ne jouent pas sont meilleurs que ceux qui jouent ; Ce sont des questions éternelles aux entraineurs.
Par Guy Nsigué à Yaoundé