« Mon dernier match avec les LIONS est celui contre le Danemark, juste avant la Coupe du Monde au Japon. Il s’est passé des choses comme il s’en passe souvent au Cameroun. Je ne veux même pas en parler. Je dirais simplement que pour moi, venir en sélection ne devrait se faire que quand je suis bien avec moi-même, quand je joue en club et que tout se passe bien ».
Camfoot.com: Camfoot.com : Que devenez-vous, Françis KIOYO ?
Françis KIOYO: Après la descente en deuxième division de mon ancien club, le MUNICH 1860, même si mon président voulait que je reste dans l’équipe, le nouvel entraîneur avait d’autres plans. Il souhaitait surtout faire évoluer les jeunes allemands du club. Pendant la préparation, j’ai marqué quelques buts mais je ne jouais pas au début de la saison. J’ai alors demandé à être prêté. Sous la pression des supporters, on a souhaité seulement me prêter à une équipe inférieure à Munich 1860. J’avais pourtant des contacts avec Lille et Metz en France, Cagliari en Italie, Maccabi Tel-Aviv et le Hansa Rostock en Allemagne. Munich a refusé les sollicitations de toutes ces équipes. Si j’avais mon mot à dire je ne serais pas revenu 4 ans en arrière, parce que j’ai déjà joué en 2eme division en 2001/2002 (Greuther Fürth).
Aujourd’hui, je suis au ROT-WEISS ESSEN. La saison se passe bien. Je joue régulièrement et je marque des buts. J’ai retrouvé la joie de jouer. Bien sûr, Munich souhaite que je revienne à la fin de la saison.
Camfoot.com: Vous êtes reléguables avec le Rot-Weiss Essen à ce stade de la saison
Françis KIOYO: Nous sommes quinzième, mais pour moi ce n’est pas le plus important. Il me fallait me refaire une santé, recommencer à jouer, me faire voir comme à l’époque où je jouais à Cologne. Je suis arrivé à la 4eme journée pour un prêt de 9 mois. On n’a pas eu de la chance pendant les matches aller avec beaucoup de cas de blessure. Depuis la reprise, on a livré 5 matches donc quatre nuls et une victoire. Même si ce n’est pas trop brillant, on est un peu remonté au classement et les matches qui suivent sont un peu plus faciles. Si on les négocie bien, on s’en sortira.
Camfoot.com: Pas de blessure, un bon moral, tout se passe bien. Avez-vous des nouvelles du côté de la sélection nationale ?
Françis KIOYO: Mon dernier match avec les LIONS est celui contre le Danemark, juste avant la Coupe du Monde au Japon. Il s’est passé des choses comme il s’en passe souvent au Cameroun. Je ne veux même pas en parler. Je dirais simplement que pour moi, venir en sélection ne devrait se faire que quand je suis bien avec moi-même, quand je joue en club et que tout se passe bien.
Camfoot.com: Gardez vous contact avec les anciens camarades de la génération des juniors 99 qui sont en sélection ?
Françis KIOYO: Normalement on est en contact, surtout ceux avec qui j’ai grandi et joué au Cameroun. J’ai coupé un peu quand je suis allé à Munich, parce que j’avais des ambitions plutôt fortes. Pour moi, c’était important de passer à un niveau supérieur en 1ere division allemande. Bon cela n’a pas marché comme je voulais. je n’étais pas dans la bonne équipe au bon moment.
Concernant les Lions, je suis au courant des matches qui se jouent. 4 points de retard c’est vrai, mais je pense qu’on est capable avec l’effectif que l’on a. Il faudrait peut être rebâtir un groupe, comme celui qui a remporté la coupe d’Afrique 2002. Si les joueurs actuels peuvent reformer un groupe solide, ce serait bien. Ici les allemands ne nous laissent pas. Ils demandent à chaque fois si on va se qualifier. Une coupe du monde sans le Cameroun, c’est pas une coupe du monde… (Rires)
Camfoot.com: Avez-vous eu l’occasion d’aller à Leipzig voir le match du Cameroun contre l’Allemagne?
Françis KIOYO: Je ne pouvais pas du fait de mes entraînements prévus tous les jours de cette semaine là. Leipzig étant à 5 heures d’Essen, je ne pouvais pas y aller et revenir en forme pour le lendemain matin, même si des gens au pays m’ont appelé pour me dire qu’ils m’ont vu à la tribune pendant ce match ! J’en profite pour leur dire qu’ils m’ont confondu, je n’y étais pas.
Camfoot.com: Vous avez participé à la coupe du monde junior de la Fifa au Nigeria en 1999, en compagnie notamment de KAMENI, NGOM-KOME, MBAMI ET IDRISSOU. Quel souvenir avez-vous gardé de cette compétition ?
Françis KIOYO: C’est la seule compétition que j’ai pu livrer avec la sélection camerounaise. Après ça on s’était dit entre nous juniors qu’il fallait atteindre la grande équipe nationale, et essayer d’aller faire carrière en Europe. De toute notre sélection, il n’y a eu que quelques-uns qui ont pu réussir jusqu’à présent. C’est un peu cela le football. Chacun a sa chance, chacun suit son chemin.
Si j’avais l’opportunité de rentrer 5 ans en arrière, je n’aurais pas choisi de venir en Allemagne en tant que joueur de 20 ans après la Coupe du monde junior. Cela a plus ou moins retardé mon processus. Tous mes amis ou coéquipiers qui sont passés par la France ou d’autres pays francophones ont eu plus d’opportunités, dans ces endroits où les gens de couleur sont bien acceptés. Je prends le cas de Eric Djemba ou de Timothée Atouba qui ont été dans des clubs qui veulent former des jeunes joueurs pour les revendre. Ici en Allemagne, l’étranger vient en deuxième position. Cela m’a retardé dans ma carrière. Je n’ai pas perdu espoir. Je suis revenu à l’ouest de l’Allemagne dans une ville où on m’aime beaucoup et où on ne regarde pas la couleur de la peau. Je me donne deux ans pour retrouver un grand niveau de jeu « européen ».
Camfoot.com: Quels sont vos souhaits pour le futur ?
Françis KIOYO: Tout ce que je demande, c’est de rester en santé. Je connais mes capacités. Je vais remonter à un grand niveau. Et quand on y sera, tout viendra naturellement : l’équipe nationale, la gloire, etc. Je vais peut être changer de pays en fin de saison. La Bundesliga est l’un des championnats les moins médiatisés en Afrique, les gens n’ont pas d’opportunité de nous voir évoluer.
Camfoot.com: Un dernier mot?
Françis KIOYO: Je remercie Camfoot d’être venu me voir ici dans mon club et de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer. Depuis 6 ans que je suis en Allemagne, c’est la première fois qu’un média camerounais vient m’interviewer (rires). J’espère vous retrouver que ce soit dans le cadre national ou international, que ce soit avec l’équipe nationale ou dans les prochaines années, quand je jouerais en Ligue des Champions ou quelque chose de ce genre….
Propos recueillis à Essen (Allemagne) par Jean-Pierre ESSO