Héros du mondial 1990 en Italie, buteur émérite au Cameroun, en France et au Mexique, François Omam Biyik redonnera pour une fois encore des sensations fortes aux spectateurs camerounais à l’occasion de son jubilé. Humble, disponible, ponctuel, il cache sous son immense talent de footballeur des qualités humaines teintées de générosité. Nous l’avons rencontré à sa résidence de Yaoundé.
Les dates arrêtées pour votre jubilé sont-elles confirmées ?
Oui. Notre jubilé se déroulera du 19 au 26 mai. Ce qui est prévu pour la première étape à Pouma le 19, c’est un match de gala et une soirée culturelle. Le 25 mai, nous donnons rendez-vous au stade Ahmadou Ahidjo à Yaoundé pour un match amical suivi d’une soirée de gala. Et nous achèveront le tout le 27 mai à Douala par un match amical et un concert après la rencontre.
Peut être avez-vous entendu parler de la fermeture du stade Ahmadou Ahidjo en vue des préparatifs des éliminatoires de la CAN et de la coupe du monde. Cela ne vous causera t-il pas de dommage ?
Nous avons eu l’autorisation du ministère des sports d’utiliser ces installations. Si tel n’était pas le cas, nous aurions certainement poursuivi différemment les préparations.
Dans la même période, Patrick Mboma organise aussi ses festivités. Deux jubilés en moins d’une semaine ne dilueront t il pas l’hommage que les camerounais souhaitent vous rendre ?
Avec les feedbacks que nous avons reçu et qui nous ont aidé dans notre planification, les camerounais veulent nous célébrer (les frères Biyik) pendant une semaine. Samedi se sera au tour de Patrick d’être célébré. C’est une manifestation, c’est une fête, c’est un regroupement de personnes qui veulent revivre de vieux moments. C’est une coïncidence de date mais chaque camerounais est invité à prendre part à ces évènements et surtout, l’un n,exclut pas l’autre.
Pouvez-vous nous donner nous un bref aperçu des préparatifs?
Présentement André a arrêté une liste d’une vingtaine de joueurs. Nous allons retenir 15 ou 17 qui prendront part à notre jubilé. Nous aurions souhaité avoir un peu plus de footballeurs. Mais pour des raisons d’indisponibilité certains ne pourront pas être présents. Il y aura en tout cas du beau monde. Ils commencent à arriver. Nos partenaires s’activent pour que la fête soit belle. L’organisation continue petitement mais sûrement.
Pouvons-nous avoir quelques noms de personnalités qui ont confirmé leur présence ?
Je tiens d’abord à dire que c’est la première fois que les camerounais vont voir associer sur un terrain de football la génération de 90 (quart de finaliste de la coupe du monde en Italie) à celle de 2000 (vainqueur des jeux olympiques, et de la CAN). Quand on parle de 90 on voit Roger Milla, et quand on parle de 2000 on voit Samuel Eto’o et sa bande. Et parmi les amis qui nous viennent de l’extérieur il y a des anciens internationaux français – Bernard Lama, Franck Sylvestre, Martin Djetou, Roger Boli, le gabonais Pierre Obam. Il y a un panel de joueurs dont certains sénégalais à l’instar d’Omar Seine qui sont annoncés. Malheureusement Georges Weah pour des obligations de dernière minute a dû déclarer forfait. Il est retourné aux états unis. Kalusha Bwualya aura une réunion à la FIFA les 24 et 25 mai. Abedi Pélé normalement devrait être présent.
Parlant des générations 90 – 2000, confirmez-vous la présence des têtes de file que sont Roger Milla et Samuel Eto’o ?
C’est confirmé. Ce sont des personnes que nous avions contacté avant de commencer cet évènement. Nous sommes toujours en contact. Il y a deux jours que j’en parlais encore avec l’Ambassadeur (Roger Milla). C’est confirmé ils y (au jubilé) seront.
Nous ne saurions vous quitter sans revenir sur le célèbre but marqué en juin 90 en coupe du monde contre l’Argentine.Pouvez-vous nous décrire ce but dans vos propres termes ?
C’est une date historique pour tous les camerounais, pour le football africain. Ce sont des actions qu’on a du mal à répéter dans sa carrière et qui marque la vie d’un joueur. J’ai été choisi ce jour là par le Seigneur et j’en suis honoré. L’action part d’un coup de pied arrêté anodin, comme tout autre coup franc qu’on peut trouver sur un terrain de football. La balle est déviée au premier poteau par Cyrille Makanaky. Derrière je monte et je met une tête et le ballon va au fond des filets. Pour nous c’était la concrétisation d’un grand moment.
Après ce but le gardien Argentin dit avoir tout vu sauf le ballon..
Avant de venir à ce match, il aurait du voir un ophtalmologue afin qu’il prescrive des lunettes pour voir normalement.
Êtiez-vous au courant de cette déclaration ?
Oui. Mais tous les jours on parle de ça. C’est une excuse bidon.
Concrètement, il se dit des choses sur ce but. N’y avait-il pas un peu surnaturel dans ce but ?
C’est la détente qui impressionne. Le coup de tête en lui-même n’était pas fameux. J’étais surmotivé, d’ailleurs tout le groupe était soutenu par des millions de camerounais, voire d’africains. Ce sont des moments où on se surpasse.
Qu’avait de particulier la tête François Omam Biyik quand on sait que vous avez inscrit de nombreux buts avec cette partie du corps ?
Les buts les plus importants ont été marqués de la tête. J’ai marqué plus de buts des pieds que de la tête. Mais les buts les plus décisifs ont été marqués de la tête. C’est le travail. Il est vrai que pour travailler il fallait avoir un peu de qualités. J’avais des aptitudes pour jouer de la tête et je les ai perfectionnées, ainsi qu’une bonne détente qui m’a aidé en tant qu’avant centre.
Jouer de la tête, est-ce une spécialité à part entière dans le football ?
Oui c’est un jeu particulier. C’est comme trouver un gaucher. Une fois qu’on l’a trouvé avec des qualités, ça peut faire quelque chose de très fort. Mais après il faut travailler. C’est le travail qui nous permet d’arriver à un niveau qui impressionne tout le monde.
Un mot à vos nombreux fans qui attendent impatiemment ce jubilé
Je les invite à venir partager cette semaine du 19 au 25 avec nous, de revivre les souvenirs passés, et de pouvoir côtoyer les deux générations en même temps. Ce sera la première fois. Je les appelle également à venir rencontrer les personnes qu’ils n’ont pas pu côtoyer et de partager ce moment de fête et de bonheur qui s’annoncent grandiose.
Interview menée par James Kapnang à Yaoundé