Nous avons rencontré Jean Claude Mbvoumin, ancien international camerounais et président de l’Association Foot Solidaire. Avant le lancement d’une grande campagne africaine sur le football jeune qui commence au mois de Janvier 2013, il a été question d’éplucher l’actualité, la coupe du monde minime et les activités de son association présente dans plusieurs pays africains.
Jean Claude Mbvoumin, AS Foot Solidaire Afrique a participé au prochain Mondial de Montaigu en avril 2012. Peut-on parler de réussite ?
Je profite de l’occasion qui m’est donnée de m’exprimer ici pour saluer la mémoire de Théophile Abéga, un footballeur immense, un leader sur et en dehors des terrains. C’est une grande perte pour le Cameroun.
Pour revenir à Montaigu, le fait d’avoir participé à cette compétition était une chance pour l’association et pour les jeunes Africains au vu du nombre d’équipes et de jeunes qui souhaitent participer chaque année. Cette expérience comptera dans le parcours des jeunes. Ce fut un vrai challenge logistique, car nous avons géré l’arrivée de plus d’une trentaine personnes venues de plusieurs pays. Il a fallu entre autre gérer les demandes de visas, gérer les défections de dernières minutes, le stage au Maroc, tout ceci avec des moyens limités. Je remercie le consulat de France à Yaoundé, qui nous ont fait confiance, ainsi que les Consulats du Maroc, du Mali et du Ghana, etc. Tous nos jeunes sont rentrés dans leurs familles. Je salue l’état d’esprit des familles africaines, notamment camerounaises, qui ont joué le jeu. Sur le plan sportif, nos jeunes n’ont pas démérités, malgré une préparation écourtée. Mais l’essentiel était de participer et de faire passer le message de protection des jeunes joueurs africains…L’année prochaine, nous essayerons d’être plus ambitieux sur le plan sportif.
Des regrets sur la non-participation du Cameroun à l’édition de 2012 ?
Forcément, d’autant plus que Richard Towa l’entraîneur des Lionceaux était confiant et semblait avoir bien préparé son groupe. En voyant que l’équipe Foot Solidaire Afrique, moins bien préparée, tutoyait la France et le Mexique, je me suis dit que les Lionceaux auraient pu aller très loin dans cette compétition.
Selon nos informations, les organisateurs du tournoi ne veulent plus entendre parler du Cameroun à Montaigu après ce qui s’est passé…
J’ai été deux fois à Montaigu rencontrer Michel Allemand et les organisateurs du tournoi depuis juin dernier. Michel était déçu de l’absence des Lionceaux, tant il adore le Cameroun. Il attendait beaucoup du Cameroun, car on attend toujours beaucoup des meilleurs.
Qu’en est-il ressorti de cette réunion ?
J’ai argumenté dans le sens de la réintégration des jeunes Camerounais dès 2014. J’ai été jeune footballeur au pays et je sais ce que représente un tournoi comme Montaigu. On rêve, les parents rêvent, tout le monde rêve et puis soudain tout tombe à l’eau. Ca cause des déceptions. Et c’est parce que je comprends les jeunes que je suis allé plaider leur cause auprès des organisateurs. J’ai aussi expliqué que notre football des jeunes était en grave difficulté et ne plus aller à Montaigu serait une double sanction. L’exercice a été difficile, mais au final, une porte s’est ouverte. Simplement Michel Allemand et les organisateurs auront besoin de plus de garanties à l’avenir, car ils ne souhaitent plus revivre une telle aventure. Maintenant, on sait tous que si la haute hiérarchie nationale (PM, MINSEP) a fait son boulot, il y a eu un problème au niveau opérationnel. Il nous faudra donc être meilleurs à ce niveau la prochaine fois.
Que faut-il faire à présent ?
Il faut dépassionner le problème, ne pas en faire un problème de personnes, mais agir au niveau structurel. Si le Premier Ministre et le Ministre des Sports ont donné leur feu vert à Michel Allemand en 2011, c’est qu’ils comprennent l’importance d’un tel tournoi pour l’avenir de notre football. C’est donc au niveau au niveau opérationnel, qu’il faut être meilleur comme je l’ai dit. Il faudra penser un système qui sécurise l’organisateur. En ce qui me concerne, j’entends participer à l’effort, à mon niveau, en faisant prochainement des propositions aux autorités publiques et sportives nationales. En effet, notre football des jeunes a besoin d’idées, d’une impulsion, si ce n’est d’un électrochoc.
Parlant justement de la base, qu’est-ce que ça vous fait de voir qu’une fois de plus, il n’y a pas eu de championnat des jeunes cette année au Cameroun ?
Ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’ensemble de notre football. Mais il faut ici aussi agir au niveau structurel, donner un cadre, trouver des solutions innovantes pour construire un football des jeunes attractif et moderne. J’ai appris qu’un trafic d’âges généralisé était à l’origine de cet arrêt. Quoiqu’il en soit, il faut tout faire pour redresser le football des jeunes, car il s’agit de l’avenir.
Vous étiez invités à Oslo en Norvège les 21 et 22 mai, invité par l’Association européenne des ligues professionnelles de football (EPFL) pour une conférence sur le football des jeunes. Quelles ont été les principales résolutions ?
C’était un « workshop » européen sur la formation, très technique, très académique mais aussi très concret. Il y avait tous les grands championnats européens : la ligue norvégienne, la Bundesliga, les ligas espagnole et portugaise, la Premier League, la ligue écossaise, la fédération Tchèque, etc et des grands clubs européens. Les Ligues professionnelles européennes m’avaient invité pour leur expliquer comment améliorer l’accueil des jeunes Africains au sein de leurs clubs, ce qu’ils pouvaient faire pour améliorer l’intégration et donc la réussite de leurs jeunes Africains. C’était incroyable de constater qu’en Europe, on construit déjà les stratégies pour former le footballeur des années 2020 à 2030…
Par Calvin Amougou