Camfoot.com est très heureux de vous recevoir en cette période ou nous fêtons notre premier anniversaire. Si vous le permettez, nous traiterons de divers sujets d’actualité, mais reviendrons aussi sur l’été mouvementé des Lions.
« Al Itihhad n’a pas respecté ses engagements »
Camfoot.com: Vous nous donniez la primeur l’été passé, informant les internautes et le public footballistique camerounais de votre décision d’évoluer en Libye dans le club de Al Itihhad pour un an. Et pourtant vous êtes en partance pour le Japon. Pourquoi quittez-vous la Libye?
Patrick Mboma: Je quitte la Libye pour une raison simple : Le club n’a pas respecté sa part du contrat à savoir me payer régulièrement tous les mois. J’ai dû déplorer 5 mois de retard en décembre. A partir de ce constat j’ai saisi par le biais de mes avocats la FIFA et j’ai été logiquement libéré de mes engagements envers le club. Je suis simplement parti maintenant pour pouvoir récupérer les sommes qui me sont normalement dues et avancer plus sereinement vers le Japon.
Camfoot.com: La FIFA vous a libéré de vos engagements avec l’obligation pour le club de vous restituer vos dus. De quel moyens coercitifs dispose la FIFA pour s’assurer que la décision rendue sera appliquée?
Patrick Mboma: Elle a des moyens assez simples mais aussi draconiens qui pourront aller jusqu’à la suspension soit du club, soit de la fédé libyenne pour les obliger à régler leur dette. Maintenant c’est à eux de voir les méthodes à employer. En ce qui me concerne, dans ce dossier j’estime n’avoir pas commis d’erreur, mais d’avoir rempli mon contrat. Je ne réclame que ce qui m’est dû.
Camfoot.com: Le différend que vous aviez avec l’équipe vous a-t-il empêché de vous entraîner dans de bonnes conditions? Avez-vous fait une grève à cet effet?
Patrick Mboma: Je n’ai fait aucune grève, bien au contraire j’ai plutôt incité d’autres qui avaient des retards de salaires à ne pas s’affoler. J’ai pu m’entraîner jusqu’en début décembre et sans raison j’ai été mis à l’écart de l’équipe. On m’a notamment signifié de ne pas partir en stage en Espagne. C’est vrai que bien avant j’avais saisi la FIFA. Et ce n’est que tout naturellement que j’ai accéléré le processus demandant ma libération. En effet depuis le 8 décembre, je m’entraîne tout seul.
« …j’ai tout simplement peut-être eu à faire à un personnage capricieux qui a voulu m’enrôler et qui peut changer d’avis comme bon lui semble, du jour au lendemain… »
Camfoot.com: Beaucoup de rumeurs se sont répandues soutenant que votre club en Libye n’a pas respecté ses engagements tout simplement parce que vous aviez des problèmes personnels avec le fils de Kadhafi. Que répondez-vous?
Patrick Mboma: Je n’ai eu aucun problème avec lui. J’ai fait mon travail comme il se devait. Je n’ai eu aucune altercation, mais j’ai tout simplement peut-être eu à faire à un personnage capricieux qui a voulu m’enrôler et qui peut changer d’avis comme bon lui semble, du jour au lendemain sans plus tenir à ses engagements. Si vous lui posiez la question il vous dirait qu’il n’a rien à me reprocher et ce sont les termes qu’il a employé lorsqu’on s’est rencontré dernièrement. Comment me permettrais-je d’avoir les problèmes avec le fils d’un chef d’État. Même si je devais considérer qu’il était mon coéquipier il avait toujours le respect dû à la personne qu’il était, qu’il représentait qui m’interdisait d’avoir à élever le ton ou à lui manquer de respect. À aucun moment je ne me serais mal comporté avec lui.
Camfoot.com: Sur le plan footballistique, après avoir observé le championnat libyen de très prêt. Comment jugez-vous son niveau réel?
Patrick Mboma: Son niveau est faible; faible dans l’optique de remporter la Ligue des champions pour ce qui est de Al Itihhad. L’équipe telle que je l’ai laissé n’avait pas le potentiel d’aller plus loin que les quarts de finale. Peut-être que beaucoup de choses se sont passées entre temps. C’était en fait difficile d’établir un programme à moyen ou long terme parce que les hommes venaient et partaient, les joueurs qui arrivent et 3 mois après ils ne sont plus là, les coachs aussi. Je ne peux pas aujourd’hui faire de pari sur cette équipe; mais au moment ou je quittais, on n’était pas encore véritablement candidat au trophée africain.
Camfoot.com: Revenons sur votre parcours en Italie. Après des débuts très prometteurs avec Cagliari vous vous êtes engagés avec Parme mais n’avez pas connu le succès escompté. Avec du recul, à quoi attribuez-vous ce passage à vide?
