Il y a encore beaucoup de chose à faire, je suivais ce matin dans une radio étrangère et il se disait que le gouvernement d’un pays de l’Afrique du Nord avait débloqué 52 milliards pour financer le sport. Je crois que c’est quelque chose qu’il faut faire ici. Je crois que la Fécafoot n’a pas encore atteint la vitesse de croisière en la matière. Vous voyez que nos talents s’en vont. C’est parce qu’il n’y a véritablement pas tout ce qui motiverait une très bonne compétition chez nous, je préfère m’arrêter là et discuter avec les dirigeants de la Fécafoot…
Camfoot.com: Votre équipe en ce moment totalise trente points, et une position enviable de deuxième au classement. Êtes-vous satisfait des résultats actuels de la Foudre ?
René Bekolo Essama : Ce que nous disons c’est que la Foudre pouvait mieux faire, ça veut dire qu’ils ont eu un classement comme vous le dites honorable, mais nous pensons que nous avons un peu mal géré quelques matchs. Mais d’une manière générale, je suis satisfait même si je pense que notre équipe peut mieux faire.
Camfoot.com: Qu’est-ce qui peut expliquer cette bonne entame de saison ?
René Bekolo Essama : Ecoutez, la Foudre qu’on voit aujourd’hui est vieille de quatre ans. C’est une équipe qui a des enfants pétris de talents, qui a des enfants qui jouent ensemble depuis au moins quatre ans, qui se connaissent, qui ont un certain nombre d’automatisme, un encadrement technique qui sait se remettre en cause, c’est-à-dire que lorsqu’il y a des manquements que nous observons, nous essayons de les palier. D’une manière générale aussi nous avons une organisation humaine qui a fait ses preuves, ce qui fait que tout le monde se sent concerné. Tout le monde met la main à la patte afin que la Foudre puisse réaliser de bons résultats. Je résume donc, nous avons une équipe
homogène, un encadrement technique qui fait bien son travail, une organisation assez rigoureuse puis enfin
nous avons notre cher public qui continue de soutenir l’équipe. Voilà en gros ce qui explique les résultats
de la Foudre.
Camfoot.com: Il y a quelques semaines cet édifice a failli se briser avec votre démission annoncée, de quoi était-il question exactement ?
René Bekolo Essama : C’est une décision qui n’est pas partie. J’y réfléchis toujours. Je réfléchis toujours à ce que je devais
faire pour la Foudre. Si aujourd’hui je suis revenu, cela a été sur un appel insistant d’abord de ceux que
j’appelle mes enfants, les joueurs de la Foudre qui unanimement m’ont dit que si je partais ils pliaient
leurs bagages et arrêtaient de jouer dans la Foudre. Nous ne pouvions pas construire un édifice et laisser qu’il se gâte par notre propre fait. Et puis nous avions aussi observé qu’en réalité les problèmes auxquels nous faisons face sont des problèmes qui sont orchestrés juste par quelques petites personnes dont on ne connait pas les intentions. Est-ce que c’est pour nuire à l’équipe? Est-ce que c’est pour leur propre positionnement? Est-ce que pour me nuire? Étant entendu que c’était juste un petit groupe de personne qui créait tout ce désordre, il m’a semblé sage de revenir sur ma décision en attendant que les instances habiletés puissent statuer sur l’essor que nous voulons que la Foudre prenne. D’une manière générale j’ai reçu ici au bureau les autorités traditionnelles
de chez moi qui sont venus me demander véritablement de rester. C’était quand même des appels de cœur, mais
c’est surtout parce que je souhaite toujours que la Foudre vive, même lorsque je serais parti de la Foudre.
Camfoot.com: Est-ce qu’aujourd’hui ces personnes dont vous parlez sont revenus à des meilleurs sentiments ?
René Bekolo Essama : Ecoutez, je ne m’occupe pas beaucoup des personnes négatives. Je ne sais où elles sont. Je vous dis qu’elles ne sont pas déjà nombreuses. Ce que je sais c’est que tout le monde est derrière la Foudre.
Camfoot.com: La Foudre est le fils unique de tout le département du Nyong et Mfoumou et pourtant les élites tardent à s’impliquer pour le bon fonctionnement de l’équipe. Qu’est ce qu’il explique cette situation ?
On peut mettre ça à deux niveaux. D’abord au niveau de la base populaire, je crois que les populations dans
leur ensemble supportent la Foudre. Maintenant ceux qu’on appelle « élites », c’est celles qui sont à première
vue maintenant et à bien y analyser, elles soutiennent toujours l’équipe. Je crois honnêtement que la Foudre
doit repenser le financement de son équipe, parce que véritablement c’est de cela qu’il s’agit. Il est très
difficile compte tenu des charges que le football occasionne, et des contraintes que tout le monde a de
croire qu’une équipe peut être bâtie sur l’apport bénévole de quelques personnes. J’avais pensé à un moment qu’on allait faire comme en Côte d’Ivoire où il y a un actionnariat populaire où nous avons dix milles supporters de l’équipe qui cotisent pour la bonne marche du club. Jusque là c’est assez difficile. Il faut qu’on se retourne vers le sponsoring, le marketing, vers ces choses qui peuvent donner des ressources à la Foudre.
Je vais vous raconter une anecdote. Il y a un de nos joueurs qui est parti pour faire des tests à l’étranger, ceci par des voies que nous n’avons véritablement pas maîtrisé. Il s’est dit partout que pour que ce joueur parte on m’aurait donné 250 millions de francs et c’est d’ailleurs ça qui est à l’origine des problèmes. Heureusement que notre calme a payé parce qu’il ne fallait pas répondre à n’importe quoi. Aujourd’hui ce joueur a repris avec la
Foudre. Je crois que cela va confondre ceux qui croient qu’ils peuvent bâtir les vérités sur les choses qu’ils
n’ont pas vérifié.
Camfoot.com: Une radio faisait état de ce que vous achetiez les arbitres à Akonolinga. Y a-t-il quelques fondements à ces allégations ?
René Bekolo Essama : Nous avions fait droit de réponse mais, après nous avons laissé tomber parce qu’on s’est dit qu’il ne faut pas
susciter la polémique où il n’y en a pas. Vous avez vu les matchs de la Foudre. On aurait acheté un match à
Akonolinga, on n’a pas acheté non plus à Douala, Maroua, Bafoussam. Je crois que ce sont des choses qui
sont dépassées aujourd’hui. Nous n’avons déjà pas de l’argent pour payer nos joueurs, la Foudre a des
difficultés, nous ne le cachons pas. Alors au lieu d’encourager notre produit qui donne des résultats,
nous encourageons ceux des résultats qui ne sont pas toujours certains; je crois qu’il y a quelques choses
qui ne va pas. Nous n’avons pas les moyens pour gérer notre équipe comme nous l’aurions souhaité. On aurait pas
assez pour en donner aux autres et puis, qu’est-ce qui garanti que si on donne quelque chose à l’arbitre la
victoire est assurée? L’arbitre ira-t-il marquer dans le camp adverse? Non ce sont des choses dépassées. Nos enfants travaillent ensemble depuis quatre ans, sept ans même pour quelques uns.
Camfoot.com: Vous avez eu un litige avec Tonnerre au sujet du joueur Ebog, où vous avez eu gain de cause. Aujourd’hui le président Essomba Eyenga revient encore à la charge, quel est votre position ?
René Bekolo Essama : Observez toujours notre attitude. Nous ne répondons pas lorsqu’il s’agit de querelles byzantines. Nous pensons que le football doit se jouer sur le stade et que les résultats doivent justifier les plaintes des uns et des autres. Pour ce qui concerne Tonnerre, je dois dire sur un plan général que j’ai lu une interview où le président de Tonnerre disait que les supporters de la Foudre l’ont insulté. C’est vrai qu’il y ait pu avoir un égarement d’un
supporter ou d’un autre mais nous avons toujours fait montre de respect vis-à-vis du président Essomba, d’abord parce que c’est un grand frère que nous connaissons en dehors du football, mais aussi parce que nous savons tout ce qu’il a apporté dans le développement du football chez nous. Nous ne pouvons donc pas l’insulter. Je crois que cela devrait s’arrêter ainsi. Cela dit nous ne sommes pas faibles devant lui, le respect qu’on lui donne c’est
le respect qu’on donne à tout sportif, c’est une élégance humaine.
Parlons maintenant du cas Ebog. Nous savions que nous allions gagner. Tonnerre est un club ami et nous pensons que le jeu va se jouer sur le terrain et que s’il nous gagne au retour, c’est tant mieux pour eux. Ebog est notre joueur, avec une licence et il n’y a aucun doute de quelques nature que ce soit.
Camfoot.com: Après quinze journées de championnat, quels jugements portez-vous sur l’organisation générale de ce championnat ?
