Le secrétaire général de la Fédération Camerounaise de football que nous avons rencontré alors qu’il recevait son personnel à l’occasion de la fête du Travail a bien voulu nous entretenir sur les sujets de l’heure. Nous avons évoqué la fin de saison avec les décisions de la commission d’homologation, la préparation de la coupe du monde, l’affaire Nicolas Nkoulou, l’affaire Buffalo, la nomination des entraîneurs à la tête des sélections nationales.
Camfoot.com: Quelle signification donnez-vous à cette fête du Travail ?
Tombi A Roko: C’est tout un symbole, c’est un peu pour traduire dans les faits la volonté du gouvernement qui se bat pour que dans les entreprises, dans les sociétés où il y a le travail, que socialement les gens soient bien, que le dialogue social soit une réalité. C’est une occasion idoine que nous traduisions dans les faits ce que le ministre du Travail a dit tout au long de cette semaine qui s’achève.
Camfoot.com: Avec cette communion avec votre personnel, est-ce qu’on peut dire que vous êtes satisfait de la manière dont se passent les choses à la Fecafoot depuis votre arrivée au secrétariat général?
Tombi A Roko: Je suis très satisfait par rapport à la collaboration avec tous les employés de la fédération qui ont accepté la nouvelle vision. C’est à moi de le leur rendre très bien.
Camfoot.com: Qu’elle est cette vision, pour être plus concret ?
Tombi A Roko: Vous voyez que nous avons rassemblé tous les employés de la fédération camerounaise de football. Tous les agents qui sont dans les ligues régionales ont fait le déplacement de Yaoundé, c’était une occasion pour que les employés se connaissent mieux, et avec la hiérarchique de la fédération, que tout le monde connaissent tout le monde. C’est ça ma vision ; ma vision c’est favoriser l’entente entre les gens qui travaillent pour le compte de la fédération.
Camfoot.com: À trois journées de la fin du championnat quel est votre message pour que les choses se terminent bien ?
Tombi A Roko: C’est un appel que je lance, un appel qui est devenu rituel aux arbitres. En fait, c’est eux qui ont la clé ; jusqu’à présent les choses se passent bien parce je pense qu’il y a je crois une volonté réelle des arbitres de faire en sorte que le championnat se déroule très bien. Pour l’instant nous n’avons pas enregistré d’incident lié à des fautes criardes d’arbitrage. S’ils peuvent nous aider en continuant comme ça pour les trois journées qui restent, je pense que ce sera tout au profit non seulement du corps arbitral qui va contribuer à améliorer leur image de marque. Puisque jusque-là, les arbitres étaient considérés comme des torpilleurs de matches. Donc ça va améliorer leur image et en même temps ça va améliorer l’image de marque de la fédération, parce qu’évidemment beaucoup d’observateurs ont remarqué que depuis que nous sommes là les choses se passent bien.
Camfoot.com: Il n’en demeure pas moins que les clubs se plaignent des décisions de la commission d’homologation et de discipline?
Tombi A Roko: Les clubs se plaignent pour rien, nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Nous sommes dans une organisation, il y a un organisme qui gère et qui essaye de faire son travail administrativement. Maintenant il y a des fautes et quand les fautes sont commises il faut que les uns et les autres acceptent les fautes commises soit par leur administratif qui n’ont pas daigné respecter l’instruction de la structure qui gère, ou alors c’était une façon de défier l’autorité. À partir de là, chacun doit assumer. On avait demandé à travers une circulaire que tous les clubs détenteurs d’une une licence provisoire ramènent ces licences provisoires en vue de leur remplacement par les licences définitivement. La commission d’homologation n’a fait qu’appliquer les règlements de la fédération et ceux-là sont tombés sous ce coup là malheureusement. Je pense que ça va ramener tout le monde à la raison pour que les gens comprennent qu’une circulaire n’est pas un tract ; c’est un document qui donne une instruction et cette instruction doit être respectée.
Camfoot.com: Il y a le cas du Canon de Yaoundé qui surprend les observateurs ?
Tombi A Roko: Le cas du Canon c’est dans les règlements des compétitions. J’ai eu un long entretien avec l’entraineur du Canon Pierre Ndjili, qui effectivement conteste. Il est dans son bon droit, et je lui ai dit que s’il est dans son bon droit il peut faire appel. Mais je dis que c’est dans le règlement des compétitions ; lui il regarde les règlements généraux et il regarde les statuts de la fédération, ça n’a rien à voir. À côté de ça il y a le règlement de la compétition qui dit que chaque club doit, autant qu’il affilie les joueurs pour solliciter des licences, doit faire la même chose pour son staff technique et même le staff médical. C’est écrit en noir et blanc dans le règlement des compétitions de Mtn Elite One de 2010. Je lui disais que maintenant c’est à lui, pour la prochaine année, de dire que ce texte est mauvais. En plus, il est le directeur technique de développement adjoint de la fédération, donc il est parmi ceux qui ont élaboré ce document en vue de sa validation par le comité exécutif. Le règlement de la compétition prévoit qu’un entraineur, non seulement il doit avoir la licence d’entraineur, ce qu’on appelle licence technique, mais en même temps il doit avoir aussi une licence qui l’autorise à s’asseoir sur le banc de touche d’une équipe donnée. Maintenant quand il change de club, il faut faire la démarche inverse, c’est clair. On a vu des entraineurs qui ont changé de club cette saison, je prends le cas le plus récent qui est le cas de Maurice Mpondo de Union qui au départ était le coach de As Matelots. Union de Douala a saisi la fédération pour solliciter un document de la fédération pour permettre à Maurice Mpondo de s’asseoir sur le banc de touche de l’Union.
Camfoot.com: Le ministre des Sports il y a quelques jours a nommé les entraineurs à la tête des sélections nationales sur proposition de la Fecafoot. Pourquoi n’avez-vous pas proposé les adjoints, ou alors on considère que ceux qui sont là sont reconduits ?
Tombi A Roko: Vous savez il y a une nouvelle vision au niveau du ministre, et je pense que c’est une vision qui cadre avec ce qui se passe dans le monde entier en matière de football, c’est-à-dire que c’est difficile de coller un adjoint à quelqu’un qui n’a pas le même feeling avec l’adjoint. À partir de là, nous avons pensé qu’il fallait d’abord proposer les entraineurs titulaires et en fonction de ce que je vous ai dit, on va voir la suite. Je pense que c’est une très belle vision.
Camfoot.com: Il y a un entraineur que la Fecafoot a suspendu pour trois mois, mais vous ne vous êtes pas gêné de le proposer comme entraineur national ?
Tombi A Roko: Je pense qu’il ne faut pas faire l’amalgame, c’est une décision disciplinaire liée à l’exercice de ses fonctions, il n’a pas violé l’éthique, c’est un entraineur qui pose un acte d’indiscipline dans un match de football. C’est comme vous me dites, il y a un joueur qu’on a suspendu pour trois mois parce qu’il a eu un propos malveillant vis-à-vis d’un arbitre, et qu’on ne l’appelle plus à l’équipe nationale. Je vous retourne la question, est ce que si on suspend un joueur parce qu’il a eu un propos malveillant vis-à-vis d’un arbitre, est-ce qu’on ne doit plus le sélectionner à l’équipe nationale malgré le talent du joueur ? Moi je dis non, je pense que c’est le talent de l’intéressé qu’on reconnait, nous nous pensons que cet entraîneur mérite largement d’être l’entraineur de l’une des équipes nationales.
Camfoot.com: La chambre de résolution des litiges de la Fecafoot a siégé vendredi pour statuer sur l’affaire qui oppose Nicolas Nkoulou à Olivier Guy Noah, pourquoi la fédération tarde à prendre une décision définitive, pour permettre au joueur de préparer sereinement la coupe du monde ?
Tombi A Roko: C’est clair que l’objectif de la fédération est de maintenir la sérénité du joueur, ce dossier avait atteint son paroxysme à un moment donné ou nous traversions l’une des phases les plus importantes des éliminatoires de la coupe du monde 2010. J’avais demandé à la commission d’attendre la fin de ces éliminatoires avant de relancer le dossier, ce qui avait été fait. Et là nous sommes dans la phase décisive du délibéré et je pense que ça ne saurait tarder. En toute sérénité le joueur saura qu’elle est la position de la fédération par rapport à cette affaire. C’est un dossier très complexe et il ne fallait pas se précipiter, parce qu’évidemment en se précipitant, il y avait un risque de se tromper, parce qu’encore une fois de plus, c’est un dossier très complexe où il y a beaucoup de rebondissements.
Camfoot.com: Comment comprendre que durant votre mandant on enregistre beaucoup de litiges en matière de transferts internationaux ?
Tombi A Roko: Vous savez il y a toujours eu les litiges, la fédération a connu une période un peu difficile au niveau de l’établissement de contrat de joueurs, des libérations entre clubs camerounais. Des clubs qui ont utilisé les joueurs de clubs de 4eme division dont les informations ne remontaient pas à Yaoundé. Ça fait que quand le joueur explose au niveau professionnel, les petits clubs où le joueur a évolué ne sont pas intéressés dans les indemnités de formation et ça crée forcement des revendications. C’est ce que nous vivons aujourd’hui, c’est un phénomène presque naturel qu’on rencontre dans presque tous les pays. Vous avez vu en France il y a plein de cas avec Auxerre, avec des petits clubs en région parisienne. C’est des contentieux qui indiquent comment est-ce que nous à la fédération nous devons les gérer. C’est notre capacité à mieux les gérer qui fait de nous une grande fédération. Je pense que pour l’instant on essaye de gérer pour qu’il y ait moins de plaintes possibles. Vous avez vu comment nous avons géré le cas Abouna Ndzana. Bien avant, le cas Etoundi Mbia a été géré, même si jusqu’à présent la KSA continue à jouer au malin, mais nous pensons que la KSA va finalement se plier à la volonté de la structure fédérale. Je dis dans ce dossier il y a eu des engagements qui ont été pris par les dirigeants de la KSA, il faut qu’ils les respectent. Si la KSA ne respecte pas, nous allons tirer toutes les conséquences de cette attitude.
Camfoot.com: À 40 jours du coup d’envoi de la coupe du monde, est-ce qu’on est serein à la Fecafoot par rapport à cette échéance ?
Tombi A Roko: Je pense qu’on est serein, on essaye de faire le travail administratif qu’il faut. Il ya une mission en ce moment en Allemagne pour l’établissement des passeports de deux de nos compatriotes. Pour ce qui est des noms je préfère laisser la primeur à l’entraineur, mais c’est deux de nos compatriotes qui ont les fortes chances de figurer dans la liste des 30. Administrativement nous essayons de faire le travail et donc que le 11 mai nous devons enregistrer en ligne les 30 noms ou 28 comme l’entraineur aura décidé. Nous allons les enregistrer en ligne et à la fin du mois le 30 ou le 31 mai, nous allons enregistrer les 23 plus les autres membres de la délégation, conformément aux revendications de la FIFA. Au niveau administratif nous sommes sereins et je pense que les choses vont bien se passer. Maintenant au niveau technique, je pense que l’entraineur fait le tour de l’Europe, ce weekend il était en Turquie pour superviser certains de nos compatriotes qui sont là bas. La semaine prochaine il va nous communiquer la liste des 30 ou 28 comme il a dit. Il y a lieu d’espérer. La Can, vous savez, notre prestation était mitigée. Nous espérons fortement qu’en coupe du monde comme l’a dit le premier sportif camerounais, les Lions peuvent surprendre. Nous croisons les doigts pour que les Lions surprennent.
Camfoot.com: Vous n’êtes pas assez transparent à la Fecafoot concernant le premier décaissement de 1 million de dollars de la Fifa sur les retombés de la coupe du monde ?
Tombi A Roko: Jusqu’à présent on est la seule fédération à n’avoir pas encore eu les un million de dollars. Nous avons gardé cet argent au niveau de Zurich, nous pensons que nous allons financer le stage préparatoire des Lions avec cet argent. C’est une grande première, c’est une volonté du président de la fédération camerounaise de football. C’est bien que l’argent que la FIFA a prévu pour la préparation des Lions indomptables serve pour payer les factures liées à la préparation de l’équipe nationale ; je pense que ce sera fait. En matière de transparence vous pouvez être sûr d’une chose, c’est que nous n’avons pas encore dépensé un Franc de cet argent. Même certaines dépenses qui pouvaient être endossées sur les un million de dollars, comme notre participation au stage de Sun City qui nous a couté 25 millions de frs CFA. Nous avons supporté cette dépense avec le budget de fonctionnement de la fédération et pourtant si nous n’étions pas qualifiés pour la coupe du monde, il n’y aurait pas eu de Sun city et on ne dépense pas ces 25 millions. Nous sommes très transparents, la transparence aujourd’hui c’est de vous dire que cet argent n’a pas encore été dépensé il est encore à Zurich.
Camfoot.com: Quelles sont vos impressions par rapport au choix de Durban ?
Tombi A Roko: Mes impressions sont très bonnes.
Camfoot.com: Pourtant, l’on pense que vous avez refusé Buffalo parce que vous avez les intérêts à Durban ?
