Le président du Comité Elect’foot dévoile l’objet de la consultation qu’il a eue avec le ministre des Sports. En même temps qu’il dénonce ce qui fait problème en ce moment à la Fédération camerounaise de football.
Vous êtes le coordonateur du Comité Elect’foot et vous avez rencontré le ministre des Sports dans le cadre des consultations sur le processus électoral à la Fécafoot. Comment avez-vous trouvé cette rencontre avec le ministre des Sports ?
Je vous remercie pour l’intérêt que vous portez au Comité Elect’foot que j’anime depuis 2009, comme Président, et non plus Coordonnateur comme cela avait été le cas en 2008 à sa création. Cela étant, notre rencontre avec le ministre des Sports le Mercredi 17/04/2013 dernier, a été civilisée. Nous y avions été conviés pour donner notre avis, notre analyse, de l’état de la mise en œuvre jusqu’à ce jour, des principales résolutions de la réunion tripartite FIFA-MINJES-FECAFOOT, tenue à Zurich le 05 Novembre 2004. Notre interlocuteur nous a également invités à faire nos propositions de nature à induire un meilleur cadrage du processus électoral à la FECAFOOT, et nous l’avons fait conformément à la philosophie, qui assigne à notre Comité un rôle de sentinelle, de veille, de réflexions pointues sur le football Camerounais. Au vue de la réaction du MINSEP, je puis dire au moins que nous avons été écoutés… Quant à savoir si nous avons été entendus, il s’agit d’une autre paire de manches.
Quels sont ceux de vos membres qui vous ont accompagné à ce rendez-vous ?
Notre délégation comptait 04 membres selon l’invitation du MINSEP. En dehors de Hervé NIKOM, absent pour cause de maladie à la dernière minute, deux autres membres et moi-même, avons répondu présents : Guy TONYE (Secrétaire Général du Comité), Pierre LEBON ELANGA ATEME (communicateur du Comité) et moi-même.
Quel a été le point majeur de vos échanges ?
Les points majeurs de notre échange ont été les élections actuelles à la FECAFOOT, et l’état détestable actuel du football camerounais. Concernant les élections, le processus est vicié à la base du fait d’un principe composant électorat à plus de 60% des Bureaux sortants, comme si pour une course de 100 mètres, on plaçait certains concurrents à 60 mètres de la ligne d’arrivée, c’est inadmissible tout cela. Pour ce qui est du football camerounais en général, le propre rapport de l’assemblée générale de la FECAFOOT, tenue à Yaoundé le 16 Mai 2012, indique clairement que sur 58 départements, on n’a joué au football que dans 15, les compétitions n’ayant pas été organisées dans 43 départements. Les propres textes de la FECAFOOT (mauvais, faut-il le rappeler), indiquent que le Bureau d’une ligue décentralisée n’ayant pas organisé d’activités durant l’olympiade, est automatiquement hors course, lors des opérations de renouvellement desdits organes. Bien évidemment, la FECAFOOT, du moins l’équipe actuellement à sa tête depuis 16 ans, s’est toujours singularisée par le non respect de ses propres textes. C’est ce qui explique qu’en dépit des injonctions logiques du MINSEP, que des élections avaient déjà été organisées dans 35 départements, alors que seuls 15 sont qualifiés pour le faire. Cette situation ressemble à un avocat qui se voit attribuer une charge dans une unité du territoire national, alors que ledit territoire ne dispose pas d’une juridiction fonctionnelle (Cour d’Appel, etc…) à quoi sert cet avocat dans ce territoire ? A rien du tout. A la FECAFOOT, les bureaux des ligues décentralisées ne sont en place que pour assurer la reconduction de l’équipe maffieuse qui a plongé le football camerounais dans un gouffre sans fond. Nous avons donc humblement indiqué au patron des sports de notre pays, qu’il n’avait pas à aller chercher ailleurs pour coincer la coterie aux affaires à la FECAFOOT, que dans le fait qu’elle s’est prise les pieds dans ses propres textes, sans oublier d’autres précédents qui se ramassent par camions à savoir, des armes à feu, des armes blanches, des gourdins brandis à Pouma au cours d’un match de football, un match de Football ayant valu 06 points aux deux protagonistes du jour (inter-poules de Maroua) alors qu’il y ‘avait eu voies de fait sur l’arbitre central du match. Or un match de football ne vaut que 03 points, et naturellement la situation actuelle où l’on ne joue au football que dans 15 départements sur les 58 que comptent le Cameroun est un manquement grave à la mission de base d’une fédération, qui consiste à promouvoir le football dans tout le territoire national. Au total, nous nous sommes dit beaucoup de choses avec le MINSEP. Notre espoir est qu’il les exploite à bon escient pour démolir la mafia à la tête de la FECAFOOT.
Pensez-vous avoir convaincu le ministre des Sports avec vos arguments ?
Nous n’étions pas allés là-bas pour le convaincre. Ceux qui cherchent à convaincre ont des choses à se reprocher ; ce qui n’est pas notre cas. Nous sommes des scientifiques et des professionnels ayant une idée très claire de l’importance du football. Nous avons élaboré une approche stratégique pour la restauration profonde de ce football au Cameroun, sans avoir été au préalable dans l’instance faitière de ce sport dans notre pays. C’est l’avenir de ce football qui nous préoccupe, ce d’autant plus que nous sommes les seuls à revendiquer une telle approche en ce moment, contrairement à toute la gestiologie, que l’on note ça et là, et qui n’est que l’expression simpliste des revendications alimentaires. Nous ne sommes pas non plus alignés dans les guerres de personnes. Seuls l’honneur et la dignité du Cameroun, constituent notre motivation. Alors, avons-nous convaincu le MINSEP ? Je dirai simplement que seul l’avenir nous le dira. En attendant, nous sommes parvenus au terme de nos échanges à une bonne convergence de visions, en ce qui concerne la relance. C’est le plus important à nos yeux.
