« Les joueurs avaient besoin d’être rassurés en ce qui concerne leur argent avant… ce n’est pas qu’ils avaient besoin de leur argent avant le début du match…. Ils voulaient juste avoir des précisions. Combien allaient-ils avoir par rapport à la convention qu’ils avaient signé avec la fédération et le ministère? C’est ce que les joueurs voulaient savoir. Mais comme il n’a pas démarré tôt sa réunion technique, les gens ont cru que les joueurs ne voulaient pas jouer. Je pense que lorsque le Président de la fédération est arrivé, nous nous sommes réunis avec quatre ou cinq joueurs de l’équipe nationale et nous avons mis les choses au clair »
Camfoot.com: Son Excellence, on vous a vu mercredi très en colère à la sortie du match et ce, devant la Presse Internationale après avoir été mis au courant du contenu des déclarations de Winfried Schäfer à la conférence de presse…
S.E. Albert Roger MILLA: J’étais très en colère parce que je pense que dans une équipe nationale, quoi qu’il arrive, l’entraîneur et les joueurs sont obligés de garder les secrets entre eux et je trouve anormal que l’équipe nationale du Cameroun soit mise à nu devant tout le monde par son entraîneur alors que c’est lui qui devait protéger cette équipe nationale.
Camfoot.com: Peut-être qu’en pensant que son heure était arrivée par rapport à la production du match, il s’est peut-être décidé à faire couler le navire?
S.E. Albert Roger MILLA: Peut-être. Je pense que la veille du match, il y a beaucoup de choses qui se sont dites entre les joueurs. Il était d’ailleurs là en personne. C’était une petite causerie et moi j’en ai profité pour prendre un peu attache avec tous les problèmes. Depuis un moment je ne les avais pas accompagné dans leurs matchs, que ce soit en Égypte, ou au Soudan. J’ai vraiment été très surpris et en colère la veille du match. Je pense que ce genre de choses ne doit pas se faire dans une équipe nationale et même dans une équipe de football. Les relations qu’il y a entre l’entraîneur et les joueurs sont des relations de famille. Des problèmes devraient rester entre eux. Cela ne doit pas… (silence). On ne peut pas prendre sa femme et la mettre à nue dehors (…silence) et être content après.
Camfoot.com: Winfried Schäfer dans le BILD ZEITUNG de jeudi déclare que les joueurs ont refusé de jouer deux heures avant le début du match et qu’ils ont réclamé 150 000 dollars. Info ou intox?
S.E. Albert Roger MILLA: Les joueurs avaient besoin d’être rassurés en ce qui concerne leur argent avant… ce n’est pas qu’ils avaient besoin de leur argent avant le début du match…. Ils voulaient juste avoir des précisions. Combien allaient-ils avoir par rapport à la convention qu’ils avaient signé avec la fédération et le ministère? C’est ce que les joueurs voulaient savoir. Mais comme il n’a pas démarré tôt sa réunion technique, les gens ont cru que les joueurs ne voulaient pas jouer. Je pense que lorsque le Président de la fédération est arrivé, nous nous sommes réunis avec quatre ou cinq joueurs de l’équipe nationale et nous avons mis les choses au clair et c’est comme ça qu’ils sont arrivés à la réunion technique, à laquelle moi-même j’ai assisté. Et lorsqu’il faisait sa réunion technique, il était tout content que ses joueurs soient là. Il y était pourtant tout souriant et il a fait normalement sa réunion technique.
Camfoot.com: Alors, qu’est-ce qui à bien pu se passer pendant le match? On a vu quelques fois des joueurs s’apostropher entre eux.
S.E. Albert Roger MILLA: Moi je n’étais pas au courant, je n’étais pas vraiment très impliqué. Après le match de mercredi, j’ai eu à leur dire que c’est inadmissible de faire des choses comme ça. Même déjà en tant que joueurs professionnels dans des clubs européens, c’est inadmissible de faire ce genre de choses dans un stade de football surtout dans un grand pays de football comme l’Allemagne.
Camfoot.com: Que va être la suite pour l’équipe nationale? Winfried Schäfer a été limogé, quel est l’état des lieux aujourd’hui?
S.E. Albert Roger MILLA: Le ministère et la fédération vont sûrement essayer de trouver une solution rapide pour trouver un entraîneur d’ici le mois de janvier. Surtout un bon entraîneur; un entraîneur capable de maîtriser tout c’est-à-dire maîtriser les joueurs, maîtriser son équipe et essayer d’avoir un poids sur les joueurs. Je pense que les bons entraîneurs, il y a en beaucoup. Mais nous voulons surtout un entraîneur de renom. Le Cameroun n’est plus un petit pays de football, pour aller prendre n’importe quel entraîneur pour venir entraîner l’équipe nationale. Je pense qu’il y en beaucoup de bons entraîneurs capables de faire le travail. J’espère surtout que le ministère et la fédération vont m’associer à la recherche et pourquoi pas aussi associer les anciens footballeurs camerounais. Il nous faut vraiment trouver un entraîneur capable de remettre les choses en place. Pour moi rien n’est perdu. On a encore quatre mois avant le match contre le Soudan pour ramener tous ceux qui ont abandonné l’équipe nationale à cause de petits tiraillements dans le groupe. Je pense si on a tous ces joueurs-là, on est capable de se qualifier. Je pense même que si mercredi, on avait tous nos joueurs ensemble, les Allemands auraient pris une raclée.
Maintenant, s’il faut préparer une nouvelle équipe, on sera dans l’obligation d’essayer les jeunes. Ce qui s’est passé mercredi est à oublier. Mais il faut que le Cameroun remette les choses en place pour qu’on puisse retrouver notre sérénité.
Camfoot.com: Quand vous parlez d’une personne de renom comme entraîneur, peut-on le trouver au Cameroun?
S.E. Albert Roger MILLA: Pourquoi pas? Quand je vois les noms qui circulent, je dis que nous avons des entraîneurs au Cameroun qui peuvent faire mieux que ceux-là. L’essentiel c’est de leur donner la possibilité d’entraîner sans avoir de pression, sans avoir des…(il hésite) conseils de gauche à droite. Je pense qu’on a besoin d’un grand entraîneur parce qu’on a une grande équipe. Il faut un très bon entraîneur qui puisse vraiment collaborer avec tout le monde.
Propos recueillis par Jean-Pierre ESSO, à Leipzig jpesso@camfoot.com