Avec la lucidité qu’on lui connait, Nicolas Nkoulou a répondu à quelques unes de nos questions alors qu’il était en séance de dédicace à Douala. L’ancien pensionnaire de la Kadji Sport Academy nous a entretenu sur la liste des 30, des chances du Cameroun en coupe du monde, mais également sur le litige qui l’oppose depuis quelque temps à son ex agent.
Camfoot : Titulaire depuis un moment au sein de la défense camerounaise, vous avez certainement attendu la liste des 30 de Paul Le Guen avec une certaine anxiété ?
Nicolas Nkoulou : Tout joueur aimerait aller en coupe du monde. On était tous stressé avec les doigts croisés espérant bien être dans le groupe. Pour moi, je crois que c’est déjà une première réussite. La deuxième partie c’est de se battre pour être dans les 23 qui iront en coupe du monde.
Camfoot : Selon vous, y a t-il eu quelques surprises dans cette liste de 30 ou alors en gros c’est les joueurs que vous attendiez ?
Nicolas Nkoulou : Je ne suis pas la personne indiquée pour répondre à cette question. Je suis joueur, et le plus important pour moi c’est de continuer de travailler, de jouer, de faire plaisir à toute la nation. Après, qui on a appelé, qui on n’a pas appelé n’est pas important. On a tous le même objectif, on est là pour jouer pour le pays, étaler notre savoir faire, amener cette équipe nationale au top comme l’ont si bien fait les anciens, parce que c’est grâce à eux qu’on est fier d’être Lion indomptable. Pourquoi ne pas le faire aussi pour les jeunes qui vont arriver d’ici quelques années ?
Camfoot : Depuis vos débuts en sélection, on vous a associé dans l’axe à plusieurs joueurs. Avec qui vous sentez-vous le plus à votre aise ?
Nicolas Nkoulou : Je pense que c’est une question très pertinente, mais je ne saurais faire le choix parce que ma décision n’a aucune importance. Le plus important c’est de rendre la lettre propre comme dit chaque fois qu’on fait appel à moi.
Camfoot : C’est dire que vous êtes prêt à vous adapter facilement avec n’importe qui en défense centrale ?
Nicolas Nkoulou : Je suis prêt à jouer avec n’importe qui. Je suis prêt à jouer chaque fois qu’on fait appel à moi. Après, je ne regarde pas s’il faut m’associer avec un tel ou avec un autre. (…) je pense que je suis en phase d’apprentissage, je suis en train de vivre de bonne chose et j’espère continuer de la sorte.
Camfoot : En club depuis un moment, on vous aligne au milieu de terrain. Avez-vous discuté avec votre entraineur en club par rapport à ce que cela peut vous poser comme préjudice en sélection ?
Nicolas Nkoulou : Les entraineurs n’ont pas la même façon de voir les choses. J’ai eu une discussion avec mon entraineur de club. Je crois qu’il a vu plutôt une autre qualité qui pourrait lui servir, et servir au club. Etant jeune, je ne vais pas me caler sur un poste. Je suis là pour apprendre encore. Je crois que en étant polyvalent, ce sera à mon avantage puisque plusieurs entraineurs aiment bien les joueurs polyvalents.
Camfoot : Après la Can junior 2007 au Congo où vous vous êtes révélé au grand public, imaginiez-vous que trois ans plus tard, vous joueriez en Afrique du Sud une coupe du monde ?
C’était un peu dans le coin de la tête, mais en gros ce n’était qu’un rêve. Je ne m’imaginais pas que cela viendrait de si tôt. Mais après, il faut prendre les choses comme elles viennent. Je ne dois pas dormir pour autant sur mes lauriers.
Camfoot : On a parlé à un moment donné d’un transfert en Angleterre mais finalement vous avez prolongé à Monaco. Qu’est-ce qui a motivé votre décision ?
Nicolas Nkoulou : C’est vrai que ce n’était pas une décision facile à prendre, mais après c’est vrai que les prolongations n’influencent pas nécessairement les transferts, ce qui fait que je peux partir s’il y a une possibilité. Cependant, j’appartiens à mon club, et je donnerai le meilleur de moi chaque fois que mon entraineur va me solliciter.
Camfoot : Est-ce que la coupe du monde n’est pas une occasion pour un joueur comme vous de se montrer ?
Nicolas Nkoulou : Justement c’est un grand événement. C’est un moment où chaque joueur aimerait montrer ses qualités et être vu par le monde entier (…)
Camfoot : Qu’est ce qui va faire la force de l’équipe du Cameroun à cette coupe du monde?
Nicolas Nkoulou : La solidarité. Il faudrait que nous regardions dans la même direction. Si on est ensemble, on peut soulever les montagnes.
Camfoot : Selon vous, le Cameroun peut aller jusqu’à quel niveau ?
Nicolas Nkoulou : Je crois qu’on ne se fixe pas de limite. C’est une coupe et beaucoup de choses peuvent arriver. Le plus important pour nous c’est de jouer, c’est de se faire plaisir, c’est de faire plaisir à la nation et d’arriver le plus loin possible.
Camfoot : Vous êtes opposés à votre ex-agent, Guy Olivier Noah, sur les conditions de rupture du contrat qui vous liait. Les choses prennent une tournure surprenante. Quelle est votre appréciation ?
Nicolas Nkoulou : C’est quelque chose de regrettable, de très regrettable d’ailleurs. Je n’insiste pas dessus parce que pour moi il est inutile de le faire. (…) C’est inadmissible de refaire surface je ne sais après comme d’années. Il y a des gens qui profitent de la naïveté de certaines personnes pour pouvoir faire le sale boulot. Ce que je peux faire comme message aux jeunes c’est de faire gaffe à ce genre de personne, parce que ce n’est pas évident de pouvoir se battre et un matin on entend beaucoup de choses qui se racontent.
Camfoot : Le problème n’est-il pas le montant exorbitant que votre ex agent demande ? on parle de 145 millions ?
Le plus important pour moi aujourd’hui c’est de me concentrer sur l’échéance qui arrive. Il y a des gens qui s’occupent de ce dossier. J’espère que la justice fera son travail.
Camfoot : On peut être rassuré que cette affaire ne vous perturbe pas effectivement dans la préparation de la coupe du monde ?
Nicolas Nkoulou : Cela ne me perturbe pas, au contraire. J’aimerais bien revenir dessus pour faire prendre conscience à nos parents, nos encadreurs, et même aux jeunes de faire attention, de ne pas s’engager avec n’importe qui, de ne pas se laisser aller avec n’importe qui, de savoir ce qu’ils veulent, de travailler dur.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Douala