Comme Daniel Cousin, Bill Tchato a choisi de se relancer au FC Sapins, dans le Championnat gabonais. En exclusivité pour Footafrica365.fr, L’ancien latéral des Lions Indomptables évoque ce choix de carrière et revient sur les conflits en sélection camerounaise, donnant son soutien à la fronde des joueurs mais regrettant qu’on en arrive là.
Bill, vous avez été champion d’Afrique avec les Lions Indomptables. L’actualité dans la tanière de la sélection, c’est cette affaire de primes de présence revendiquées par les joueurs qui a conduit à l’annulation du match amical contre l’Algérie. Quel commentaire vous inspire cette situation, laquelle a sérieusement écorné l’image de votre pays d’origine ?
Je suis vraiment déçu que ça arrive, j’ai eu honte moi-même quand j’ai suivi cette nouvelle. Mais je suis tout à fait d’accord avec ce que les joueurs ont fait. Nous, quand j’étais dans cette équipe, on s’est battu pour que ce genre de problème n’arrive plus. Je me rappelle encore des réunions qu’on faisait durant une Coupe du monde par rapport à ces problèmes de primes, on se battait pour que ceux qui sont là aujourd’hui ne puissent plus avoir ce genre de problèmes. Mais, malheureusement on ne comprendre pas pourquoi, cela ait pu arriver encore. Cette nouvelle affaire, on en parle dans tout le monde entier. C’est vraiment une grosse déception c’est navrant pour le coach Denis Lavagne, que je connais bien. Il était mon entraîneur adjoint quand je jouais à Valence. Il vient d’arriver à la tête de cette sélection, il a bien entamé sa mission. C’est regrettable que cette histoire vienne ternir cette belle entame.
Donc, vous insistez sur le fait que les joueurs ont eu raison de se rebeller ?
Si j’avais été là, j’aurais été le premier à faire cette revendication. Honnêtement les joueurs ont eu raison de se comporter ainsi, si cela peut amener les autorités à se pencher véritable enfin sur les problèmes de cette sélection. Ils n’ont pas grevé (sic) pour cette histoire de cinq cent mille FCFA de primes de présence. Ce sont des professionnels qui sont largement au-dessus de ce montant, ils aimeraient simplement que les choses changent. Nous, on a mené aussi cette bataille à notre époque, mais là, j’ai comme impression qu’on a reculé d’un siècle. C’est vraiment dommage pas seulement pour le Cameroun mais aussi pour toute l’Afrique.
En ce moment, on parle des sanctions de part et d’autre. A votre avis, les joueurs méritent ils être sanctionnés ?
Pourquoi devrait-on sanctionner les joueurs ? Quand ils posent un acte comme çà, c’est pour faire avancer les choses. Le déplacement pour un match, fut-il amical, se prépare. Pour cela, tous les moyens doivent être mis en place pour éviter ce genre d’incident, pour amener les joueurs à ne se concentre qu’au résultat du match. Tout ce que je souhaite à Eto’o et à tous les autres joueurs de la sélection, c’est de continuer à sa battre pour que, dans les années à venir, les autres qui seront aussi en équipe nationale puissent venir jouer sans se soucier des problèmes de primes ou d’autres choses qui n’ont rien à voir avec leur performance.
Vous avez jusqu’ici fait votre carrière en Europe. Pour la première fois, vous intégrez un Championnat en Afrique subsaharienne. Pourquoi avoir choisi de partir de la France pour le Gabon où vous jouez, comme Daniel Cousin, avec le FC Sapins de Libreville, une équipe du championnat de D1 ?
Je n’étais plus en France. Après la fin de mon contrat avec Strasbourg, j’étais libre. Je suis parti retrouver mon ancien club au Qatar. Mais étant là-bas, je ne pouvais pas jouer tout de suite, il fallait attendre le mercato de janvier. Et comme je ne voulais pas attendre comme ça sans rien faire, j’ai donc préféré accepter la proposition que ma faite Pierre Aubame, de venir jouer au sein de son club au Gabon. Je me suis dit que c’était mieux de rester en activité que de rester au Qatar sans jouer en attendant le mercato.
Comment appréciez-vous la différence ?
C’est une fierté pour moi de découvrir le football africain. Comme vous le dites, je suis parti du Cameroun, mon pays d’origine, très tôt avant l’âge de dix ans. Je suis en train de découvrir petite à petit le Championnat gabonais. C’est un Championnat qui est assez suivi, il est vrai que les équipes ici manquent un peu de culture technique et tactique. Mais, je prends ça comme un nouveau challenge pour moi.
Parlant justement de challenge, comment se présente le parcours de votre équipe depuis coup d’envoi du Championnat ?
Au-dessus de la moyenne, même si nous sommes en milieu de tableau. L’objectif du club, c’est de finir dans le haut du tableau. Cette équipe n’a que trois ans, elle était en D2 l’année dernière. Elle ambitionne participer d’ici trois ans, aux compétitions africaines interclubs. Je suis fier d’y apporter mon expérience…
Jouer en Afrique subsaharienne, ne rapporte pas des millions de FCFA comme jouer en Europe ou au Qatar où on parle beaucoup plus de petrodollars. Peut-on dire que jouer au Gabon, c’est un choix du cœur ?
Oui, tout à fait. C’est un peu la passion qui domine tout çà. C’est vrai qu’il n’ya pas assez d’argent, mais ne plus de la passion, il y avait aussi cet envie de retourner un peu aux sources, même si ce n’est pas au Cameroun.
Est-ce que le fait que le Gabon coorganise la phase finale de la CAN 2012 a pesé sur votre décision d’aller jouer dans ce pays ?
Oui, effectivement, parce que déjà Pierre Aubame, le manager du club, a fait venir quelques professionnels dans le Championnat local, tel Daniel Cousin, pour le rendre populaire, intéressant pour les medias qui auront le regard focalisé sur le Gabon par rapport à la CAN. Un peu comme les Qataris qui, dans la perspective du Mondial 2018, font venir des professionnels. Sur le plan de la communication c’est intéressant. Pour le cas du Gabon, cette opération permet de relever le niveau du Championnat. Çà permet aussi aux joueurs gabonais, de voir un peu notre façon de jouer et de voir comment travailler en professionnel. C’est dans ce cadre que nous sommes venus.
Du Gabon au Cameroun, c’est un jet de pierre. Est-il possible de voir Bill Tchato intégrer le championnat du Cameroun, son pays natal ?
(Rire) Oui, tout est possible. Si je suis venu jouer au Gabon, je peux aussi aller jouer au Cameroun. Seulement, je n’ai signé que pour trois moi au Gabon et après, je vais retourner au Qatar. Il est vrai que j’ai d’autres sollicitation ici, mais pour l’instant je me concentre sur mes trois mois et après on verra.
Propos recueillis par Paul Nana