Le 45ème championnat national de première division observe depuis deux semaines une trêve. L’une des équipes mythiques du Cameroun, Union Sportive de Douala (USD) broie du noir au bas du classement après neuf journées, au grand dam de ses supporters. Le président délégué de cette formation de la capitale économique, Michel Kamdem, fait un éclairage sur cette situation et donne également sa position par rapport à la crise qui secoue le football camerounais.
Camfoot.com: Votre équipe vient de perdre son kiné à savoir « sergent Makaya ». Quel est votre sentiment?
Michel Kamdem: C’est la grande tristesse au sein de notre équipe depuis l’annonce de ce décès. Vous n’imaginez pas ce qu’il représentait pour nous depuis une trentaine d’années qu’il est dans cette famille… (Silencieux).
Camfoot.com: Quels souvenirs gardez-vous de cet homme?
M.K: C’était un homme très engagé et dévoué au travail. Il était plein d’humour et ses proverbes nous égaillaient lors de nos rencontres. Union de Douala perd une grande figure. On avait déjà commencé à préparer sa relève avec le jeune qu’il a formé.
Camfoot.com: Après neuf journées de championnat votre équipe occupe l’avant dernière position. Qu’est-ce qui explique ce mauvais rang ?
M.K: Je dirai qu’on a pris un très mauvais départ dans ce championnat et on n’arrive pas à se rattraper. Nos performances à l’extérieur sont assez honorables contrairement à celles réalisées à domicile. Je ne sais pas pourquoi mais on s’atèle à résoudre ce problème afin que nous puissions renverser la vapeur.
Camfoot.com: Pourtant l’équipe en début de saison a été restructurée…
M.K: Oui cette restructuration a été marquée par le sceau du mauvais choix des joueurs. Il y’a des réajustements à faire par rapport à cette restructuration car certains compartiments ne nous ont pas donné entière satisfaction. Nous avons profité de la trêve pour renforcer les compartiments du milieu et la défense.
Camfoot.com: On annonce l’arrivée des nouveaux joueurs au sein de l’équipe. Peut-on avoir quelques noms ?
M.K: Oui. S’agissant des nouveaux joueurs, nous avons obtenu au milieu de terrain: Oben (venu de kumba lakers), en défense on a Zock Ambassa, Ebendje qui viennent du canon, Ateba de Cintra de Yaounde, le gardien Dominique Tenkor qui revient, le jeune Youmbi, qui a tenté une aventure professionnelle en Tunisie, qui revient. Nous sommes sur les traces de Zoalang Placide et de Ze Marc mais cela ne semble pas concluant.
Camfoot.com: Qu’est-ce qui peut justifier la délocalisation du site habituel des entraînements à savoir le stade annexe pour la localité de Nkapa qui est située à une vingtaine de kilomètres de Douala ?
M.K: Vous savez, ce terrain n’est pas toujours disponible aux heures que nous souhaiterions à cause de son occupation régulière pour des manifestations et autres compétitions officielles. Pour une équipe qui doit se préparer de manière sereine. C’est la raison pour laquelle on a cherché un stade libre et celui de Nkapa nous a semblé ideal par son cadre propice aux entraînements. Son environnement également apporte de la quiétude à l’équipe.
Camfoot.com: Certains supporters estiment plutôt que c’est pour avoir la mainmise sur l’équipe. Qu’en pensez-vous ?
M.K: Si je dois avoir la mainmise sur la gestion de cette équipe, je n’ai pas besoin de l’a délocalisée. En tout cas je ne peux gérer une équipe sans avoir la mainmise sur elle. Si vous gérez une équipe, vous devez avoir un véritable pouvoir sur elle. Moi je pense que c’est parce que je n’ai pas la mainmise complète que parfois je souffre.
Camfoot.com: Il y a eu un réaménagement au sein de l’encadrement technique avec Jean Youdom qui est devenu directeur technique. Ce changement est-il la solution à la crise que traverse l’équipe ?
M.K: Pour moi il n’y a pas de crise. Les résultats sont mauvais certes, ce n’est pas catastrophique parce que je regarde la prestation et la qualité des joueurs et je pense qu’on a les moyens pour redresser la barre. S’agissant du changement de poste de Jean Youdom, quand il est arrivé dans notre équipe, c’était pour occuper le poste de directeur technique à l’époque. C’est lui qui a souhaité faire un travail sur le terrain. La pression des supporters a amené à le faire retrouver son poste d’origine. Gérard Mbimi coordonne les entraînements et gère les matchs. Pour moi, ce n’était pas la solution d’une crise mais plutôt le retour à ce qui avait été imaginé au départ, qui consistait à avoir un directeur technique, un entraîneur principal et son adjoint.
Camfoot.com: Certains anciens joueurs, à l’instar de Bepp Solo ont s’occuper de l’encadrement technique de l’équipe et vous avez refusé. Pourquoi ?
