Son genou droit n’arrête pas de lui parler, chaque jour. Il lui montre la voie à suivre. Pour l’instant, il lui demande de rester calme, d’aller pas à pas, de ne pas se précipiter; il lui dit qu’il ne souhaite pas faire plus que ce qui est indispensable. Samuel Eto’o lui obéit en rechignant. Il veut en faire plus, redevenir le joueur d’avant la blessure…
Mais Eto’o sait que la route est longue. Il a fait un premier pas dimanche dernier en jouant quelques minutes au Reyno de Navarra. Le second pas, il le fera ce dimanche en refoulant la pelouse du Camp Nou après 140 jours passés à regarder les matches des gradins. Et le troisième, il espère le faire très bientôt, lorsqu’il marquera son premier but après sa blessure. Curieusement, le dernier à son compteur, il l’avait marqué contre le Racing -l’adversaire de dimanche- au Nuevo Sardinero le 17 septembre dernier.
Combien de fois par jour pensez-vous à votre genou?
24 heures sur 24.
Dans certains pays on appelle cela de l’obsession…
Mon obsession est d’être de nouveau le joueur d’avant la blessure. Je devrais travailler encore plus pour être le joueur que j’étais avant. Mon genou n’est pas encore redevenu comme avant. Je dois prendre le rythme des matches. Avant la blessure, je pouvais me lever à n’importe quelle heure de la journée et jouer un match de 90 minutes. Je dois dépasser la peur.
La peur de quoi?
De me blesser, de rechuter, que le genou ne réponde pas.
Avez-vous appris quelque chose de votre blessure?
À plus profiter du football.
Que voulez-vous dire?
Quand tu joues, tu ne te rends pas compte du fait que le foot peut te manquer si tu ne joues pas.
Est-il vrai que vous avez dit que vous ne reviendriez pas à 100% avant environ un an?
Non. Ce que j’ai dit c’est que je ne retrouverai pas mon tonus musculaire avant un certain temps. Cela ne signifie pas que je ne suis pas bien. Il suffit de penser à Xavi qui est revenu de sa blessure il y a six mois et qui est tout simplement phénoménal en ce moment.
Avez-vous plus souffert durant votre blessure que les gens pensent?
Il n’y a que peu de gens qui savent à quel point j’ai souffert pour être là ou je suis.
Certains vous ont critiqué, car vous avez beaucoup voyagé pendant votre récupération…
Ah oui? Et c’est pour cela que j’ai récupéré un mois avant que prévu. Le problème ce sont ces gens qui parlent mais à qui personne ne rappelle jamais leurs paroles. Les gens s’acharnent à parler pour faire mal. C’est quelque chose que l’on ne peut pas changer.
De même, d’autres affirment que votre relation avec la majorité des joueurs est presque inexistante…
Ce ne sont que des mensonges! J’ai fait beaucoup d’efforts pour aller à Pampelune pour être avec mes coéquipiers, les aider et les encourager à tous les niveaux. Il aurait plutôt été facile d’attendre le Racing, mais j’ai voulu être avec mon autre famille. J’ai une super relation avec tout le monde. C’est clair que avec certains, j’ai une relation plus forte, mais nous sommes un groupe uni.
Que s’est-il passé avec Deco à Pampelune?
Que voulez-vous dire?
Du fait que lorsqu’on l’a remplacé, il est sorti sur le côté sans vous saluer, certains ont évoqué de mauvaises relations que vous entretiendriez avec lui…
C’est incroyable ! Je remercie Deco pour ce qu’il a fait, car s’il était venu là où j’étais, je n’aurais finalement joué que deux minutes. Je sais aussi qu’on dit que je ne suis pas en bons termes avec Ronaldinho, un autre grand mensonge.
On vous a vu sur le banc à Pampelune donner plus de consignes que Rijkaard.
Le fait est qu’en étant sur le banc, on voit mieux les actions de jeu que lorsqu’on est sur le terrain, car on a une plus grande vision d’ensemble et on voit les choses plus clairement. Les coéquipiers sont là pour aider.
Est-ce que trouvez Ronaldinho triste?
Non. C’est vrai que l’équipe n’a pas fonctionné comme on le voulait tous, mais il me semble injuste que l’on pointe Ronaldinho du doigt. Edmílson a déjà dit que Ronaldinho n’est pas un robot. Il a le droit de se reposer et d’avoir un jour sans, comme n’importe quel être humain. Il faut le respecter.
Avez-vous déjà à l’ovation que vous recevrez dimanche au Nou Camp à votre entrée sur la pelouse?
Franchement, je n’arrête pas d’y penser. Je suis très heureux ici et je me sens très aimé, c’est la raison pour laquelle je vivrai ce dimanche l’un des moments les plus émotifs de ma vie. C’est clair que les supporters sont très heureux, car grâce à Dieu il n’y a plus de blessés graves dans l’équipe.
Savez-vous déjà combien de temps vous allez jouer?
C’est à Rijkaard de décider, mais j’espère un peu plus de temps que contre Osasuna.
Craignez-vous que l’on compare la remise en forme de Messi à la vôtre?
Il n’y a que des gens mal intentionnés qui pourraient comparer ma blessure à celle de Messi. Il faut se féliciter qu’il soit très vite revenu, mais un genou est différent d’un pied.
Avez-vous été surpris par la bonne bonne passe traversée par Saviola face aux buts?
Pas du tout! Il est ici parce qu’il le mérite. Ses qualités sont indiscutables. Ça me fait rire d’entendre qu’il y a un troisième attaquant, un deuxième ou un premier.
Que pensez-vous de Gudjohnsen?
Les gens sont très injustes avec ‘Guddy’. Je trouve que certains médias lui font très mal. C’est un immense joueur selon moi. Il avait l’habitude de jouer, maintenant il est sur le banc. C’est la loi du football. Mais il démontre qu’il est un grand professionnel. Tout comme Ezquerro.
Ezquerro?
Oui, c’est dommage ce qui lui arrive, car c’est un grand joueur.
Que vous inspire le nom de Cristiano Ronaldo?
C’est un joueur qui m’enchante. Les grands joueurs sont toujours les bienvenus au Barça. Pour moi, c’est un joueur hors catégorie.
N’y aurait-il pas un trop-plein de cracks au Barça?
Ce sont les techniciens et le directeur technique de Barcelone qui doivent élaborer l’équipe et ils savent mieux que quiconque comment ils doivent le faire.
Qu’en est-il de votre naturalisation?
Depuis le 7 février dernier, je compte dix années de travail en Espagne et je peux désormais entamer les démarches.
Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga
Source : Sport.es