Tombi A Roko: C’est ça qui est mauvais chez nous au Cameroun ; chaque fois qu’il y a un dossier, les gens y voient toujours les intérêts. Je continue à dire, que se soit Mr Iya ou moi même monsieur Tombi, jamais on a été intéressé par quoi que se soit concernant Buffalo ou Durban. Avant même qu’on arrive en Afrique du Sud le 5 décembre pour le tirage au sort, l’entraîneur national et ses deux adjoints avaient fait le tour de l’Afrique du Sud. Ils avaient visité les sites de Durban, de Cape Town, de Pretoria, de Johannesburg. Et le site de Durban les a intéressé et ils ont dit qu’ils jetaient leur dévolu sur ce site parce que pour eux c’est un site qui correspondait à leurs attentes. Le site au départ était réservé pour les hauts cadres de la FIFA ; il a fallu faire le lobbying auprès du secrétaire général de la FIFA pour que la FIFA renonce à cette réservation, puis que le site soit inscrit sur la liste de la société Match et que ce site nous soit concédé. Aujourd’hui ce site nous est concédé et les gens estiment que c’est parce que les dirigeants de la fédération avaient un intérêt. Je m’inscris en faux, c’est une simple allégation qui à mon sens n’intéresse que ceux qui avaient les intérêts à Buffalo. Je dis encore que Buffalo ne pouvait pas être en concurrence avec Durban, parce que l’hôtel Blue Lagune de Buffalo ne figure pas alors ou ne figurait pas sur la liste des hôtels de la FIFA au moment où on prenait la décision. À partir du moment où cet hôtel ne figurait pas sur la liste de la FIFA, il n’y a pas débat. Maintenant essayé d’ameuter la république pour dire qu’ils ont refusé Buffalo parce qu’ils avaient les intérêts à Durban, je dis c’est une simple accusation, en fait c’est comme le voleur qui crie oh voleur.
Camfoot.com: Les défenseurs de la cause de Buffalo affirment que cette ville offrait gracieusement à la partie Camerounaise la somme de 1 milliard de frs CFA. Comment résister face à une offre pareille ?
Tombi A Roko: Un, le site ne faisait pas partie des hôtels de la FIFA, de deux j’ai vu la dernière offre de Buffalo, c’était 300.000 euros. Sauf si vous me dites que la parité actuelle de l’euro s’est multipliée par 3 ou par 4 pour qu’on soit à 1 milliard en frs CFA, je crois bien que 300.000 euros c’est moins de 200 millions de francs CFA. Est-ce que nous allons défier la structure qui gère la coupe du monde pour 300 mille euros ? Je dis non, alors qu’en face, Durban nous proposait 250.000 dollars ; le différentiel était d’à peu près 40 millions de frs CFA. Est ce que c’est pour 40 millions de frs CFA qu’on va se mettre en porte à faux avec la structure qui gère la coupe du monde ? Je dis non. Buffalo n’a jamais fait parti des sites retenus par la fédération internationale de football qui est la FIFA et à partir de là je refuse tout débat par rapport à cette affaire de Buffalo et Durban.
Camfoot.com: On dit également que Nelson Mandela l’ancien président sud-africain a tendu la main à la Fécafoot pour que les Lions soient logés à Buffalo qui est sa ville natale ?
Tombi A Roko: Vous voyez, ce sont les méthodes utilisées en général par les Camerounais. Mais à ma connaissance je n’ai jamais reçu même un message porté de Nelson Mandela qui est une icône du monde. Tout le monde peut dire que c’est Nelson Mandela qui m’a envoyé. La délégation sud-africaine est arrivée au Cameroun, elle a été reçue par le ministre des Sports qui m’a donné une instruction de recevoir cette délégation. Heureusement ce jour-là le président de la Fecafoot était au siège de la fédération. Nous les avons reçu ensemble, et nous avons dit ok nous allons comparer avec les autres propositions qu’on avait. À ce moment on avait quatre villes qui nous proposaient les sites. Après une étude comparative, c’est le site de Durban qui a retenu notre attention.
Camfoot.com: La FIFA va verser à la Fecafoot 8 millions de dollars pour sa participation à la coupe du monde 2010. Ils sont nombreux les Camerounais qui pensent que cet argent servira à tout sauf au football ?
Tombi A Roko: Nous n’allons pas recevoir 8 millions de dollars, parce qu’il faut savoir que de ces 8 millions de dollars seront prélevés d’à peu près 15 à 20 % d’impôts. Ce ne sera pas 8 millions, mais un peu moins, ce n’est pas l’argent que nous allons gaspiller. Nous avons un plan de développement des infrastructures qui sera financé par cet argent; le gouvernement sera parfaitement informé de ce que nous comptons faire avec cet argent. La commission ad hoc qui a été nommée par le président de la fédération pour élaborer un document que nous allons transmettre à la tutelle se réunie la semaine prochaine, et vous serez informé de ce que nous ferons avec les 7 millions 600 mille dollars.
Entretien mené par Guy Nsigué à Yaoundé