Avec François Ngoumou, consultant et entraîneur de football en Belgique et à quelques jours de la rencontre opposant le Cameroun à l’Île Maurice, nous avons fait le tour des récentes nominations autour des Lions Indomptables.
Quel est votre sentiment après la nomination du staff actuel des Lions Indomptables ?
Je tiens d’abord à souligner que Javier Clemente est une forte personnalité, un homme d’expérience qui a déjà dirigé la sélection d’Espagne et de Serbie, ce qui est un atout, avant de prendre les rennes des Lions Indomptables. Diriger un club n’a rien avoir avec la gestion d’une sélection nationale.
Certains entraîneurs se sont plantés au Cameroun, en partie parce qu’ils n’avaient pas ce vécu malgré de bons résultats en club. Nous osons espérer que Clemente qui est entouré d’anciens internationaux qui connaissent bien la tanière, sera à leur écoute pour rapidement cerner les particularités camerounaises et s’adapter tout en conservant ses principes.
Il devra être impartial, rester au dessus de la mêlée, ne pas se laisser inféoder par les clans s’il veut réussir au Cameroun.
Pour ses adjoints qui sont Omam Biyik et Songo’o que j’ai côtoyé comme coéquipiers en équipe nationale junior, c’est la génération des quarantenaires qui devra faire ses armes comme l’ont fait les générations précédentes (Manga, Akono, Nyonga etc …). On leur donne là l’occasion de mûrir aux cotés d’un homme d’expérience et pourquoi pas, ne prendront-ils pas le relai dans quelques années, à eux de saisir la balle au bon.
Personnellement, je pense que c’est un bon trio. Reste maintenant à bâtir une nouvelle équipe et obtenir des résultats probants.
Comme autre décision du ministre des sports, on note la désignation des vices capitaines, à savoir Enoh Takang et Nkoulou. Ce choix est le meilleur ?
Je pense que le ministre des sports a pris cette décision après concertation avec l’organe technique et les entraîneurs. Si toutes ces personnes ont estimé que ces éléments remplissaient tous les critères pour assumer cette fonction, on ne peut que saluer leur décision. Pour moi, je puis simplement dire que Nkoulou sur le plan sportif est une des valeurs sûres de notre équipe nationale. Maintenant est-ce un bon meneur d’hommes ? est-il charismatique ? Est ce un leader en dehors du stade ? Ces encadreurs sont mieux placés pour répondre à cette question. Quant à Enoh, son statut de titulaire est moins indiscutable que celui de Nkoulou tant notre milieu est fourni en élément de qualité.
Autre décision du ministre des sports, la désignation de Jean Manga comme DTN et de ses trois adjoints, pensez-vous que la mise en place de cette direction technique va sortir notre football de la léthargie ?
Avant de répondre à votre question, je tiens à féliciter les pouvoirs publics au plus haut niveau, la fédération camerounaise de football et le ministre des sports pour avoir tenu compte des recommandations faites par les participants au dernier forum tenu au mois de Mai à Yaoundé qui, tous à l’unanimité ont estimé que nous ne pouvons avoir un football conquérant sans une direction technique forte et opérationnelle.
Dans les textes portant organisation de la DTN promulguée il y a quelques jours, on peut constater avec bonheur que la direction technique va prendre en compte tous les types de footbal (futsal, beach soccer, football jeune).
Que la DTN va résoudre le problème de la formation des cadres, elle va conférer un statut aux entraîneurs qui étaient clochardisés. La DTN va résoudre le problème de la traçabilité des joueurs, de sélection en sélection, un département va s’occuper de la détection nationale et internationale, de la prospective. Bref le Cameroun vient de se doter d’une direction technique à la dimension du prestige de son football sur le plan international et je pense que c’est de bon auspices pour que dans les trois à quatre ans que notre football rayonne de nouveau.
Mais la mise en place de la DTN ne va pas résoudre tous les problèmes de notre football. Il faut que les clubs camerounais soient plus professionnels. La DTN aura beau mettre sur le marché des entraîneurs les plus qualifiés, mais si nos clubs ne sortent pas de l’amateurisme ambiant, il ne faudra rien attendre sur la scène continentale.
La fécafoot à travers ses sponsors et l’Etat doivent aider les clubs. À cet effet, il est impératif de réfléchir sur de nouvelles sources d’autofinancement des clubs, le mécénat ne suffit plus. Il faut penser à sédentariser les joueurs, éviter la saignée de nos meilleurs éléments de notre championnat national en leur octroyant le minimum vital.
Pour revenir à votre question, je pense que Manga Onguéné qui a été désigné à la tête de cette structure est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Son parcours parle pour lui. Il n’est pas à la FIFA par hasard. Il revient maintenant aux pouvoirs publics de lui octroyer les moyens, à lui et à ses collaborateurs, pour qu’ils puissent accomplir leur mission, car la tâche est immense et le chantier titanesque.
Que pensez-vous de ses collaborateurs directs que sont Akono Jean paul-Etienne Sonkeng et Atah Robert ?
Tous ces entraîneurs ont un vécu non négligeable. Un monsieur comme Akono Jean Paul, champion olympique, devra mettre son expérience pour former de nouveaux techniciens capables de relever les défis de la mondialisation.
Sonkeng qui a bourlingué dans pas mal de club sur le plan local, hérite d’une tâche non négligeable: détection-observation et relation avec les élections nationales. On le dit rigoureux, un atout essentiel pour réussir dans un département sensible.
Atah Robert, hérite de ce qu’on appelle la documentation. Il sera chargé avec son équipe de garantir la mémoire de la DTN, les archives et la diffusion de la connaissance à l’attention des techniciens sur tous les supports possibles, une grosse responsabilité. Je pense que le ministre a tenu compte de leur audition au poste d’entraîneur nationale pour les nommer et qu’ils méritent qu’on leur fasse confiance.
Propos recueillis par Stephen Sunou