Le Comité de Normalisation de la Fecafoot dispose d’hommes à poigne au caractère trempé. Parmi eux, Le Prince Ngassa Happi est reconnu pour son intégrité. Nous l’avons rencontré pour discuter de l’avenir du sélectionneur des Lions Volker Finke, de l’avenir et du fonctionnement du comité de normalisation, et bien sûr des Lions Indomptables. Entretien…
Prince Ngassa Happi: « Je démissionne
Que représente pour vous la qualification des Lions Indomptables pour le mondial 2014 ?
La victoire de dimanche était la victoire de tout un peuple. C’était une démonstration de ce que si tous les camerounais sont unis, on a la victoire. Je pense que du chef de l’Etat au planteur du village, en passant par les « bayam sellam », les «benskins», tout le monde était d’accord qu’il fallait gagner ce match, y compris les joueurs. Il n’y avait pas les problèmes comme par le passé. Il y avait la sérénité à tous les niveaux. On a motivé les joueurs. Je pense qu’avec toute cette motivation, il était clair qu’on devrait avoir la victoire. Maintenant, il faut qu’on prépare sereinement, sans ambitions démesurées le mondial. Il faut que, chaque partenaire du mouvement sportif camerounais s’asseye et réfléchisse bien pour une bonne participation du Cameroun à la coupe du monde. Le plus difficile s’annonce aujourd’hui. Vous savez que quand vous êtes à la tête d’une équipe de football, il vaut mieux perdre les seizièmes de finale que de perdre en demi-finale ou en finale. Maintenant que nous allons en coupe du monde, il est sage de bien nous préparer.
Comment avez-vous trouvé la prestation des joueurs sur le stade ?
Je pense pour vous dire la vérité que, les joueurs ont bien joué. Je pense sincèrement qu’on ne doit pas sous-estimer l’équipe tunisienne, comme disent les gens. A mon niveau, si on a gagné, c’est parce qu’on a bien joué. Il n’y a pas d’ambigüité là-dessus. J’espère que l’entraineur a vu les failles de son équipe et qu’il doit les améliorer plus tard. Il ne faut pas qu’on dise que l’équipe tunisienne était faible, non. Il ne faut pas raconter des histoires. Si elle était faible, elle ne serait pas arrivée à ce niveau, c’est clair.
Certains anciens Lions pensent que pour la coupe du monde, il nous faudrait un nouveau sélectionneur. Etes-vous de cet avis ?
Je n’ai pas d’arguments pour discuter. Je pense qu’il faut prendre des décisions responsables. Il faut toujours réfléchir avant de prendre des décisions. Que ce soit Akono, il avait fait son travail en son temps. Sans lui, on ne serait pas arrivé. Cet entraineur a fait sa part de travail. On est qualifié, tant mieux. S’il faut changer, il faut qu’on s’asseye tranquillement pour réfléchir et analyser concrètement. Changer pour changer, ne sert à rien du tout.
Quelle a été la contribution du comité de normalisation pour cette qualification ?
Nous avons mis tout pour réussir et on a réussi. Ce n’est pas pour rien qu’on a promis cinquante millions malgré, nos petits problèmes actuels. Je pense que pour nous, c’était une motivation justifiée.
Quand vous dites que vous avez tout mis pour réussir, vous parlez de quoi précisément ?
Je ne veux pas entrer dans les détails de ce qu’on a fait. Quand on prépare un match de football, on ne dit pas tout ce qu’on fait. Dans les choses visibles, il y a notamment notre promesse de cinquante millions. Mais, il y a eu d’autres motivations, des circuits, on a fait beaucoup de choses qu’on ne peut pas dire. On ne prépare pas un match dans la tribune ou au marché.
Est-ce cinquante millions au groupe ou à chaque joueur ?
C’est une prime globale. On ne peut pas donner cinquante millions à chaque joueur. Le Cameroun n’est pas le Qatar ou l’Arabie Saoudite. Il ne faut pas exagérer.
Comment vit le comité de normalisation du football camerounais ?
La personne habilitée à parler au nom du comité, c’est le Président. Je suis le Vice-Président et si vous voulez savoir comment fonctionne le comité de normalisation, il faudrait vous adresser au Président, le Pr Owona.
Vous êtes membres du comité de normalisation en qui les camerounais ont une confiance totale. N’avez-vous pas peur de faillir à l’allure où semble évoluer les choses depuis un certain temps ?
Je ne voudrais pas que vous jugiez le comité de normalisation à quelques mois de son fonctionnement. Et puis, il faut que vous prouviez que les choses ne vont pas au comité de normalisation. Les gens pensent que nous avons des problèmes. Il n’y a pas de problème au comité de normalisation. En plus, dans tout mariage, il y a des petits soucis. Vous savez, il ne faut pas dire des conneries. Mais, dire qu’il y ait des problèmes qui puissent entraver la bonne marche du comité de normalisation, je pense que c’est une erreur grossière. Les gens m’ont beaucoup approché. J’ai reçu beaucoup de félicitations des ministres de partout. Je pense que je continuerai toujours à mettre à la disposition du comité de normalisation mon expertise et mon dévouement pour qu’on s’en sorte au moins valablement et que les choses aillent pour le mieux. Je travaille de pair avec le Pr Owona et les autres membres du comité. J’espère que nous parviendrons à temps à trouver des solutions à tous les problèmes du football camerounais.
Les membres du comité de normalisation comptent t-ils accompagner les Lions en coupe du monde ?
