Après son propos liminaire où il a annoncé son retrait de l’équipe nationale, l’ancien capitaine des Lions a répondu à quelques questions de la presse.
Au moment où vous raccrochez vos crampons, quels sont vos meilleurs souvenirs et que comptez-vous faire maintenant que vous avez arrêté de jouer ?
En parlant de l’équipe nationale, j’ai des souvenirs inoubliables. J’ai gagné deux fois de suite la coupe d’Afrique des nations en 2000 et en 2002. Et pour cela, je tiens à remercier tous mes coéquipiers avec qui on a bataillé pour essayer de garder l’image du Cameroun au plus haut. Ce que je compte faire après ma carrière ? Pour le moment, je n’y pense pas encore puisque je suis toujours en activité. Après, j’aurais à faire un bilan total pour voir la suite et savoir ce que je pourrais faire.
Est-ce que vous vous limiterez uniquement au domaine sportif ou alors vous ferez dans autre chose ?
C’est vrai que depuis quelques temps, j’ai lancé une ligne de vêtement. Mais le lancement en Afrique n’est pas encore effectif. J’ai commencé en Europe, je fais du sport mais du classique aussi. Mon idée en créant cette ligne était d’apporter à l’Afrique quelque chose notamment à la jeunesse de demain, pour leur donner les moyens de s’offrir ne serait-ce qu’un maillot, qu’un short, une chaussure pour exprimer leur talent. Lle monde de la mode est différent, c’est pas facile. J’espère que d’ici quelque temps, je vais trouver les moyens pour être à la hauteur des plus grosses marques.
Est-ce que au moment ou vous décidez d’arrêter votre carrière, serait-ce de votre volonté que vous arrêtez ou alors vous avez été contraint ?
Avant même que la coupe du monde ne commence, je l’avais déjà annoncé. Cette volonté vient de moi-même. Il faut savoir partir. Je pars avec honneur. J’ai décidé d’arrêter avec l’équipe nationale, parce que j’ai le sentiment d’avoir tout donné. Vous m’avez accompagné jusqu’au bout de ce que je souhaitais faire. Je n’ai pas eu de pression de qui que ce soit. J’ai essayé pendant toutes ces années d’apporter tout ce que je pouvais avec votre soutien. Je pense que le moment est arrivé pour le bilan, que je ne suppose pas négatif. Je pars de cette équipe nationale avec fierté.
Pour la coupe du monde, qui a véritablement dérangé. Tantôt on parle d’Eto’o, tantôt on parle de Rigobert Song. Quel est votre part de vérité ?
(Il se lève) beaucoup de choses ont été dites sur ma personne après la coupe du monde. Vous croyez un seul instant qu’un père qui accouche un enfant et qui l’éduque et prépare son avenir peut encore détruire cet avenir ? Je ne pense pas. J’ai vécu de bons moments et des moments difficiles dans cette équipe et à aucun moment vous ne m’avez entendu dire quoi que ce soit. Tout ce qui a été dit à mon sujet est faux. À la coupe du monde, je suis resté là où on m’a demandé de rester.
Est-ce que vous pensez que c’était vraiment le moment de quitter les Lions ?
Je crois qu’il faut savoir quitter les choses avant que les choses ne vous quittent. Je pense que si aujourd’hui je pars, ce n’est pas parce que je ne peux plus donner le meilleur de moi-même. Je pars parce que je pense avoir accompli un devoir. Je pense vraiment que la nouvelle génération peut faire mieux que nous autre. À 34 ans, je ne peux plus faire mieux que ce que je faisais il y a dix ans.
Après la débâcle à la Can et à la coupe du monde 2010, comment entrevoyez-vous l’avenir des Lions indomptables sans vous ?
Je fais entièrement confiance à mes coéquipiers. Je laisse une équipe qui a beaucoup à prouver et je sais aussi que c’est des personnes qui ont toujours été présentes dans les moments difficiles. C’est une nouvelle équipe à qui il faut accorder un peu de temps. Il est question de continuer ce que nous avons commencé et je leur fais entièrement confiance.
Est-ce que Alexandre Song est votre frère ? (question d’un supporter)
Je pense que l’heure n’est pas à la frustration. Laissez tout le monde s’exprimer. (Il s’adresse aux hommes de médias qui boudent la question du supporter). Je vais répondre à votre question. Alexandre Song est mon neveu direct, donc c’est la famille.
Au moment de quitter les Lions, est-ce que vous avez passé le témoin à quelqu’un de particulier ?
Comme partout ailleurs il y a un successeur, il y a des leaders qui sont restés. Ils ont la lourde tâche de gérer cette équipe. Je pense qu’ils ont des capacités et des moyens pour pouvoir le faire. Vous savez, si on reste toujours dans l’esprit de dire est-ce qu’il fallait partir, on n’ira jamais. Nos ainés nous ont donné la possibilité de jouer. C’est à nous aussi de laisser la place aux autres. Je pense que les leaders qui sont restés vont continuer la mission.
Parlant de capitanat, dites nous comment s’est effectué le passage de témoin entre votre prédécesseur et vous et ensuite votre successeur et vous ?
Le témoin s’est très passé. Je pense tout simplement que chacun de nous à une façon de gérer les choses. Je fais tout simplement confiance au nouveau capitaine qui aura la tâche de porter cette équipe très haut. Je suis très confiant. C’est vrai qu’ils ne peuvent pas être comme vous le souhaitiez, mais cette personne à aussi des qualités qui vont permettre de porter cette équipe toujours plus haut.
Quel souvenir gardez-vous de Paul Le Guen ?
Je pense qu’il faut respecter le choix et le fonctionnement de tout un chacun. Lorsque Paul Le Guen est arrivé, je ne peux pas dire que j’ai été pénalisé, parce que même en club il y a des moments où on se retrouve sur le banc. Mais j’ai vécu quelque chose que je n’avais jamais vécu auparavant. Cela ne m’a pas énervé plus que ça, mais je pense que j’ai respecté le fonctionnement et la méthode Paul Le Guen.
Qu’est ce qui a fait que tu aies autant marqué les esprits durant toute ta carrière ?
Quand j’ai commencé, sincèrement je ne pensais pas arriver où je suis aujourd’hui. J’ai appris beaucoup auprès de mes ainés qui m’ont beaucoup soutenu. Je suis quelqu’un de nature très respectueux parce que c’est la règle de ma vie. Je ne peux pas dire que j’étais le meilleur joueur de ma génération mais je crois que j’ai toujours apporté ce que j’avais en moi, cette détermination, cette envie, même si parfois cela n’a pas toujours marché.
Recueillis par Guy Nsigué à Yaoundé