L’ancien international camerounais revient sur les chantiers de la nouvelle équipe des Lions et se dit prêt à servir son pays.
Après la débâcle des Lions en Afrique du Sud, beaucoup d’observateurs pensent qu’il faut un investissement considérable contre les problèmes disciplinaires en équipe nationale…
Je pense qu’il faut une professionnalisation en masse de notre structure autour des Lions Indomptables et même autour de notre football. Ce qui va plus loin que notre équipe nationale fanion. La réflexion autour de cette question de discipline est plus qu’évidente. Mais ce sont des actions qu’il faut. Il y a eu un certain nombre de dérives que nous avons tous vues, peut-être, mais on a laissé les choses nous surpasser et on s’est rendu compte que l’attitude des Lions n’était pas bonne. Ils ont profité, peut-être inconsciemment, de cette situation, pour se prendre pour d’autres personnes, se croire plus importants qu’ils ne le sont et ils ont oublié le côté sportif et ont affiché leurs intérêts divergents. On ne peut pas faire une équipe de football dans ces conditions. Aujourd’hui, il faut recadrer tout ça et rappeler un certain nombre de valeurs à ces Lions. Il n’est pas nécessaire de revenir tout le temps sur la notion de patriotisme ; les joueurs le savent, mais il faut leur rappeler que le respect du drapeau est fondamental quand on porte le maillot des Lions Indomptables.
Ne faut-il pas trouver un profil des joueurs sélectionnable en équipe nationale de football du Cameroun
En sélection, il faut déjà prendre 11 joueurs parmi une quantité de joueurs qui ont déjà des qualités. Ensuite, quand on prend ces joueurs-là, on n’a pas toujours le joueur qu’on voulait avoir. On n’a pas Ibrahimovic, mais on a Samuel Eto’o. Ce qui veut dire qu’on a un attaquant, mais pas un attaquant capable nécessairement de prendre des ballons de la tête. Il y a des profils. Il faut faire avec ces profils et composer avec cette première réalité. Ensuite, il faut insister sur des valeurs. Chaque joueur doit se rendre compte qu’il représente 20 millions de personnes et pas seulement arriver avec des a priori négatifs ou rappeler qu’il a un salaire plus important que ses coéquipiers. C’est là que le bat blesse. Il faut simplement se rappeler qu’on vient défendre le vert-rouge-jaune. Le réservoir de joueurs au Cameroun est si important qu’on ne peut pas se permettre un flop comme celui qu’on a connu en Afrique du Sud.
Dans quelques jours le nouveau staff des Lions sera connu. Cela vous semble-t-il prioritaire ?
Je pense qu’il faut savoir travailler sur le long terme. Quand je dis sur le long terme, cela ne signifie pas forcément avec les mêmes personnes pendant tout ce temps-là. Le plus important c’est d’avoir une politique cohérente qui puisse être suivie par les personnes en place ou les personnes chargées de prendre la relève. Il faut vraiment avoir une politique de jeu, de formation, une politique d’ensemble qui soit menée sur un volet technique clair. On reconnaissait aux Lions Indomptables des qualités morales incroyables, une équipe qui a du mal à accepter une défaite. Tout ça est perdu aujourd’hui. Il faut retrouver ça et avoir une vraie identité de jeu. Qu’on dise : « cette façon de jouer, c’est la façon des Lions Indomptables » ! On voit comment l’Egypte joue. C’est quelque chose qui a une histoire. C’est tout comme la réussite du Ghana aujourd’hui qui, à mon sens, a une déclinaison historique. Il faut mettre en place au Cameroun les vrais jalons qui puissent nous amener à trouver l’aura qui nous manque. Les gens ont hâte de revoir les Lions Indomptables. J’insiste sur ce point, parce que je veux travailler sur ce qu’il faut pour faire de nouveau du Cameroun la première nation africaine et, je l’espère, l’une des premières nations du football mondial.
On vous annonce comme futur manager des Lions Indomptables…
Je l’ai toujours dit depuis des années et même pendant que j’étais encore joueur des Lions Indomptables. Je serai toujours à la disposition du football camerounais. Si, aujourd’hui, on me trouve un poste qui me permettrait de donner un coup de main à notre football, eh bien, c’est logiquement que je viendrai. Je courrais même pour prendre ce poste.
Propos recueillis par
Raphaël Nkoa et Jean-Bruno Tagne
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