On n’a pas besoin d’être au comité de normalisation pour accompagner une équipe au mondial. Dans les pays organisés, il ne faut pas être membre du comité de normalisation pour faire parti de la délégation officielle pour une coupe du monde. La personne qui a la charge de l’équipe nationale à savoir le ministère peut choisir les grands sportifs et non ses copains, sa famille, ses amis pour les y emmener. Il doit choisir en ce moment là en fonction des critères précis, pas nécessairement nous, les anciennes gloires, les anciens dirigeants pour accompagner les Lions. Il ne faut pas être membre du comité de normalisation.
En ce qui concerne la durée du mandat, le mandat s’achève le 31 mars. Nous allons tout faire pour terminer le 31 mars. Mais, si par extraordinaire, il y a prorogation on doit assumer. Je pense qu’au niveau du comité de normalisation, personne ne voudrait être là, après le 31 mars. Personnellement, Je n’ai pas besoin d’être-là jusqu’au 31 mars pour aller au Brésil. Si je veux aller au Brésil, je peux payer mon billet d’avion et aller voir les matchs. Je n’ai pas besoin de profiter de l’occasion pour aller voir les matchs.
L’essentiel est d’essayer de préparer sereinement les Lions pour le mondial. Il ne faut pas créer des conflits qui pourraient détourner la sérénité de l’équipe. J’ai demandé que les gens soient calmes et sérieux, pas de tapage. Si tous les camerounais restent unis derrière les Lions comme dimanche dernier, il n’y aura pas de problème. Si on commence aujourd’hui à se bousculer pour les places dans la délégation, ce serait la pagaille. Je sais que les camerounais ont besoin de sérénité pour aller le plus loin au mondial comme on l’a fait en Italie.
Devons-nous comprendre par-là que le comité de normalisation achèvera son travail le 31 mars prochain ?
Pourquoi vous insistez ? Nous avons un délai. Nous avons été nommés par la FIFA et la CAF pour un travail déterminé. Nous avons un travail à faire. Il ne faut pas se comporter comme des enfants. On nous a confiés une mission. Si la mission se termine le 31 mars ou avant, pourquoi on y restera ? Si ça ne se termine pas le 31 mars, pourquoi voulez-vous que nous partions ? Je pense qu’ailleurs, au Gabon, on a fait une prolongation d’un an… Et les élections se sont faits il y a à peine un mois, plus d’un an après le délai initial. Il faut savoir ce qu’on veut. On fait un travail sérieux ou pas. Il ne faut pas que les camerounais s’accrochent sur la date du 31 mars. Si le travail se termine le 31 février, je ne vois pas pourquoi on va s’incruster. Si le 31 mars, on constate que ce n’est pas terminé et que la FIFA constate que l’objectif n’est pas atteint, il lui appartient de prolonger. En ce qui me concerne, il n’est pas question d’y rester pour être de la délégation qui se rendra au mondial. Mon but est de faire un travail sérieux. Ma préoccupation est que le travail soit bien fait.
Nous insistons parce que des sources à la Fédération nous disent que vous n’avez pas l’intention de partir le soir du 31 mars 2014…
Vous qui ? Il faut demander aux personnes qui divulguent les mauvaises informations de cesser de distraire le peuple. Il y a une personne habileté à parler au nom du comité de normalisation, c’est le président du comité de normalisation et même lui ne peut proroger l’échéance qu’avec l’accord de la FIFA. Si la FIFA dit : Monsieur… on vous change, on vous changera quelque soit ce que vous pensez puisque nous ne nous sommes pas autoproclamés. Si nous souhaitons rester jusqu’en juillet prochain et si notre demande n’est pas motivée, la FIFA, la CAF et le gouvernement camerounais, vont prendre leur responsabilité. Et avant que cela n’arrive, moi-même je vais démissionner. Que ce soit le Pr Owona ou moi, nous n’avons pas besoin du coup de pouce du comité de normalisation pour aller à la coupe du monde. Et je peux vous assurer que les autres membres non plus. Le ministère peut décider de choisir des membres qui non seulement sont dans le comité, mais qui sont des anciennes gloires à l’instar d’Owona Pascal et Michel Kaham. Si on les amène au Brésil, ce ne serait que mérité. Si on amène le prince Ngassa Happi ou un autre dirigeant du football au Brésil, ce ne serait pas de la mendicité. Ce ne serait qu’une récompense mérité pour tout ce qu’il a fait pour le football camerounais. Je prends un exemple tout bête comme-ça pour citer les anciens joueurs que je connais personnellement ou les anciens dirigeants. Ce ne sont que des exemples mérités. La reconnaissance, c’est quelque chose de noble, pas d’obligatoire.Cela peut servir d’exemple à la génération actuelle ou aux joueurs actuels que dans 20 ou 30 ans, on pensera à eux et que la nation leur est reconnaissante. Malheureusement, ce n’est pas le cas au Cameroun puisque depuis que je suis partie de l’Union de Douala, le ministre Owona est le seul à m’avoir invité à un match international. J’étais là en 1972. Je n’ai pas besoin d’aller découvrir quoi que ce soit au stade omnisports d’autant plus que, ça n’a pas changé grande chose. Vous voyez que c’est une honte que la FIFA reprogramme un match à 15 heures (CMR – TUN ndlr) parce que la pelouse du stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé n’est pas éclairée. J’ai honte. Ça, il faut se dire certaines vérités parce qu’il faudrait que ça change. J’espère qu’on doit améliorer… C’est une honte qu’on joue un match au Cameroun à 15 heures parce qu’on a peur de la pénombre. C’est une honte que le match Astres – Union de Douala (16ème de finale de la coupe du Cameroun ndlr) soit reporté parce que la pelouse du stade de la réunification de Douala n’est pas éclairée. C’est une honte… si on pouvait porter plainte. On n’a pas à être fier d’être camerounais quand après 40 ans les choses n’avancent pas. On n’a pas à être fier !
Entretien mené par James Kapnang