Quelle appréciation faites-vous de la dernière lettre du ministre des Sports, demandant à la Fécafoot de reprendre les élections qui se sont tenues dans la « clandestinité » au mépris de la loi ?
Mais, ne pouvons qu’apprécier positivement la dernière lettre du MINSEP, puisque nous sommes contre tout ce qui concourt à affaiblir le Cameroun. La clandestinité fait partie des principes de fragilisation d’un pays, et c’est intolérable. Par ailleurs, nous avons tenu à rassurer le MINSEP, au sujet de l’épouvantail que représente une éventuelle sanction de la FIFA à l’encontre du Cameroun car, la FIFA ne gagne rien à s’opposer aux Etats, ou à les humilier. Les érudits de l’insignifiance ont fait de la menace FIFA leur fond de commerce, et ces érudits se recrutent dans les diverses connexions mafieuses qui se partagent l’argent du football au détriment des footballeurs en activités, dont l’état de misère crève les yeux. Tout ce qui est fait dans la clandestinité traduit le laxisme des diverses autorités administratives, et de maintien de l’ordre public. Si ce n’est de la complicité, tout cela met à mal l’autorité de l’Etat, et nous en avons tous besoin, puisqu’en tant que citoyens de ce pays, notre survie collective dépend de la puissance qu’incarne la force publique. L’article 4 des statuts de la FECAFOOT n’a pas d’autre destins que d’être amendé dans le respect des statuts standards de la FIFA et des résolutions de la tripartite de Zurich 2004. Ces dernières consacrent le fait que les personnes morales (clubs, association sportives civiles, associations des corps de métiers) seuls, sont membres de l’Assemblée générale de la FECAFOOT, et non les personnes physiques. Les premières sont membres de plein droit, les secondes le sont à titre consultatif. La FECAFOOT a fait le contraire. Voilà pourquoi la quasi-totalité des clubs de tradition de notre pays ont disparu, déstabilisés par des dirigeants fédéraux sans foi ni loi et donc, sauf à s’amuser, on ne peut organiser les élections à la FECAFOOT sans relire les textes, pour les arrimer aux statuts standards de la FIFA.
La Fécafoot a tout de même évoqué des arguments pour justifier son refus de reprendre les élections et continue plutôt à les tenir sans réécrire cette disposition de la loi. Vers où allons-nous ?
Nous allons droit vers le mur, bien entendu. L’Etat et tous les vrais acteurs du football ne devraient pas l’accepter, au prétexte d’une obsession à qualifier l’équipe nationale à la Coupe du Monde 2014 au Brésil. Le Football Camerounais est mort depuis l’époque Joseph OWONA. Ce dernier qui avait bien compris ce qu’il fallait faire, était disposé à affronter cette maffia, y compris contre la FIFA. Le Chef du gouvernement d’alors, s’était débiné à la dernière minute, et depuis lors, c’est la même musique, pendant que le football se meurt graduellement. Vous me pardonnerez, si je vous disais que l’actuel MINSEP n’y peut rien tout seul, contre les manipulateurs de la Présidence de la République. A moins de décider d’entrer dans l’histoire en démolissant Tsinga (Le siège de la Fécafoot, ndlr) au nom de la souveraineté (et il a ce pouvoir de par le Chef de l’Etat), quitte à la FIFA de sanctionner le Cameroun. Ce que tous le camerounais appellent de leurs vœux, à condition que la sanction contribue à arranger définitivement ce problème. L’Etat doit prendre ses responsabilités.
Quelles sont, selon vous, les solutions pour relever ce football camerounais qui est au creux de la vague ?
La seule solution, c’est la formation à la base. Ce que la FECAFOOT a noyé depuis au moins 10 ans, nous devons à la formation à la base. La fulgurance internationale que notre football a connue au cours des années 80 et 2000. La formation doit inclure la détection et l’encadrement des jeunes talents, et cela nécessite beaucoup de ressources, et surtout un management des plus adroits. La Ligue de football des jeunes (juniors, cadets et minimes) est aux oubliettes depuis plusieurs années. Pourtant, les ressources financières allouées à cela, sont partagées par des individus, qui devront bien un jour rendre compte, en la faveur d’un audit financier incontournable à la FECAFOOT. Le comité Elect’Foot donnera une conférence de presse à propos dans les prochaines semaines et dévoilera son concept de relance du football camerounais, à partir des arrondissements du Cameroun.
Elect’foot a-t-il un candidat à présenter à l’élection de la présidence de la Fécafoot ?
Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Les candidatures ne sont pas un problème. Mais aucune candidature externe à la FECAFOOT, avec ses statuts en l’état, ne saurait prospérer, quelque soit la pertinence des idées portées par un candidat. Il faut d’abord relire les textes de la FECAFOOT, pour leur donner un caractère démocratique, un caractère citoyen. C’est de cela que le Cameroun a plus besoin en ce moment.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé