Les supporters d’Osasuna ont été témoins de l’évolution de Pierre Achille Webo Kouamo, (Bafoussam, 20-01-82 ) depuis son arrivée en provenance du Nacional de Montevideo, et après son prêt à Leganés. Alors qu’il traverse sa quatrième saison dans ce club, le camerounais vit une folle idylle avec le public qui scande son nom et applaudit ses actions de jeu. Une manière de mettre en valeur son engagement sans limite sur le terrain, qui lui a permis de devenir une pièce indispensable dans le dispositif mis en place par Javier Aguirre.
Où avez-vous passé ces vacances de Noël?
Avec mes proches et mes amis d’Espagne, chez un cousin à Madrid. Je n’ai pas pu voyager au Cameroun à cause du match de ma sélection contre Euskadi. Je suis contrarié, car ce sont des moments que j’aime passer chez moi, avec ma famille, à prier tous ensemble la nuit du 24. C’est une coutume que je n’ai pas pu suivre cette année.
Comment communiquez-vous avec votre pays dans ces cas?
J’appelle ma mère, je place le téléphone de telle sorte que nous puissions tous entendre et nous prions ensemble, au Cameroun et à Madrid. C’est la deuxième fois que je passe les vacances loin de chez moi. La première fois c’était en Uruguay, et c’est dur. Tu penses à la famille, à ce qu’ils feront. Tu as envie d’aller à la messe avec eux, la musique de là-bas te manque. J’aime beaucoup la musique africaine, je l’écoute très souvent.
Qu’avez-vous l’habitude de faire une veille de Noël normale au Cameroun?
Nous dînons et après on va à la messe. Au retour, nous fêtons à la maison, puis on sort dans la rue, où il y a également une grande fête. Il y a beaucoup d’ambiance à Noël au Cameroun, avec des orchestres dans la rue, beaucoup de musique et d’animations, les discothèques sont pleines. C’est une grande fête pour tout le monde.
À combien avez-vous l’habitude de vous retrouver pour célébrer le réveillon de Noël ?
Nous sommes six frères, mais entre les cousins et les amis, on se retrouve nombreux ensemble. Le jour du réveillon, on s’échange les cadeaux; la tradition des Rois Mages n’existe pas là-bas.
D’où vous vient la tradition catholique?
Je ne sais pas. Je l’ai reçu de mon père qui est mort quand j’avais sept ans. Au Cameroun, de nombreuses religions se côtoient, mais il y a énormément de catholiques.
Que demandez-vous lors de votre prière du Réveillon?
La paix dans le monde, la tranquillité dans les familles. De l’aide pour les enfants qui n’ont rien à manger et qui meurent dans le monde. Pour moi-même, pas grand-chose : la santé et que les choses se passent mieux dans mon travail.
Êtes-vous content de la façon dont les choses se passent pour vous?
Je suis content, mais je ne me formalise pas, car on a toujours beaucoup à améliorer. Je dois continuer à apprendre, la route devant moi est encore longue.
Sur quelles vertus (qualités) vous appuyez-vous pour avancer?
Je ne sais pas. Mes amis pourraient vous dire… D’après eux mes qualités sont l’humilité, le travail, la persévérance et la ténacité.
Dans quelle équipe aimeriez-vous jouer?
Osasuna
De quels joueurs aimeriez-vous recevoir des passes?
Savo Milosevic… Ceux que j’ai ici! Sans personnaliser, nous avons une bonne équipe.
Et le public d’Osasuna?
Qu’il reste comme il est. Nous savons qu’il est là, qu’il nous soutient, nous avons besoin de lui et nous nous battrons à fond sur le terrain pour continuer à lui donner la joie qu’il a en ce moment. Qu’il profite des moments que traverse l’Osasunisme.
Votre évolution dans l’équipe est évidente. Lors des derniers matches, vous étiez dans le 11 de départ.
Heureusement, j’ai pu bénéficier d’un grand temps de jeu ces derniers temps. J’ai toujours dit qu’il y aurait des opportunités et qu’il valait mieux attendre. Je prends du plaisir à jouer avec mes coéquipiers.
Même quand on est dans le 11 de départ, il y a toujours le risque d’être remplacé, quelque chose que vous n’aimez pas du tout, si l’on en croit la tête que vous faites souvent…
Moi…?
Oui, les images de télévision peuvent en témoigner.
Nous nous préparons tous pour jouer 90 minutes. On veut toujours jouer plus, mais l’entraîneur sait ce que chacun peut faire et quand nous sommes au mieux.
Vous vous êtes également fait une place avec les Lions Indomptables du Cameroun.
L’équipe nationale pour moi c’est le summum. On se sent important quand on est appelé, c’est un pas de plus dans la carrière. Nous sommes des ambassadeurs du pays. J’y ai passé de très bons moments, malgré la dure élimination pour le Mondial. Je m’y suis fait de nombreux amis, avec lesquels je parle très souvent au téléphone.
Webo est parmi les trois joueurs les plus aimés par le stade Reyno de Navarra (nouveau nom de l’ancien El Sadar).
Quels sont les deux autres?
Les autres deux noms diffèrent d’un supporter à l’autre, mais ce qui est sûr c’est que votre nom revient toujours dans les trois premiers.
Ils me portent spécialement dans leurs cœurs, et je les en remercie beaucoup. Je ne trouve pas d’autre façon de les remercier que de tout donner sur le terrain. Pour le supporter qui vient, chante, supporte le froid, saute et encourage, que nous gagnions ou que nous perdions, je n’ai que des paroles de remerciement et l’envie de tout donner sur le terrain.
Après avoir vécu en Uruguay et l’année difficile à Madrid (Leganès), que pensez-vous de la reconnaissance des supporters d’Osasuna?
C’est un autre contrat moral que j’ai et qui dépasse le football. Entendre ton nom chanté lors d’un match suscite un engagement personnel qui te pousse à satisfaire ses supporters.
Et se retrouver au Bernabéu, avec les « galactiques » en face?
Dès le vestiaire, c’est un match que tu veux prendre du plaisir à jouer, et à part quelques incidents, ce fut le cas.
Mais que ressent Webo après un si long chemin parcouru de se retrouver titulaire au Bernabéu?
C’est un grand stade, le meilleur au monde, mais j’ai aussi eu la chance de jouer dans d’autres grands stades comme la Bombonera en Argentine, le Centenario en Uruguay, ou dans notre stade au Cameroun devant 120.000 personnes. J’ai la chance d’avoir roulé ma bosse.
Aimeriez-vous continuer à Osasuna dans l’avenir?
Mon monde se trouve en ce moment à Pampelune. Mais ce n’est pas facile de dire où je serai demain. Avant d’arriver à Pampelune, ma vie c’était Montevideo, et je m’y sentais bien. De là, je suis allé à Madrid, et ça ne s’est pas bien passé. Je n’aime pas trop Madrid, mais à présent je suis très bien à Pampelune. Je ne sais pas où je serai demain. Je me suis fait de nombreux amis à Pampelune, mais qui sait…
Et que faites-vous avec ces amis en dehors du football?
Je me repose autant que je peux, pendant la sieste… J’aime être avec eux, et on va très souvent au cinéma, j’écoute de la musique, principalement la musique africaine. Je lis très peu, sauf la bible chaque jour.
Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga –Camfoot.com–