Patrick Mboma: Passage à vide, c’est beaucoup dire. J’ai quand même eu de bons moments, des moments de gloire si je puis le dire à Parme. J’ai eu beaucoup trop de petits pépins. À des moments où j’étais titulaire, ces blessures m’empêchaient de progresser. Ajouter à cela, j’ai eu une concurrence disons déloyale dans le sens où les dirigeants à certains moments ont préféré à certains moments privilégiés les joueurs qui avaient une valeur marchande plutôt que ceux qui avaient une valeur sur le terrain comparable à la mienne. J’ai connu ces deux problèmes et l’un avec l’autre fait que l’on puisse penser que cela ne s’est pas bien passé; mais j’y ai connu de bons moments et y ai rencontré de grands joueurs.
« La préparation à la CM a été tronquée »
Camfoot.com: Sur la coupe du monde; vous savez probablement déjà que la performance des Lions n’a pas encore été complètement digérée par nos internautes, ni d’ailleurs par les camerounais. Sur le plan sportif et s’il y avait quelque chose à refaire, qu’aurez-vous suggéré?
Patrick Mboma: Sur le plan sportif, je ne referai qu’une seule chose : la préparation. La préparation a été tronquée. Si le programme convenu avait été complètement respecté, en temps et en heure de travail sans revenir aux problèmes extra sportifs, on aurait pu avec une meilleure forme physique sortir du premier tour.
« Avec un meilleur Mboma, le Cameroun aurait-il été meilleur? »
Camfoot.com: Beaucoup ont estimé que vous étiez encore convalescent avec les blessures que vous avez connues alors que vous étiez à Sunderland. On vous aurait alors brusqué, avec les problèmes de cheville que vous connaissiez à l’époque et presque obligé de suivre le reste de l’équipe en Coupe du Monde. Que leur répondez-vous?
Patrick Mboma: Je dirais qu’une coupe du monde c’est tous les 4 ans et c’est toujours délicat quand un joueur est convalescent à 90 ou 95% de sa forme de savoir si on l’utilise ou si on ne l’utilise pas. Personnellement j’ai eu des problèmes à la cheville et Dieu merci si aujourd’hui cela s’est résorbé. C’est difficile de demander à un joueur de sacrifier toute préparation ne serait-ce que mentale par rapport à un évènement telle que la coupe du monde. On avait réellement de grande possibilité. Je crois savoir que ma présence était quand même rassurante pour le groupe. Est-ce que ç’aurait pu mieux se passer sans moi? Peut être; mais on ne refera pas l’histoire. Si j’avais été mieux soigné par les anglais, qui ont logiquement voulu se servir de moi parce qu’il y avait un maintien à assurer, si j’avais été simplement été soigné dans l’optique de la coupe du monde cela se serait passé différemment pour moi, mais rien ne nous assure qu’avec un meilleur Patrick Mboma le Cameroun aurait été meilleur?
« Je pars dans un championnat que je maîtrise complètement, un pays qui m’attend »
Camfoot.com: Le Cameroun sera présent à la Coupe des Confédérations en France en Juin et en ce qui vous concerne, vous êtes en partance pour le Japon. Pensez-vous pouvoir être à point physiquement et tactiquement surtout avec les problèmes que vous avez connus en Libye et aussi l’intégration dans votre nouvelle équipe au cas où le sélectionneur ferait appel à vous?
Patrick Mboma: Il y a deux considérations : je pars dans un championnat que je maîtrise complètement, un pays qui m’attend; donc les problèmes d’adaptation ne seront pas énormes. Et sur le terrain, de par l’expérience que j’ai accumulée ces dernières années, la confiance que j’ai et la revanche que j’ai à prendre sur le sort, je n’aurais pas de problème à retrouver le mental et la forme. Ensuite en ce qui concerne la préparation elle-même, je devrais logiquement être plus frais que les autres puisse que j’ai une saison qui reprend pour tout le monde en mars et une préparation qui reprend le 29 janvier donc je serai dans la phase aller du championnat avec 8 journées de plus dans les jambes. Je pense donc que la plénitude de mon potentiel y sera. Au contraire je pense que j’aurai le temps d’ici la coupe des confédérations de me faire une réelle santé et d’être confirmé à cette compétition.
Camfoot.com: 32 ans et qui plus est 32 ans en âge réel c’est encore bien jeune (rires de PM); mais pensez-vous à votre après carrière? Vers quoi pensez-vous vous diriger?
Patrick Mboma: Oui mon après carrière est déjà programmée. Je porterais 2 casquettes : la première sera d’offrir d’assureur conseils en gestion de patrimoine. J’ai une société qui existe depuis le mois de juin de l’année dernier à Paris et puis j’ai la possibilité de regagner le groupe IMG McCormack comme agent de joueurs. Donc c’est déjà programmé. Si ma carrière s’arrête aujourd’hui je pense pouvoir endosser ces 2 casquettes. Maintenant je pense à l’avenir proche qui est la reconquête du Japon, la Coupe de confédérations et la prochaine aventure à Tunis.
