L’Ambassadeur Itinérant justifie plaide pour plus de considération dans le traitement des footballeurs évoluant au Cameroun et donne son appréciation sur le Comité de normalisation.
Quelle est la signification de votre présence ici au siège du Synafoc ?
Je suis venu délivrer un message simple : nous avons voulu avoir une prise de contact avec nos footballeurs professionnels, pour leur expliquer exactement ce que veut dire « Professionnel ». Parce que « Professionnel » et « Amateur », c’est deux choses différentes. Nous avons tenu à leur expliquer leurs devoirs et leurs droits. Etre joueur professionnel veut dire que le football c’est son travail. Il n’a pas à aller faire un autre travail alors qu’il est professionnel dans un club. Il faut bien que les joueurs respectent cela. Nous avons voulu apporter notre soutien aussi par rapport à tout ce que ces joueurs endurent depuis quelques mois. Nous leur avons apporté notre soutien pour la fin du championnat en leur disant que nous sommes de tout cœur avec eux, en les accompagnant dans leur travail qui est difficile. Il faut bien qu’un jour en sortant de là, qu’ils bénéficient de quelque chose, qui puisse aider chacun sa famille, aider les enfants à aller à l’école.
On a souvent l’impression que le footballeur au Cameroun ne maîtrise pas ses droits et ses obligations. Ce séminaire vise-t-il à faire face à ce type de situation ?
Tout à fait. C’est pour ça qu’il y a des juristes qui sont là, le Pr Ama Pierrot qui va leur parler de leur santé et leur alimentation. Je crois que tout est mis en place pour qu’à partir d’aujourd’hui, le joueur comprenne les réalités de ce métier.
Quelle appréciation faites-vous du professionnalisme tel qu’il est pratiqué ici au Cameroun ?
Pour moi, on n’est pas encore au professionnalisme. Si tout n’est pas mis en place pour que le joueur soit le bénéficiaire, pour moi, il serait inutile de parler de professionnalisme. J’avais dit depuis longtemps avant qu’il ne soit lancé que nous n’avions pas encore des moyens (physiques, financiers …) pour aborder le professionnalisme. On m’avait traité de tous les noms. Aujourd’hui, tout le monde me donne raison. Je ne voudrais pas qu’on continue toujours à me donner raison. Mais, ce que je veux, c’est l’application des normes. J’ai été en France et j’essaye toujours d’apporter les idées que j’ai reçues de là ici au Cameroun. C’est pour ça que je vais souvent dans les médias parler. Ce n’est pas souvent pour me vanter. Non ! Les footballeurs sont en difficulté aujourd’hui au Cameroun et il faut aussi leur donner les moyens en ce moment pour que plus tard, ils ne deviennent pas indigents. Il est inadmissible qu’à 30 ans, un footballeur est incapable de subvenir à ses besoins.
Comment trouvez-vous l’attitude des présidents de clubs qui ont plusieurs fois bloqué le championnat ?
Ils oublient que le championnat est géré par la Ligue. Il n’est pas géré par les présidents de clubs. Ils ne doivent pas se lever un matin pour dire qu’il n’y a pas championnat. Si c’est une grève qu’ils font, ils n’ont qu’à déposer un document qui explique leur mouvement. C’est comme si l’Etat n’avait pas un ministère de Travail. Il faut qu’ils respectent le Gouvernement et tous ceux qui y sont et dès lors ils n’auront aucun problème. Etre président de club ne veut pas dire qu’on commande le football camerounais. Sans les footballeurs, il n’y a pas de présidents de clubs, ni de Ligue. Je pense qu’on doit respecter ces garçons, qui, tous les jours, sous le soleil et la pluie, vont aux entraînements. Il faut qu’on leur donne le minimum. Ils ne demandent pas de gros salaires. Le peu qu’on leur doit, on doit leur donner.
On ne saurait terminer sans parler du Comité de normalisation qui a des missions pour le football camerounais. Quel regard jetez-vous sur ce Comité ?
Ce n’est pas à moi d’apporter une appréciation sur ce Comité de normalisation. Il a été mis en place par l’Etat. Il faut le dire, l’Etat a mis ce Comité en place, pour corriger les erreurs commises par le passé. Il faut changer les textes de notre Fédération et en même temps, dès lors que la Ligue est en place, changer aussi les statuts de cette Ligue. Il va falloir connaître qui gère la Ligue et savoir comment les choses se passent là-bas. On ne se lève pas un beau matin et tout le monde commence à gérer la Ligue. Elle a un président. Quand il y a une situation qui ne va pas, il faut que les gens s’asseyent ensemble pour trouver une solution. On ne peut pas amener le secrétaire général de la Ligue à signer un document au nom du président alors qu’il est sur place. Ce sont des erreurs qu’il ne faut jamais commettre. Il va falloir corriger tout cela. Nous pensons que le Comité de normalisation est là pour le faire. Nous attendons quand il va rendre sa copie. Nous espérons avec ce Comité que le football camerounais va redémarrer.
En ce moment, les championnats ne se déroulent pas dans quatre régions du Cameroun : le Sud, l’Adamaoua, l’Extrême-Nord et le Littoral. On a l’impression que depuis son installation, le Comité de normalisation s’occupe plus à autre chose que les compétitions régionales …
Je crois que le Comité de normalisation est en train de travailler. Tout le monde attend la copie de ce travail pour savoir comment le football camerounais va redécoller. Ne continuons plus à écouter tout ce qui se raconte partout concernant le football camerounais. Nous sommes un pays qu’on doit respecter. S’il faut parler du football dans le monde, le Cameroun fait partie des vingt premiers. On ne doit pas continuer à salir le nom du Cameroun comme ça.
Avez-vous déjà eu des contacts avec les membres du Comité de normalisation depuis qu’ils sont en fonction ?
Ils sont venus me voir et nous avons discuté longuement et tout s’est très bien passé. Il y avait Me N’Hannack, M. Mouangue et bien d’autres. Nous avons bien échangé. Nous avons été tous d’accord pour remettre les choses en place.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé