À quelques heures du match retour des 16èmes de finale de la Champions league africaine qui oppose Cotonsport de Garoua à FC Saint Eloi Lupopo de Lubumbashi, le président du plénipotentiaire camerounais est optimiste. Il explique par ailleurs pourquoi le champion du Cameroun en titre peine souvent à briller sur la scène continentale, et la défection des clubs camerounais…
Camfoot.com: Peut-on dire à quelques heures de ce match que Cotonsport, votre équipe, est prêt ?
Pierre Kapténé : C’est toujours difficile de dire qu’on est prêt avant vraiment une compétition, quelle qu’elle soit. On se dit toujours qu’il y a toujours quelque chose à rectifier, à arranger avant le moment M. Mais, globalement, on peut considérer quand même qu’il n’y a pas de gros soucis, particuliers, à se faire ; il n’y a pas de problème de santé dans le groupe. La préparation est assez bonne; les joueurs sont internés depuis pratiquement trois jours ; suivis de près par l’encadrement technique et médical. Au niveau administratif, c’est vrai qu’on a quelques soucis avec les officiels notamment les arbitres qui ne sont pas toujours dans la ville. Mais, on pense qu’ils seront là avant demain à 15 heures 30, l’heure du début du match. En gros, on peut dire que la préparation est acceptable.
Camfoot.com: Vous avez mis vingt joueurs en stage…
Pierre Kapténé : Vous savez, la feuille de match ne compte que dix-huit joueurs. Donc, nous nous donnons une majorité de sécurité de deux, en se disant que, peut-être pendant les séances d’entraînement, il peut avoir des cas de blessure. Et c’est toujours bon de puiser dans ceux qui sont déjà ensemble que d’aller chercher un joueur qu’on aurait laissé au quartier. C’est pour ça que nous allons jusqu’à vingt, mais en réalité, il n’y aura que dix-huit qui seront retenus pour le match.
Camfoot.com: Ce match de ce dimanche, comment le sentez-vous quand on sait que votre équipe a perdu à Lubumbashi ?
Pierre Kapténé : : Vous savez, avec le temps qu’on a mis dans le milieu, il faut toujours rester prudent jusqu’au bout. Sinon, le score du match aller ne devrait pas être inquiétant si l’on considère que le but a été encaissé dans les toutes dernières minutes de la partie. Cotonsport n’avait pas particulièrement été dominé, au contraire. C’est pour cela que nous pensons que nos chances sont réelles, mais il faut rester vigilant et se dire, qu’avec la pression du public, le joueur peut se retrouver crispé ; si le but ne vient pas tout de suite, on commence à perdre la concentration ; et le pire est vite arrivé. Mais, nous espérons qu’on en n’arrivera pas là, et que nos chances sont bien réelles et nous les exploiterons vraiment à fond.
Camfoot.com: Vous parlez du public, et l’impact du 12ème joueur serait bien important. Comment comptez-vous mobiliser la foule pour venir soutenir cette équipe ?
Pierre Kapténé : Oui, c’est un peu notre problème ici à Garoua, beuh…ce n’est pas seulement ici, il est reconnu que le public camerounais est assez versatile et imprévisible. Donc, c’est un peu la difficulté que nous avons, parce que, rapidement, le public peut se mettre à supporter l’adversaire parce que les buts ne viennent pas tout de suite ; parce que les beaux gestes techniques qu’ils attendaient ne sont pas au rendez-vous, …bref c’est une éducation qu’il faudra peut-être entreprendre. Cela ne va pas se faire en une, deux saisons, pour que, peut-être demain (ce dimanche, ndlr), on puisse vivre ce qui se rencontre dans les stades magrébins, où vraiment les gens sont derrière leur équipe du début jusqu’à la dernière minute du match quelle que soit la prestation ou le résultat qui peut à un moment donné être défavorable à leur équipe.
« Nous sommes peut-être bien lotis localement, mais notre budget qu’on annonce à 3 ou 400 millions la saison n’atteint pas ce qu’un club maghrébin ou angolais met en jeu pour une seule rencontre ! »
Camfoot.com: C’est la énième fois pourrait-on dire que Cotonsport participe aux coupes africaines des clubs, sans toujours remporter une finale alors qu’il chapeaute le championnat national. L’équipe a-t-elle donc toutes les potentialités pour faire mieux que les années antérieures ?