« Le football évolue malheureusement bien plus vite que la mentalité notamment de certains de nos dirigeants. »
Camfoot.com: Revenons sur votre parcours libyen. À quelle position évoluez-vous et quelle a été votre utilisation?
Patrick Mboma: Oui j’ai évolué en avant-centre, me sacrifiant parfois pour les besoins de l’équipe, pour obtenir un résultat ou pour redonner un peu de qualité au jeu de façon spontanée. Donc j’ai évolué comme avant-centre avec beaucoup d’incompréhension avec des joueurs qui ne pensaient qu’à leur ego. Il y a eu une simulation des joueurs à faire un peu mieux que moi, ce qui n’est pas en soi mauvais; mais cela s’est retourné un peu contre l’intérêt de l’équipe. Finalement c’est pas plus mal que cela se termine comme cela; cela a duré trop longtemps pour moi mais pas assez longtemps pour qu’on m’oublie complètement pour que je devienne un joueur lambda. Maintenant à moi de prendre ma revanche sur le sort; j’ai une grande motivation, j’ai la santé et à moi d’y aller à fond.
Camfoot.com: Deux valeureux Lions ont décidé de prendre leur retraite internationale. Il s’agit de Raymond Kalla et de Lauren Etamé Mayer. Que pensez-vous personnellement de cette décision?
Patrick Mboma: Je ne me suis pas entretenu avec Lauren; mais pour avoir conversé avec Raymond Kalla, je dirai que lui et les joueurs en général on eu une certaine lassitude. Vous savez s’impliquer avec les Lions surtout quand on est leader ce qui était leur cas c’est lutter continuellement contre des problèmes récurrents. S’il y avait des problèmes et une fois solutionnés ils ne revenaient pas, ce serait une bonne chose et on aurait l’impression d’aller de l’avant. Le football évolue malheureusement bien plus vite que la mentalité notamment de certains de nos dirigeants. Ces joueurs sont saturés parce qu’on ne peut pas arriver et simplement jouer comme cela se devait. Ils se sont assez sacrifiés pour l’équipe et ils veulent un peu plus de sérénité peut-être. C’est un choix que je respecte même si je pense que ce seront des absences qui j’espère pas trop longtemps nous pèserons. Mais ce sont des grands garçons, des êtres réfléchis et matures, à même d’analyser la situation et de décider ce qu’il y a de mieux à faire autant pour eux que pour les Lions parce que les joueurs aigris en équipe nationale on en voudrait pas. Je pense que ce serait un peu la gangrène que d’avoir les joueurs qui n’ont pas complètement la volonté de rejoindre les Lions.
Camfoot.com: Que vous inspire Camfoot.com?
Patrick Mboma: C’est déjà un site constructif, impartial et sympa, réellement. C’est quelque chose de bien et qui parle du football camerounais et de façon complètement neutre. Cette neutralité n’est pas nécessairement le leitmotiv de la presse camerounaise et c’est une belle chose.
Camfoot.com: Pourrons-nous voir Patrick Mboma en interaction directe avec les internautes de Camfoot.com par le billet du chat ou chacun pourrait poser sans tabous des questions au goaléador?
Patrick Mboma: Laissez-moi le temps de m’installer tranquillement au Japon. La technologie aidant, nous pourrons sûrement prendre le temps dans un avenir rapproché de discuter ensemble. Vous savez les supporters sont ceux qui nous encouragent à aller de l’avant et ce sera une bonne chose de les rencontrer via l’interactivité.
« J’ai un réel désir de reconquête qui est toujours la avec les Lions notamment cette envie de gagner une 3e CAN d’affilée… »
Camfoot.com: Avez-vous un dernier mot pour vos fans?
Patrick Mboma: Oui bien sûr. Je suis à Paris en ce moment et j’ai rencontré beaucoup de personnes et je crois qu’il y a eu un malentendu sur ma situation actuelle. Je suis parti en Libye et je ne l’ai jamais caché pour des raisons financières même si le niveau n’était pas celui dont on est en droit de s’attendre de moi. J’ai un réel désir de reconquête qui est toujours la avec les Lions notamment cette envie de gagner une 3e CAN d’affilée même si les gens se disent que du réchauffé mais il faut continuer à prendre ce qu’il y a à prendre. Je suis un joueur toujours motivé, je ne suis pas un joueur usé. Je leur demande tout simplement de ne pas se poser de question, d’attendre et de se rendre compte.
Camfoot.com vous remercie et vous souhaite bonne chance à Tokyo.
J. Juyas, Camfoot.com