Après la sortie prévisible des bébés lions made in Europe, nous avons tendu notre micro à Richard Towa dans le hall de la Lindner Kongress Hotel de Düsseldorf. L’ancien International, actuellement entraîneur en Allemagne revient sur la prestation de l’équipe qu’il a conjointement dirigée avec François Ngoumou. Si pour lui cette équipe n’avait pas les qualités requises pour participer à un tournoi de cette hauteur, il n’en demeure pas moins que le plus important était de participer.
Camfoot.com: Quel bilan peut on dresser après cette participation au tournoi international de Düsseldorf? Richard Towa: Je peux tout simplement dire que cela a été très difficile pour nous, compte tenu de la qualité des joueurs que nous avions. Mais le plus important est que le Cameroun soit venu en Allemagne ; même si d’une manière générale on peut affirmer que sur le plan de l’organisation et de la préparation, les choses n’ont pas été comme elles devraient être. A côté de cela, il ne faut pas tout de même oublier qu’il y a deux jeunes qui sont rentrés en contact direct avec la Juventus de Turin, 2 autres avec le Werder de Brême et un avec le PSV Eindhoven. Je pense donc qu’il y a eu du positif et du négatif même si personnellement je n’ai pas eu le temps de m’impliquer un peu plus tôt. Camfoot.com: Quand avez-vous exactement intégré l’équipe ? Richard Towa: J’ai été notifié officiellement un jour avant le tournoi par une correspondance du MINSEP. J’ai vu pour la première fois cette formation à l’œuvre le vendredi 6 Avril c’est-à-dire la veille du début effectif du tournoi. Après une séance d’entraînement il était clair et net que cette formation ne pouvait pas tenir tête aux gros calibres que sont le Bayern de Munich, le PSV Eindhoven pour ne citer que ceux là. Camfoot.com: Pourquoi n’avoir pas refuser cette mission alors que vous n’aviez jamais vu ces joueurs à l’avance ? Richard Towa: Écoutez très bien ce que j’ai à vous dire. Je suis Camerounais et ancien International. Rien que pour cela il est difficile de dire non à la nation. J’ai été contacté par SE Roger Milla qui m’a demandé de donner un coup de main à cette équipe, le ministre lui-même a demandé à Monsieur Ngoumou et moi de coacher cette formation à ce tournoi, malgré mes occupations je ne pouvais que rendre service à mon pays comme tout bon patriote. Je vais vous raconter un peu mon histoire. Si je suis aujourd’hui ce que je suis c’est grâce à l’équipe nationale. Je suis venu participer à un tournoi en Allemagne en 1988 avec les lionceaux. Précisément à Illerzel où nous étions amenés par Karl-Heinz Weigang (ndlr entraîneur des lionceaux de l’époque de nationalité Allemande). Et c’est grâce à cette participation que j’ai été détecté par le Fortuna Cologne qui m’a ensuite invité faire des tests qui ont été concluant. Et je ne peux pas cacher que je gagne ma vie aujourd’hui grâce à ce passage ici en Allemagne. Et ça été le cas pour certains de ma génération comme Alioum Boukar, Mabouang Kessack, Eyidi Emille, Mouyeme, Ndjang Sonday, Tchakounang et Olivier Djappa (meilleur buteur de deuxième division Allemande en 2001). Il faudrait donc que les camerounais sachent qu’à chaque sortie des jeunes il y a une opportunité pour le football Camerounais de s’enrichir et de se développer. C’est pourquoi je salue l’action de François Ngoumou qui a réuni ces jeunes en quelques jours pour que notre pays soit présent à ce rendez-vous international. Camfoot.com: Sur le plan personnel est ce qu’il n’y a pas quand même un sentiment de frustration sachant que vous avez déjà atteint les demi-finales de ce même tournoi avec les jeunes d’Alemania Aachen ? Richard Towa: Je ne peux parler de frustration. Il y a eu des enseignements positifs et négatifs. Ceux qui croyaient au miracle savent que le football d’aujourd’hui ne ment pas. Nous avons quand même vu quelques joueurs qui pourront intégrer l’équipe de