Pierre Kapténé : Lorsqu’on va dans une compétition, on a toujours espoir qu’on peut aller jusqu’au bout, et c’est notre rêve. La remarque que vous faites, ce n’est pas aujourd’hui qu’on l’entend. Ce n’est pas une situation particulière à Cotonsport. En réalité, c’est tout le football camerounais qui connaît ce problème-là, pour lequel ceux qui s’intéressent vraiment à cette discipline trouvent le temps de réfléchir, de trouver vraiment une solution. Vous savez, nous sommes arrivés en première division en 1993, et le dernier trophée remporté par un club en coupes africaines des clubs remonte en 1981 (Union de Douala). C’est-à-dire qu’il y avait déjà 12 ans qu’aucun club camerounais n’avait gagné avant que Coton n’accède en première division. Nous avons retrouvé les autres dans ce qu’on peut considérer comme cette turpitude des clubs camerounais. La difficulté est ailleurs.
Par rapport à notre organisation, sur le plan local, nous pouvons toujours être parmi les trois ou quatre premières équipes. Mais, dès que vous attaquez le niveau continental, c’est d’autres moyens qui sont mis en jeu. Je vous prends l’exemple de Petro Athlético qui est arrivé à Douala il y a quelques semaines. On nous annonce un budget de 4 milliards, ils peuvent mobiliser un avion… Ce n’est pas notre cas. Nous sommes allés à Lubumbashi, il fallait aller dormir à Nairobi, ceci ou cela… C’est toujours difficile de gérer une compétition de haute envergure. Il y a des petits détails qui, au bout, comptent, parce que, vous perdez deux ou trois jours de voyage, la récupération n’est pas la même chose qu’une équipe qui vient dans un jet privé, qui passe quatre heures de voyage, joue, se repose, repart, sachant qu’au bout il y a peut-être 4 millions de primes. Il faut voir tout ça. Le problème de Coton c’est qu’effectivement nous dominons sur le plan national, mais il faut nous comparer aux autres. Nous sommes peut-être bien lotis localement, mais notre budget qu’on annonce à 3 ou 400 millions la saison n’atteint pas ce qu’un club maghrébin ou angolais met en jeu pour une seule rencontre ! Donc, c’est ça la difficulté bien de Cotonsport que d’autres clubs camerounais.
Camfoot.com: C’est ça donc qui justifierait que les équipes camerounaises ne brillent plus sur la scène africaine ?
Pierre Kapténé : C’est beaucoup de choses. Déjà il y a ce problème d’organisation et de soutien. Jusqu’à cette époque de 1980, en réalité, les compétitions de clubs étaient une affaire d’État. Il y avait l’office national des sports qui qualifiait les clubs, s’occupait des équipes engagées, etc. C’était une affaire d’État. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas : vous entendez chaque fois, telle équipe est menacée de forfait, voyagera, voyagera pas, parce que, ce sont les individus qui doivent se battre pour trouver les moyens. Il y avait l’avion militaire qui transportait les Canon, Tonnerre, Union et autres pour le voyage, mais aujourd’hui, il faut se casser la tête chaque fois pour trouver la formule économique pour quitter de Yaoundé-Douala pour la destination où vous jouez. Avec ça, on ne peut pas faire le poids avec ces équipes qui viennent par exemple dans leur jet privé.
Il y a cette affaire de managers qui sont là tout le temps pour dire, c’est moi qui ai fait partir Mbami, c’est moi qui fait partir Eto’o… ça fait que, d’une année à l’autre, vous ne repartez plus avec le même effectif. Donc, il faut revoir tout ça, peut-être organiser les États généraux du sport tel qu’on l’a annoncé, pour qu’on voie l’implication possible de l’Etat, comment la fédération et les équipes peuvent s’organiser, pour que nos clubs aient les coudées franches pour pouvoir redorer le blason de notre pays sur la scène continentale. Mais, si on reste dans les contextes actuels, la traversée du désert va encore durer pour longtemps.
Camfoot.com: Président, jusqu’ici, qu’est-ce que la tutelle (Ministère ou Fécafoot) vous a apporté comme appui depuis les préliminaires à ces 16èmes de finales de la ligue des champions ?
Pierre Kapténé : On nous a affecté un entraîneur national, qui n’est même pas soutenu. C’est tout.
Camfoot.com: De votre côté en tant que dirigeants, quelles sont les dispositions prises pour motiver les joueurs. Y’aura-t-il des primes spéciales pour cette Champions league ?
Pierre Kapténé : En réalité, le problème matériel ne peut pas être une préoccupation dans Cotonport. Ce n’est pas que nous roulons sur de l’or, loin de là (rire). Mais, les joueurs eux-mêmes savent que lorsqu’ils se mouillent, ils ont toujours un retour juste prix ou la juste motivation. Donc, on ne peut pas dire que spécialement il y aura une prime d’un tel montant…non. Ils savent qu’ils ne peuvent pas être déçus sur ce point.