René Bekolo Essama : Il y a encore beaucoup de choses à faire, je suivais ce matin dans une radio étrangère et il se disait que le
gouvernement d’un pays de l’Afrique du Nord avait débloqué 52 milliards pour financer le sport. Je crois
que c’est quelque chose qu’il faut faire ici. Je crois que la Fécafoot n’a pas encore atteint la vitesse de
croisière en la matière. Vous voyez que nos talents s’en vont. C’est parce qu’il n’y a véritablement pas tout ce qui motiverait une très bonne compétition chez nous, je préfère m’arrêter là et discuter avec les dirigeants de la Fécafoot, mais je crois qu’il y a beaucoup de choses à faire.
Camfoot.com: Vous ne pensez pas qu’avec l’arrivée du DG, Patrick Precheur les choses vont s’améliorer ?
René Bekolo Essama : Pourquoi s’améliorait-elle? Est-ce que c’est un problème d’hommes que nous avons? Je ne pense pas. Déjà il
faut qu’on le juge sur le terrain. Je ne sais pas ce qu’il a fait auparavant dans le domaine du football,
quelles expériences il a. J’ai cru apprendre qu’il a joué à Nancy Lorraine avec Platini. Est-ce que c’est
suffisant pour diriger, je ne suis pas sûr, à moins que la fécafoot nous cache la véritable raison de son
arrivée. Cependant, ce n’est pas un problème d’homme que nous avons. On a des compétences ici pour gérer notre
football.
Camfoot.com: Si on revenait à la Foudre, quelles sont vos ambitions cette année ?
René Bekolo Essama : Le maintien en première division, je vous l’ai toujours dit, nos ambitions c’est de prendre plaisir à
jouer chaque match les uns après les autres, de gagner et d’avoir la satisfaction de donner tout. Nous allons
tout donner pour rester en première division, apporter quelque chose dans l’organisation du football chez
nous. Lorsqu’on l’aura fait, nous penserons que nous avons donné ce qu’on pouvait donner à notre département que nous aimons beaucoup, mais aussi au football. Je voudrais vous dire que je ne suis pas seulement dirigeant de football. J’ai joué au football dans mon enfance. Si vous rencontrez les camarades de classe de 4ème et même 3ème au lycée de Manengouba, nous étions appelé à remplacer le grand Tsebo dans l’Aigle de Nkongsamba, mais mes parents n’ont pas voulu que je continue. Le football a quelque chose de passionnant parce qu’il s’agit des hommes qu’on gère et il n’y a rien de plus passionnant que de gérer les hommes et de les voir grandir.
Camfoot.com: Les bons résultats actuels de la Foudre ne vous amènent pas à revoir vos objectifs à la hausse ?
René Bekolo Essama : Nous savons que la compétition va être très longue, et pour la gérer il faut gagner match après match.
Camfoot.com: Quels sont les problèmes que rencontre au quotidien un président de club ?
René Bekolo Essama : On ne va pas parler seulement de problème, on va parler de satisfaction. Je vous annonce que lorsque vous gagnez un match vous avez l’impression d’avoir construits quelque chose de très bien. Lorsque vous perdez, vous vous dites que vous n’avez pas fait ce qu’il fallait. Je crois que le problème de recette en est un de très profond. Je disais à un ami pour rigoler que je vais demander au comité central du R.D.P.C de me permettre de jouer avec la tenue de leur parti puisque nous savons que le R.D.P.C suscite beaucoup de recette. Nous avons les problèmes de stade, de logistique, nous avons les problèmes énormes sur le plan matériel.
Camfoot.com: Depuis la onzième journée, 50% de recette d’un match sont retenues par l’équipe qui accueille. Comment appréciez-vous cette mesure de la Fécafoot ?
René Bekolo Essama : Ce sont encore des choses inéquitables parce qu’aucun stade n’appartient au club. Il faudrait renforcer cette mesure. Nous avons mis la charrue avant les boeufs. Il fallait d’abord que les clubs aient la possibilité d’avoir leur installation, que les clubs puissent faire leur billet de stade, les contrôler eux-mêmes, que les clubs aient leur sécurité pour gérer tout cela, comme cela on serait sûr que les recettes vont augmenter. À Akonolinga, c’est un stade complètement ouvert, les billets viennent de je ne sais où, je n’irai pas plus loin parce que je ne
voudrais pas être celui qu’on indexera. Nous sommes en train de nous organiser, nous allons y mettre une dynamique tout à fait personnelle pour permettre que nos recettes s’améliorent et nous y comptons d’ailleurs beaucoup.
Camfoot.com: Sur un plan personnel, qu’est-ce qui vous fait rester dans le foot? Visée politique, recherche du gain ou passion pour le football.
René Bekolo Essama : (Rires) C’est vrai, il y a très peu de fonctionnaires qui dirigent les clubs de football. C’est à se
demander ce qu’un fonctionnaire va chercher dans le foot. Non, ce que je peux dire c’est que ce qui
m’attire sur le plan personnel c’est l’organisation humaine, voir comment on peut construire quelque chose
ensemble. Je ne sais pas ce qu’on entend par visées politiques. Je crois que ce qu’il faut retenir dans le
sport c’est la passion, les choses qui font grandir.
Camfoot.com: Si on parlait des lions indomptables, est-ce que vous êtes déjà supporter des Lions ?
René Bekolo Essama : Forcément, tous les Camerounais supportent les lions. Disons qu’ils se comportent assez bien, mais il ne
faut pas qu’on perde de vue que le tournant dans les éliminatoires c’est la Côte d’Ivoire. Il faut tout donner et mettre tout en oeuvre pour pouvoir bien gérer ce match sur le plan de l’organisation. Il faut éviter les à peu près. Tout doit être réglé parce que la Côte d’Ivoire se prépare aussi.
Camfoot.com: Cinq joueurs amateurs ont récemment figuré dans la liste des lions. Un peu de regret qu’un joueur de Foudre n’ait pas pu être retenu ?
René Bekolo Essama : Oui, je regrette mais je peux dire que la Foudre ne devait s’en prendre qu’à elle-même. Nous avons été très inconstant, il faut le reconnaître. À un moment on fait de bons résultats ensuite des mauvais… Mais je souhaite aux dirigeants sportifs de prêter un oeil attentif à la Foudre d’Akonolinga. Nous avons un vivier assez
impressionnant, des joueurs talentueux. Je pense que nous en avons cinq ou six joueurs qui peuvent évoluer à ce niveau. Je voudrais d’ailleurs vous dire une petite anecdote encore. Depuis deux ans, à chaque fin de championnat je perds la majeure partie de mon équipe. Les joueurs partent parce que sollicités par plusieurs équipes, mais lorsque le championnat commence les enfants sentent la nécessité de venir continuer l’oeuvre qu’ils ont commencé. Je crois que ce sont des signes de maturité qu’ils ont qui peuvent faire en sorte que les dirigeants au plus haut
niveau regarde ce qu’il font.
Camfoot.com: Est-ce que vous ne pensez pas que l’un des problèmes de clubs c’est leur personnalisation par des individus qui s’installent à la tête des équipes et ne veulent plus en repartir ?
René Bekolo Essama : Je ne peux pas parler de ce que je ne connais pas. Ce qui est constant c’est que les clubs ont des problèmes
financiers. On ne peut pas penser qu’une seule personne puisse s’accaparer un club. Je ne sais pas s’il y’en a qui se comportent comme ça, c’est la conjugaison des efforts qui font qu’on ait un véritable club. Pour ce qui est de la Foudre, nous avons toujours dit que notre seule force c’est la popularité de notre équipe. Nous voulons avoir 100 milles supporters qui cotisent. Les clubs professionnels c’est d’ailleurs ce qu’ils font. Il y a des gens qui apportent des contributions pour le fonctionnement de l’équipe. Nous souhaitons que ce soit toujours cette population, qui a aussi le droit de regard, qui a le droit de critiquer, qui a droit de conseiller, de suggérer. On pense que ce sont ces personnes qui sont les dirigeants de Foudre. Je crois que vous avez vu quand j’assiste à un match de la Foudre, je n’ai pas tant besoin que je sois présenté comme le président de l’équipe, ça ne m’intéresse pas. Ce que je souhaite c’est de voir que les choses sont bien organisées et que quelques personnes qui ont la charge de gérer l’équipe le font assez bien. Je n’ai pas besoin d’assise populaire parce que je ne suis pas député. Ce dont j’ai besoin c’est que les choses soient bien faites. Je conseille modestement que les gens
continuent de s’ouvrir pour bénéficier de l’apport de chacun, c’est avec cela que nous avons avancé
Camfoot.com: Votre dernier mot aux supporters de la Foudre ?
René Bekolo Essama : Aux supporters de la Foudre, je pourrais dire que nous n’avons qu’eux, nous comptons sur eux et nous les
remercions déjà pour tout ce qu’ils font pour leur équipe. On nous avait qualifié de très chauvin, de
barbare, je crois que cela a disparu. On se rend compte aujourd’hui que nous avons un public très discipliné
qui supporte son équipe. Je lance un appel à tous les Akonolinga où qu’ils se trouvent au Cameroun et à
l’étranger, la Foudre est absolument ouverte. Elle appartient à tous les Akonolinga et chacun doit se
sentir concerné.
Propos recueillis par Guy Nsigué