Jean Paul Akono. Comme je vous ai dit cette prestation n’enlève rien à mon image ici en Allemagne où j’ai déjà été 2 fois vainqueurs de la coupe et du championnat. Les organisateurs et le public ont été informé des problèmes administratifs qui ont empêché les vrais juniors de représenter convenablement notre pays. Je l’ai dit dès le départ, cette équipe n’avait pas les qualités requises pour participer à un tournoi de cette hauteur. Que ce soit sur le plan physique ou tactique, nous étions inférieurs. Avec le temps que nous avions, il était impossible de corriger ces manquements. Et on a senti qu’au fur et à mesure que les matchs s’enchaînaient, nos petits étaient fatigués. Ce qui s’explique bien évidement. Nous avions dans notre effectif des joueurs qui n’ont pas de club et ça ne pardonne pas face à des formations qui s’entraînent 10 fois en moyenne par semaines. Pour cela on peut tirer un coup de chapeau aux jeunes qui ont tout donné et surtout ne pas les en vouloir. On ne pouvait pas leur demander l’impossible. Par ailleurs, en participant à ce tournoi, nous avons donné la chance aux autres d’y revenir et notamment à la vraie équipe car les organisateurs s’étaient engagés à ne plus jamais inviter une équipe Africaine. Camfoot.com: Quels enseignements tirer de cette aventure … si on peut l’appeler ainsi ? Richard Towa: Il faut voir les choses d’une manière positive. Un forfait aurait annulé toute possibilité à une équipe africaine d’y revenir. Quand on sait que des stars d’aujourd’hui comme Kuranyi, Podolski, Owen, Critiano Ronaldo, Richardson sont passés par ici, on ne peut pas se permettre le luxe de ne pas donner la chance à nos petits frères pour les prochaines échéances. Nous avons clairement signifié aux organisateurs que les lionceaux, les vrais joueront un grand rôle dans le futur de ce tournoi. Pour cela une bonne préparation s’impose car même les vrais lions juniors peu entraînés auraient eu des difficultés. Quand on vient à ce genre de tournoi, il faut prendre des dispositions nécessaires que ce soit sur le plan sportif que sur le plan administratif car les équipes qui y participent sont très compétitives. Les enfants ont quand même beaucoup appris pendant les deux jours passés avec nous sur le plan tactique et technique. Je suis satisfait d’avoir rendu service à mon pays. Vous savez si le Ministre et SE Roger Milla prennent la peine de solliciter mon aide, refuser aurait été la chose la plus grave pour un Camerounais comme moi. L’équipe que j’entraîne actuellement était aussi en compétition, mais j’ai préférer rendre service à mon pays en laissant mon adjoint conduire notre formation. Je ne le regrette pas. En acceptant de participer, nous avons ouvert la porte aux autres générations. Camfoot.com: Comment avez-vous procédez à la sélection des joueurs ? Richard Towa: Je n’ai sélectionné aucun joueur. Je le répète tout ceux qui ont participé à cette compétition m’étaient étranger et ce n’est qu’a la veille de notre premier match que je suis entré en contact avec le groupe. Il faut rappeler qu’au départ, cette équipe formée en Belgique avait pour but de disputer un match amical contre les lionceaux bloqués au pays. Cela n’a pas été facile pour Monsieur Ngoumou et moi de la rendre compétitive en deux jours. Camfoot.com: Et l’aspect renumération ? Richard Towa: Pas du tout et ce n’était pas pour moi le plus important. S’il ne fallait penser qu’à l’argent, je serais resté avec mon employeur. J’étais dans le groupe pour apporter mon aide. Et c’est ce que j’ai fait avec plaisir. L’aspect financier n’a jamais été d’actualité pour moi. Nous étions là pour défendre les couleurs de notre pays et nous l’avons fait. C’est pour cela que je remercie le Ministre des sports pour n’avoir pas déclaré forfait ainsi que SE Roger Milla qui a pesé de tout son poids pour que le Cameroun soit invité à l’édition de 2008. Stephen Sunou