M.K: Personnellement je n’ai jamais reçu une demande dans ce sens. Bepp Solo, je cause avec lui et il ne m’a jamais exprimé verbalement ni par écrit ou par personne interposée son intention à prendre l’encadrement technique. Il aurait émis des propositions de restructurations de l’équipe à l’ancien président, Emmanuel Ngassa Happi. A ma connaissance, je ne suis pas au courant; peut-être l’a t-il exprimé dans ces propositions? Toutes les portes sont ouvertes et je ne vois pas pourquoi on refuserait surtout à un ancien joueur, de donner un coup de main à l’encadrement technique et la gestion de l’équipe.
Camfoot.com: La Fecafoot a exigé que chaque club tienne son assemblée générale avant le démarrage de la saison et vous ne l’avez pas fait. Les supporters également exigent la tenue de cette assemblée. Peut-on savoir quand aura lieu le congrès de l’Union de Douala ?
M.K: Le congrès de l’Union de Douala n’est pas au niveau de la demande de la Fecafoot, comme avec les autres clubs. Nous avons en 2001, si je ne m’abuse, organisé un congrès qui mettait en place des organes pour 4 ans. La Fecafoot n’avait pas connaissance de l’information. Nous lui avons signalé pour qu’elle voit que nos statuts existent et que le congrès se tient à date prévue. Nous devons tenir une assemblée générale chaque année pour faire le point. Nous ne pensons pas que ce congrès puisse apporter à l’immédiat le redressement du club. Il vaut mieux se préoccuper de mettre une équipe compétitive sur le terrain et enfin organiser des assemblées. Ce n’est pas forcement les clubs qui ont tenu leurs assemblées qui sont les plus lotis.
Camfoot.com: Quelles sont les ambitions de votre équipe cette saison ?
M.K: Notre ambition immédiate est la qualification pour la Super ligue c’est à dire occuper au moins le quatrième rang après la première phase du championnat. J’espère que nous y parviendrons.
Camfoot.com: Quels commentaires faites-vous sur la sanction infligée par la FIFA au Cameroun au sujet du port de maillots non conforme ?
M.K: C’est dommage que nous nous retrouvons encore en conflit avec la FIFA, après l’épisode sur le fonctionnement de la Fecafoot. Je croyais que tout avait déjà été réglé; malheureusement je ne comprends pas pourquoi une affaire de maillots va priver le Cameroun de la plus prestigieuse compétition de football au monde. J’espère que les uns et les autres accorderont leurs violons pour que la sanction ne puisse pas pénaliser notre participation à la coupe du monde. Quant aux circonstances ayant conduit à cette sombre affaire, je pense que la haute autorité de la république s’en est emparée. On aimerait que la Fecafoot organise une rencontre avec les présidents de clubs pour nous éclairer. Si nous devons faire oeuvre commune, il faut que nous soyons informés. Il est temps pour qu’il y’ait une rencontre au sommet entre le bureau de la Fecafoot et celui de l’A.C.P.D (Association des Clubs de Première Division) que je dirige, pour que nous puissions comprendre les rouages du fonctionnement de la Fecafoot, qui ont entraîné le désagrément à notre pays.
Camfoot.com: Pensez-vous que les problèmes du football camerounais se situent au niveau des textes ou alors les hommes qui le dirigent ?
M.K: Le problème du football camerounais se situe au niveau des textes. Il y a un flou dans le fonctionnement de notre football. Si l’on s’en tient à ce que dirait le ministère de la jeunesse et sports, c’est la Fecafoot qui était en charge de gérer ces problèmes et c’est là-bas qu’on devrait chercher les erreurs qui ont été commises. Quand vous rencontrez les responsables de la Fecafoot, ils vous disent qu’ils ne sont qu’une boîte à lettre car c’est le minjes qui gère l’équipe nationale. Les textes ont été votés en 1999 mais ceux-ci ne s’appliquent pas sur le terrain. Je suis d’accord pour la relecture des textes et statuts de la Fecafoot et même plus loin, les textes qui régissent le sport au Cameroun, les relations entre le minjes et les féderations sportives pour qu’on nous dise qui gère les équipes nationales du Cameroun. Ainsi, au moment d’établir les responsabilités, qu’il n’y ait pas d’ambiguité. Que les gens ne se cachent pas derrière les textes pour se disculper.
Camfoot.com: Si on vous demandait de juger l’équipe du président Iya Mohammed. Que répondriez-vous ?
M.K: Je ne peux pas juger l’équipe Iya Mohammed quand on n’a pas la clarté de ce qui s’est passé. Même si cette affaire malheureuse a entaché l’image de la fecafoot, c’est incontestable que l’équipe de Iya a abattu un bon boulot. Mais qu’elle sache aussi que lorsqu’on a bien travaillé, on peut aussi passer la main aux autres.
Entretien mené par D. EKOULE à Douala