L’entraîneur de l’équipe nationale du Cameroun revient sur la défaite des Lions Indomptables et dénonce l’improvisation qui a entouré son organisation.
Est-ce que votre défaite (3-2) en Afrique du Sud vous a déçu ou alors vous vous êtes dit que c’est juste un match amical ?
Je suis très fâché par rapport à cette défaite. Je me suis battu longtemps pour avoir des matchs amicaux et pour une fois qu’on en a je perds.
Comment expliquez-vous cette défaite ?
Nous avons été confrontés à une organisation désastreuse. Je ne veux pas trop rentrer dans les détails, mais je dirai simplement qu’il y a des joueurs qui ont reçu leur ticket de voyage très tard, d’autres ont été bloqués dans les aéroports en Europe, etc. La vraie catastrophe ! Finalement nous avons joué sans sept titulaires de l’équipe. Là n’est même pas le problème. C’était pour moi une belle occasion de tester quelques joueurs. Mais il y a eu une très grosse improvisation et c’est à la dernière minute que j’ai été obligé de convoqué Ndzana Kana, le latéral gauche de Coton sport pour avoir au moins quatre défenseurs.
Comme si cela ne suffisait pas, pour la première fois dans ma vie, j’ai joué sans entraînement parce que les joueurs sont arrivés en Afrique du sud à 15h la veille du match et les Sud-africains nous ont logés dans un hôtel et le repas n’était pas prêt. Les joueurs ont attendu plus de 3h pour avoir le repas. Pendant ce temps, d’autres joueurs attendaient à l’aéroport de Johannesburg sans personne pour les accueillir. C’est le cas de Somen à Tchoyi. Il a donc passé toute la nuit à l’aéroport avant le match. Donc l’organisation locale de ce match était catastrophique et dans de conditions pareille c’était difficile pour nous.
C’est surtout votre défense qui a souffert…
J’ai effectivement aligné une défense complètement nouvelle avec le jeune Nicolas Nkoulou, Ngambi, Binya et le petit de Coton sport. Si ce match s’était joué dans des conditions normales, cela aurait été une bonne chose. Mais nous avons bien joué. Nous avons été mené par deux buts à zéro et nous avons bien su réagir et avec la fatigue nous avons finalement cédé. Mais une fois encore j’accuse l’organisation. Figurez-vous que si un de mes défenseurs s’était blessé j’aurai aligné un joueur comme Ngom Komé ou Webo en position de libéro !
J’espère que le prochain match amical sera bien organisé. Je veux bien des matchs amicaux, mais pas le genre de Vigo l’année dernière en Espagne ou de cette année en Afrique du Sud. Encore un match amicale comme ça et je refuse de jouer ! Si nous ne sommes pas capables d’organiser un match amical, qu’on laisse tomber. Depuis quelques années je travaille en Afrique. Je sais que c’est difficile, ce n’est pas l’Allemagne. Mais, il faut quand même un minimum !
Qu’est ce que vous pensez des jeunes joueurs que vous avez alignés pour la première fois, notamment Nicolas Nkoulou et Ndzana Kana?
Ce sont des jeunes que j’ai alignés pour la première fois parce qu’on me reproche souvent de ne pas aligner des jeunes. J’ai donc fait jouer Nicolas Nkoulou, Ndzana Kana, Ngambi. Ils sont capables de remplacer un titulaire. Je dis bien remplacer. Mais pas prendre la place d’un titulaire. Ils n’ont pas encore le niveau. Si on en aligne un ça peut encore aller. Mais deux, trois au quatre du coup ce n’est pas possible. Il faut mixer avec les anciens. Ils ont du talent, mais on ne peut pas encore leur confier l’équipe. Si Rigobert Song ou Bikey est blessé Nicolas Nkoulou peut les remplacer. Mais pas comme titulaire. Il lui faut encore au moins deux ans. Il y a encore des jeunes que je vais appeler. Il y a par exemple Ngwat Mahop de Salzburg et Chedjou de Lille.
Quel est l’aspect du jeu des Lions qui vous inquiète ?
Je suis très optimiste. Je ne vais pas dire qu’il n’y a aucun problème, mais je dirai que si nous avons une préparation à 100% nous nous qualifierons. Il y a une bonne cohésion dans le groupe, les joueurs sont solidaires et je pense que nous irons en Afrique du Sud. Nous en sommes capables.
La sélection de Ndzana Kana a suscité une vive polémique dans certains médias où on estimait que vous vouliez appeler Ahmadou Ngomna et c’est seulement après que vous l’avez rayé de votre liste. Qu’en est-il exactement ?
C’est faux ! C’est la première fois que j’entends parler de ça. J’ai choisi Ndzana Kana parce qu’il me manquait un latéral gauche, c’est tout. Les gens parlent trop ici. Chaque fois qu’une liste sort il y a beaucoup de tralala. Moi je ne m’occupe pas de ça. Je convoque un joueur pour ses qualités et en fonction des besoins de l’équipe.
Pourquoi continuez-vous à sélectionner un avant-centre comme Webo qui ne marque pas ?
Il est un peu malheureux, mais c’est un joueur qui a fait des merveilles pour ce pays. Il est un peu comme l’Allemand Klose. Il a un problème à Majorque. Mais tant qu’il continue d’être titulaire je l’appellerai. Mais le jour où je trouverai quelqu’un pour prendre sa place, je vais le remplacer, même si c’est un garçon très gentil que j’aime bien. Il n’y a pas de sentiment. On ne peut cependant pas laisser tomber un joueur de son niveau comme un chien. J’ai aussi un rôle d’éducateur et si chaque fois qu’un joueur joue mal je le mets de côté, finalement je pense qu’il n’y aura même plus 11 joueurs sur le terrain. Webo a besoin d’avoir le moral.
Dans mon équipe c’est une lutte permanente. Je n’ai que quatre joueurs qui sont titulaires incontestables. Pour le reste il faut se battre. Cette équipe n’est pas facile. Regardez au milieu de terrain. J’ai six joueurs pour seulement deux places. Il y a Mbia, Alexandre Song, Makoun, Mbami, Eric Ndjemba et Essamé qui est très fort lui-aussi. Donc c’est le combat PER-MA-NENT !
Jean Bruno Tagne