Le ministre des Sports et de l’Éducation physique a accepté de répondre à nos questions, après la cérémonie de réception de l’équipe nationale A’ vainqueur récent de la deuxième édition de la coupe Cemac. Dans un entretien vérité, le patron des sports dévoile ses stratégies pour remettre le mouvement sportif sur orbite. Il parle des élections à la Fecafoot, de l’avenir des Lions avant d’émettre les sentiments qui l’animent concernant le deuxième ballon d’or du goleador camerounais, Samuel Eto’o Fils.
Camfoot.com: Vous venez de recevoir les Lions A’ qui ont remporté le tournoi de la CEMAC à Libreville, et c’est le premier trophée depuis votre nomination à la tête du ministère des sports. Quel sentiment vous anime?
P. Mbarga Mboa : Disons que nous essayons de faire des choses comme elles doivent être, faites. Je crois aussi que les résultats en matière de sport et de football singulièrement ne sont pas toujours le fait du hasard, même s’il persiste une dose d’incertitude qui fait d’ailleurs la glorieuse incertitude du sport. C’est généralement le fruit d’un travail, et je pense que ce travail a été fait. C’est aussi le fruit d’une communion de cœur. J’insiste pour que les joueurs qui évoluent aient l’esprit dégagé et l’esprit serein. C’est un peu comme à la maison lorsque vous voyez le papa et la maman se battre, les enfants ne baignent pas dans la sérénité et les résultats s’en ressentent. S’il y a harmonie au niveau des parents, il y a synergie à l’école et les résultats suivent et je pense que maintenant c’est le cas et nous essayons de travailler dans l’apaisement. N’oubliez pas qu’on a un grand enjeu qui arrive, qui a besoin d’un terrain préparé, d’un terrain calme, d’un terrain de communion, d’un terrain pacifié.
Camfoot.com: Excellence, vous recevez les Lions A’. Est-ce une façon de fêter votre premier trophée ou bien êtes-vous sur les traces de vos prédécesseurs ?
P. Mbarga Mboa : Je suis sur mes traces à moi. Je pense que quand un enfant travaille bien même à l’école, le soir il faut que papa lui montre qu’il est content. Il était bon que pour ces enfants qui nous ont fait plaisir à Libreville, nous leur manifestions notre joie. Cela les encourage, cela les incite à aller de l’avant. C’est dans cet esprit que je l’ai fait aujourd’hui. J’espère que j’aurai d’autres occasions.
Camfoot.com: Vous êtes ministre des Sports. L’équipe nationale de tennis table a remporté voici un mois une médaille d’or africaine à Brazzaville au Congo. Aujourd’hui les footballeurs remportent une compétition sous régionale et ils sont reçus. Pouvez-vous soutenir qu’il n’y a pas de sport mineur, de sport majeur encore moins de sport réservé ?
P. Mbarga Mboa : Vous savez que les médailles valent toutes ce qu’elles valent et ce sont des trophées que le Cameroun remporte. Vous auriez dû, dans vos exemples, citer Françoise Mbango et ce n’est pas le football. Vous avez vu comment elle a été reçue ! Laissez-nous évoluer ensemble dans un chemin que nous traçons, dans un chemin qui doit nous permettre tous ensemble de fêter, peut-être différemment, à notre façon, les médailles qui arrivent. Observez ce qui va être fait à partir de maintenant. Je crois que tout le monde a besoin d’être encouragé. Les camerounais aujourd’hui réalisent qu’une médaille d’où qu’elle vienne vaut son pesant d’or, vous avez vu comment les camerounais ont accueilli la victoire de Françoise Mbango. Nous sommes tous restés devant nos écrans de télévision autant sinon plus que s’il s’agissait d’un match de football. Il est donc bon que quand une médaille vient au pays qu’elle soit fêtée. Mais laissez que cela nous prenne du temps. Vous savez qu’on ne renverse pas une grosse machine comme ça. Il faut y mettre du temps, de la volonté, et c’est aussi une œuvre commune. Comment avez-vous fêté, vous journalistes, cette médaille donc vous parlez ? Certainement pas comme une de football. Malheureusement, c’est vous qui posez les questions et moi les réponses.
Camfoot.com: Vous avez suivi l’assemblée générale de la Fécafoot. Quel est le sentiment général de monsieur le ministre après les travaux de mardi dernier ?
P. Mbarga Mboa : Je voudrais, comme je l’ai dit, ne pas me mêler de ce qui se passe dans les fédérations. Ce qui s’est passé à l’hôtel Mont Fébé concerne la fédération camerounaise de football. Vous ne m’avez pas posé les mêmes questions quand les autres fédérations se réunissaient. Ce qui m’intéresse, c’est que chaque fédération soit conforme à ses textes, et aux lois de la République. Lorsque les lois de la République seront bafouées, j’interviendrai. Si ce n’est pas le cas, laissons les gens travailler dans la sérénité. Je vous rappelle que j’ai été à la fédération camerounaise de football moi aussi, et j’ai, à certains moments, souffert des intrusions que je qualifiais à l’époque d’intempestives. Je ne ferais pas aujourd’hui aux autres ce que je ne voulais pas qu’on me fît hier tout simplement.
Camfoot.com: Excellence, le Cameroun joue dans un mois contre le Soudan à Yaoundé, où se trouve l’entraîneur ? Avez-vous une idée de son programme ? On ne le voit pas et la peur qu’il se retrouve à habiter en Europe comme le précédent fait son chemin…
P. Mbarga Mboa : Je vous remercie. C’est une excellente question et j’ai envie de vous demander également où se trouvent Eto’o, Song, Kameni… J’ai peur aussi qu’ils n’habitent pas le Cameroun. Nos joueurs sont à l’étranger. Nous venons de recruter un entraîneur dont la première tâche aujourd’hui doit être de suivre les joueurs sur leur terrain d’évolution. J’ai moi-même instruit Artur Jorge pour que cela se passe ainsi. Je n’ai pas forcément aujourd’hui besoin d’Artur Jorge dans un palace de Yaoundé ou des environs de Yaoundé. J’ai besoin d’Artur Jorge là où sont les joueurs qui demain vont défendre les couleurs du Cameroun. Ne nous attendons pas à une présence continue d’Artur Jorge au Cameroun très souvent. Quand il est au Cameroun, il ne travaille pas d’autant plus que le championnat n’a pas démarré. Je n’ai pas besoin d’Artur Jorge et s’il était là aujourd’hui, je lui dirais de reprendre l’avion et aller suivre les joueurs et discuter avec leur club pour qu’on les libère à temps.
Camfoot.com: Pourquoi ce retard dans le choix du reste du staff avec la nomination d’un médecin et d’un directeur administratif ?
P. Mbarga Mboa : Pour moi l’équipe nationale du Cameroun est sacrée. C’est un bien inaliénable qui demande beaucoup de sérieux dans le choix. J’ai reçu une multitude de dossiers de candidature pour ce qui concerne l’équipe médicale, beaucoup plus que je l’aurai espéré. Je voudrai que chaque candidat ait sa chance. Nous prenons le temps d’analyser, d’examiner. Dieu merci, nous n’avons pas besoin aujourd’hui de cette équipe médicale ; on a donc un peu de temps devant nous. Laissez-nous le temps de faire les choses de façon que lorsque cette liste sera publiée, vous soyez content, comme beaucoup l’ont été pour les entraîneurs, et que vous ayez le sentiment que le travail a été très bien fait. Il en va de même de l’équipe administrative qui va accompagner ces joueurs et donc le rôle est important, et j’en connais les contours.
Je voudrais également dans ce mouvement sportif qu’on ne jette pas les anciennes gloires, celles par qui aujourd’hui nous sommes fiers d’être ce que nous sommes. Je voudrais les intégrer dans certains mouvements sportifs donc le football. Il y a des anciens joueurs qui peuvent jouer un rôle et qui connaissent très bien ce milieu et qui donnent par là des raisons d’espérer à ceux qui jouent aujourd’hui. C’est ainsi qu’il faut lire la nomination de Mboma et d’autres interviendront dans les différents effectifs qui sont à compléter parce qu’il est bon que nous venions aussi vers ces anciens, et ce ne sera pas que le football. Je veillerais que dans d’autres disciplines, qu’il en soit ainsi. Cela me gène de voir Joseph Bessala traîner, et je pense que Bessala qui ne peut plus boxer aujourd’hui a quelque chose qu’il puisse apporter, un conseil ou même une présence. Bessala est un symbole, voyez-vous, ce genre de gloire, nous devons les intégrer dans notre mouvement. Ailleurs, ces gens sont des gloires qu’on respecte et qu’on vénère, il faut qu’il en soit de même au Cameroun.
Camfoot.com: Eto’o Fils a été élu Ballon d’or africain pour la deuxième fois consécutive. Quelle est la réaction du patron des sports camerounais ?
P. Mbarga Mboa : Une très très grande joie. C’est quelque chose qui honore encore notre pays et je pense qu’Eto’o le mérite amplement. J’ai vu Eto’o jouer. Je dois vous dire qu’en dehors des stades, c’est un garçon fabuleux. Aujourd’hui dans le maintien de l’esprit lion qui revient dans notre nationale, Eto’o y est pour beaucoup parce qu’il a su rester modeste ; il a su rentrer dans un groupe même si ses prestations le mettent au-dessus du groupe. Il sait qu’il appartient à un groupe et est conscient que ce qu’il est aujourd’hui, il le doit un peu à ce groupe Lions indomptables.
Vous ne m’avez pas posez la question, mais permettez que je vous dise autre chose, je constate que les facteurs tendent parfois à dissocier à ce groupe, les journalistes sportifs qui étalent sur la place publique des choses. Préservez notre équipe nationale. Partout il y a des problèmes. Vous ne les lisez pas dans les médias. Vous parlez de notre équipe lorsqu’il y a des petits problèmes comme si c’était un tremblement de terre. Deuxièmement, je vois lors des matchs de l’équipe nationale des fanions, fan-club d’Eto’o, Song, etc. Je dis non. Quand les lions jouent, il n’y a pas de fan-club tel joueur. Ce sont des facteurs de division ; ne nous servons pas du football pour diviser. Imaginez un joueur qui vient faire son match international au Cameroun et qui n’a pas de fan-club. Il est mal à l’aise et ça peut jouer sur ses prestations. Vous devez également nous aider pour que ce genre de chose ne se produise plus. Il en est de même de l’environnement immédiat des lions, ceux qui vont dans les vestiaires à la mi-temps. On y mettra de l’ordre ; les joueurs ont besoin de concertation. Nous veillerons à ce que ces choses ne se passent plus ainsi.
Je saisis l’occasion aussi pour vous dire, parce que chose promise, chose due : les travaux de réfection des vestiaires vont bientôt commencer au stade omnisports Ahmadou Ahidjo et j’en suis heureux.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Yaoundé