« Quand nous avons la chance d’avoir un équipementier qui nous fournit du matériel, et qui de surcroît a une réputation internationale, nous ne pouvions que lui faire confiance. Le Cameroun a 8 équipes nationales qui jouent des compétitions chaque année, ce n’est pas une mince affaire… »
Camfoot.com: Quels sont vos premiers sentiments après ce dénouement?
M. Atangana Mballa: Vous savez que ce qu’on attendait est arrivé, nous avions saisi le congrès de la CAF, c’est-à-dire nos pairs pour leur demander de nous soutenir dans ce combat : ceci a été fait. La demande de grâce a été présentée à l’Assemblée Générale de la Fifa et à l’unanimité des délégués, les 205 membres de l’association ont accepté cette grâce. Je crois que c’est un grand jour pour nous, l’injustice a été réparée. Je voudrais profiter de l’occasion pour remercier les fédérations africaines qui sans hésitation, dans un esprit de solidarité et de fair-play, ont soutenu le Cameroun pour que cette sanction soit levée. C’est un très bon exemple pour le football africain.
Camfoot.com: Avez vous eu peur la veille lorsque la rumeur dans les couloirs du Stade de France disait que Mr Blatter avait refusé de gracier le Cameroun ?
M. Atangana Mballa: C’est normal que nous ayions peur! Vous savez, depuis le 16 Avril que cette décision est tombée, nous avions perdu le sommeil, il y avait des rebondissements, des espoirs qui renaissaient et qui s’estompaient. Nous avons donc vécu ces 45 jours dans ce climat, c’était très épuisant et nerveusement difficile. Quand on avait la moindre information négative, vous pouvez imaginer notre état.
Camfoot.com: Pourquoi avoir choisi d’utilisr la « méthode forte » dès le début ? N’aurait-il pas fallu demander la grâce tout de suite ?
M. Atangana Mballa: Non, la grâce tout de suite je ne crois pas qu’il fallait la demander. Il y a eu une sorte de confusion dans cette affaire dès le début. Le Cameroun et la Fécafoot se trouvaient dans un environnement qu’ils ne maitrisaient pas, avec un sponsor, PUMA, qui avait donné toutes les assurances que tout était correct et réglementaire. Vous comprenez, le rapport de force n’est pas égal, une fédération comme la nôtre en Afrique a beaucoup de problèmes d’infrastructures et d’équipements. Quand nous avons la chance d’avoir un équipementier qui nous fournit du matériel, et qui de surcroit a une réputation internationale, nous ne pouvions que lui faire confiance. Le Cameroun a 8 équipes nationales qui jouent des compétitions chaque année, ce n’est pas une mince affaire. Dans cette affaire chacun a ses intérêts et je crois que c’est dans cet environnement là que nous nous sommes retrouvés mains et pieds liés dans cette affaire. En plus de ces procédures, c’est bien la 1ere fois que nous avons un problème de ce niveau.
Quand la FIFA nous dit que la Commission de discipline va siéger pour statuer sur les maillots, notre réaction c’est de voir quand même les statuts et règlements que nous avons. A partir de ces statuts et règlements on apprécie déjà les sanctions que nous pouvons encourir. Dans ce cas d’espèce, je crois que c’était peut-être des avertissements ou quelque chose de ce genre là; mais de là à un retrait de points, c’est quand même inédit, vous conviendrez avec moi.
Camfoot.com: On peut donc dire que le Cameroun passera un bon week-end de fête nationale : avez vous déjà téléphoné au pays ?
M. Atangana Mballa: Je l’ai fait dans la salle. Quand le président Blatter a proposé et le Congrès a approuvé, dans la même minute le Cameroun était au courant. C’est tout le monde qui est descendu dans les rues!
Camfoot.com: Votre mot de fin avant le retour au Cameroun…..
M. Atangana Mballa: Avec ce qui s’est passé, notre équipe doit maintenant prouver, avec la confiance que tout un continent vient de lui faire, ainsi que toute la grande famille mondiale du football, qu’elle mérite cette confiance et cette confiance devra peser pour la qualification pour le Mondial 2006. Ce ne sera pas facile, parce qu’on a une poule relevée : l’Egypte, la Côte d’Ivoire, le Soudan, le Bénin… sont des adversaires à ne pas négliger.
Joseph Blatter (Président de la FIFA): Je suis content de la décision prise par le Congrès parce que je ne peux pas intervenir sur les organes juridictionnels. Le message que je peux donner à vos internautes est que les fédérations nationales ne peuvent pas défier la FIFA dans une situation comme la Fécafoot s’est elle même mise. Ce n’était pas une question de maillots, c’est une question de n’avoir pas accompli la promesse que cette fédération a faite concernant le changement de maillots après trois matchs. Les maillots étaient là, ils ne l’ont pas fait. C’est un avertissement pour tout le monde.
Propos recueillis par JP ESSO à Paris