« …l’objectif cette année, c’est rentrer au moins dans les matches de poule. »
Camfoot.com: Si ce n’est une indiscrétion, ils peuvent s’attendre à quoi ?
Pierre Kapténé : Non, c’est une habitude dans l’équipe, on n’annonce pas le montant des primes avant le match. Les joueurs savent qu’ils ne peuvent pas être déçus d’avoir mouillé le maillot. On pense qu’il y a des motivations plus importantes que le montant d’argent qu’on peut annoncer, parce qu’il est question de leur carrière à eux. S’ils peuvent aller jusqu’au bout de cette champions league, en entrant dans les matches de poule qui sont suffisamment médiatisés, et comme le rêve de tous ces joueurs c’est d’attraper une carrière professionnelle, il n’y a pas meilleure vitrine que de disputer ce tour final de la champions league, pour se faire voir et, éventuellement, attirer les recruteurs. Nous pensons que, ne serait-ce que ce challenge sportif, il est tellement déjà motivant par rapport à une somme d’argent qu’on peut annoncer, et qui est finie une ou deux semaines après.
Camfoot.com: Vous êtes donc optimiste par rapport à ce match retour !
Pierre Kapténé : L’équipe est en forme. Nous n’avons pu remonter le handicap de but de l’aller, mais maintenant pour le match de demain (dimanche, ndlr)…l’objectif cette année, c’est rentrer au moins dans les matches de poule. Bon, comme on a dit, on ne peut pas se voir à l’étape suivante sans traverser celle qui est devant nous. Essayons d’abord de gérer le match de ce dimanche, en espérant est celui que nous attendons et que nous espérons. Et après, l’objectif c’est au moins rentrer dans les matches de poules.
Entretien avec Kisito NGALAMOU, à Garoua
Les Congolais du FC saint Eloi Lupopo découvrent l’antre de Roumde Adjia
En attendant la grande explication de quelques heures, l’adversaire de Cotonsport a pris connaissance de la pelouse du stade omnisports de Garoua. Ils y ont tapé sur ballon, devant un petit public de curieux.
La séance de reconnaissance a eu lieu ce samedi, à partir de 15heures30, l’heure du match. Toute la délégation congolaise était au rendez-vous, conduite par André Willy Mbongutshiaba.
Sur le plan technique, c’est Andy Futila, l’entraîneur qui menait les opérations. Tout a commencé par une séance de prière, apparemment habituelle à cette formation. Des foulées, puis des passes, courtes et à une-deux touches ont suivi.
Les Congolais de Saint Eloi Lupopo ne mettaient pas plus de cinq minutes avant de prendre une bouteille d’eau pour se rafraîchir. À cause de la chaleur, très forte – onparle de 40 degrés à l’ombre-, il y avait d’ailleurs un responsable de l’équipe qui en avait la charge.
Le capitaine Jeannot Witakenge Kamengele et ses coéquipiers comptent braver cette canicule pour arracher leur qualification.
L’équipe congolaise était pratiquement au grand complet. 18 joueurs pour le match de ce dimanche contre Cotonsport de Garoua. 7 internationaux étaient annoncés, mais, six ont fait le déplacement de Garoua. L’absence de Lukoji Mbikayi, milieu offensif est à relever, blessé mercredi dernier à la séance d’entraînement à Lubumbashi. L’on devra découvrir par ailleurs la prestation des frères jumeaux Kabange Twite et Mbuyu Twite.
Pour l’histoire, Fc saint Eloi Lupopo a été créé dans les années 1930, pratiquement dans une cour de recréation d’une école primaire. Du nom d’un religieux Eloi, l’équipe est en première division depuis 1956, après quatre années en Deuxième division. 20 titres de champions de la Rdc et 12 titres de vainqueurs de la coupe lui sont attribués. d’où l’adjectif Lupopo qui lui a été adjoint, et qui veut dire, « qui tape tout le temps sur les autres » en langue swahili.
L’équipe est sponsorisée par la société nationale des chemins de fer du Congo. On parle de près de 500 millions versés à cette équipe chaque saison.
Du côté des officiels, les arbitres angolais Jose Leopoldo (Ac), Jose Zeferino (A1), Pedro Canombo (A2) arrivent ce samedi nuit à Garoua. Ils ont raté de justesse le train à Yaoundé hier soir. Un pick-up a été affrété pour eux, et a pris la route ce matin, aux environs de 10 heures. Le commissaire de match, Passi, est de RCA. Il est arrivé hier dans la capitale du Nord. Le 4ème arbitre, Abdoulaye Gambo, est Camerounais. La réunion technique doit se tenir plutôt demain dimanche…
Kisito NGALAMOU, à Garoua