L’entraineur national des Lions cadets est en stage avec ses poulains au centre technique de la Fecafoot c’est en vue de préparer le tournoi de football de l’Union des fédérations de football d’Afrique centrale (Uniffac) qui démarre le 4 décembre à N’djamena au Tchad. Il revient sur ce premier stage tout en évoquant les difficultés qu’il rencontre.
Une semaine après le début du stage, quel est l’évaluation que vous faites vous-même en tant que entraineur principal de cette équipe nationale cadette ?
Ce stage nous permet une fois de plus de revoir ces joueurs à l’œuvre. C’est le deuxième regroupement qu’on fait, ce qui nous permet aussi d’intégrer certains enfants que nous avons détecté à travers le territoire national. Ce stage est important pour ces jeunes, déjà pour le suivi et pour la préparation de l’Uniffac, aussi à travers les multiples matches amicaux que nous faisons en ce moment, çà nous permet de trouver les automatismes et réparer les lacunes parce que ce sont des enfants qui viennent des centres de formation et qui n’ont pas toujours la possibilité de jouer. Ce stage nous permet de les évaluer.
Dans le cadre de la préparation du tournoi de l’Uniffac, que prévoit la suite du stage ?
Il y aura un deuxième regroupement à partir du 14 novembre, parce que celui ci s’arrête le 7 novembre, ils rentrent et reviennent une semaine après et nous avons la possibilité de les regrouper ici au centre technique jusqu’au 21 et le 22 nous mettons le cap sur Garoua pour les questions d’acclimatation. Il faut passer quelques jours à Garoua et à partir du 1 décembre nous serons à Ndjamena et le tournoi débute le 4 décembre pour s’achever le 14 décembre.
Les matches amicaux que vous disputez jusqu’ici se soldent par des scores fleuve, est ce que c’est votre équipe qui est très forte ou alors c’est la qualité de vos adversaires qui justifient ces scores fleuves ?
Disons que ce n’est pas le résultat qui nous intéresse. Il faut voir le niveau de ces enfants, nous essayons de faire venir des adversaires qui ont un bon niveau, Apejes de Mfou, Canon de Yaoundé…Ce sont des adversaires qui nous donnent la possibilité d’élever le niveau. Nous sommes toujours dans la phase de préparation et ces enfants n’ont pas le niveau qu’on attend. Nous sommes donc obligé de multiplier les matches amicaux pour se rapprocher du niveau que nous cherchons.
Le Cameroun n’a pas un championnat cadet, est ce que cette situation n’est pas préjudiciable pour votre travail ?
Le football à la base doit prendre un certain volume ici. Si nous voulons avoir une base solide, il est question à l’avenir d’organiser le football des jeunes au niveau des minimes, cadets, juniors. Ce qui permettra à ces enfants de vivre rapidement les exigences du haut niveau. Il est important pour nous de faire comprendre aux personnes concernées qu’il y a encore beaucoup de travail à faire à ce niveau. Avec la ligue de football professionnel qui s’installe, peut être que le championnat des jeunes va prendre corps. Ici en stage, nous avons beaucoup de problème parce que les jeunes se présentent avec un manque de fondamentaux. La base du football s’apprend ici en stage alors qu’en principe, les enfants devraient arrivés avec ces pré requis. Nous prenons donc tout le temps de le faire, raison pour laquelle il faut être patient pour ce qui concerne les résultats. S’ils prennent du volume, d’ici quelques années nous aurons la possibilité d’avoir une traçabilité au niveau des jeunes et à partir de là nous aurons une solide base.
Dans cette nouvelle cuvée des cadets, est ce qu’il y a certains qui sortent vraiment du lot et qu’on peut espérer voir chez les grands Lions d’ici quelques années ?
Il y a beaucoup de nos cadets qui ont pris part avec les juniors à la préparation de la Can juniors et même de la coupe du monde. Beaucoup d’entre eux faisaient parti de cette cuvée et c’est çà qui est intéressant à voir car la qualité est là, il faut être patient. Je suis sûr que si nous continuons à travailler avec ces enfants comme nous le faisons, beaucoup vont intégrer nos différentes équipes nationales. Mais, je continue à dire que le chemin est encore trop long et, c’est un travail tout à fait approprié qu’il faut mettre en place, ne pas travailler à l’emporte pièce. Ces enfants doivent être suivi et ceux qui sont passés chez moi ont maintenant un fichier qui va permettre de les suivre même s’ils vont à l’étranger. C’est ce suivi qui est important de mettre sur pied et là nous aurons des équipes de jeunes qui feront plaisir aux camerounais dans les années à venir.
Vous allez au Tchad avec quelle ambition ?
Pour moi l’ambition c’est de faire découvrir à ces enfants les exigences de cette compétition. Ils seront dans ce tournoi avec les enfants de leur catégorie de différents pays, c’est ce qu’il faut pour élever le niveau de ces enfants. Je salue ce tournoi qui va permettre aux enfants de prendre du plaisir, d’évoluer et de progresser. Il est très important de signaler que ces enfants doivent s’épanouir, ils doivent s’exprimer, on ne doit mettre aucune pression sur leurs épaules pour ce qui est du résultat. C’est vrai que s’ils ramènent le trophée ce serait une bonne chose mais, il ne faut pas être obsédé par cela. Il faut donner la possibilité à ces enfants de multiplier les matches de ce niveau. Ils vont prendre plaisir et si le plaisir est là les résultats vont suivre. Pour moi, le résultat c’est de voir que dans cette équipe nationale cadette beaucoup passent chez les juniors.
Vous semblez mettre les résultats entre parenthèse, quand on sait qu’au Cameroun le mandat de l’entraineur est lié aux résultats, n’avez vous pas peur de perdre votre poste ?
C’est justement ce qu’il faut décrier, nous sommes à la formation et partout dans le monde entier on ne parle pas de résultat à la formation. C’est ce que je dis depuis et je crois que beaucoup comprennent déjà. Le meilleur entraineur en Allemagne c’est Rubesch il n’a jamais gagné un trophée avec les jeunes, que se soit Podolski, Philip Lahm ils sont tous passés par là. Je crois que c’est le chemin qu’il faut suivre. Il est important pour nous de sensibiliser les camerounais sur notre niveau. On peut gagner un trophée et après on ne voit aucun joueur de cette cuvée chez les espoirs où les Lions A. Cela ne nous avantage en rien car nous devons misé sur les jeunes qui ont du talent au lieu de fossoyer les âges des enfants parce qu’il faut gagner un match ou un tournoi. Il est important de leur donner du temps. Je suis venu au Cameroun pour qu’on travail dans ce sens et le gouvernement a compris ma vision des choses. Je pense qu’avec l’appui de la DTN qui a la même vision nous sortirons du trou.
On vous a annoncé un moment chez les Lions indomptables, comment avez-vous accueilli tout çà ?
L’important pour moi c’est de donner un coup de main à l’évolution de notre football. Le ministre m’a fait venir au Cameroun parce qu’il croit que nous pouvons contribuer au développement de notre football. çà fait du bien si le travail que nous faisons est reconnu mais, le plus important c’est de contribuer au développement du football. çà fait 15 ans que je travaille en Allemagne au haut niveau et j’ai un diplôme d’entraineur professionnel de l’UEFA.
L’année dernière vous avez entrainé Renaissance de Ngoumou, cette année vous n’avez pas repris du service avec le club de Ngoumou, du coup les mauvaises langues disent que vous n’avez pas de diplôme requis pour entrainer en première division, serez vous un imposteur ?
Je crois que le monde aujourd’hui avec tout ce qu’on a comme technologie permet à tout un chacun de prendre les informations. Tous ceux qu’ils veulent savoir qui est Richard Towa, ou authentifier tout ce qu’il a comme capacité peuvent rentrer sur internet et voir ce que j’ai comme capacité. Ils peuvent aussi appeler à la fédération allemande de football. Je suis formateur dans mon domaine, à ce niveau nous avons beaucoup d’expérience, je travaille aussi pour la fédération allemande de football, je suis football Lehrer, ce qui signifie professeur de football. J’ai le plus grand diplôme dans l’enseignement du football en Europe et chacun peut faire ses recherches pour vérifier toutes ces informations.
Il faut savoir qu’il y a des camerounais intègres qui sont prêts à aider leur pays. Avec ce que j’ai comme capacité, depuis 15 ans, j’ai toujours eu à travailler en Allemagne sans chômer. Le ministre des sports a fait appel à moi parce que je veux donner un coup de main à mon pays. Ceux qui veulent s’aligner, s’alignent, ceux qui veulent profiter de mon expérience peuvent s’approcher de moi. Ceux qui sont dans le doute peuvent continue à parler. Je répète une fois de plus que tous ses européens qui viennent au Cameroun sont passés par la même formation que moi. Arie Hann est passé, comme moi, par l’Université de Cologne. Clemente a le même diplôme que moi, le même que Fergusson, que Arsene Wenger, que l’entraineur de l’équipe nationale d’Allemagne. Il y a des camerounais qui peuvent aider leur pays pas parce qu’ils viennent chercher l’argent. Je vous rappelle que si c’était pour des raisons financières je ne serait jamais venu au Cameroun. Je répète une fois de plus, je suis au Cameroun parce que j’ai cette envie de développer ici quelque chose d’important. Si les gens comprennent cela, on sera dans le même bateau pour développer notre football.
Entretien mené par Guy Nsigué à Yaoundé