Le président de l’Union sportive de Douala et par ailleurs président de l’Association des Clubs de Première Division (ACPD) juge les performances de des Nassaras en ce début du 46ème championnat de première division. En sa qualité de président de l’ACPD, il évoque les crises qui secouent les clubs de l’élite en ce moment.
Camfoot.com: Votre équipe a pris le dessus sur Espérance, une victoire qui intervient après une longue traversée de désert, comment avez-vous accueilli cette victoire ?
Michel Kamdem : Une victoire ne vient pas au hasard et une victoire se prépare, il faut y croire. Et c’est dans les défaites que se forgent les victoires de demain. Si on avait commencé par gagner peut-être qu’aujourd’hui, on serait en train de perdre. Le fait que le club n’ait pas réalisé ses ambitions dès la première journée nous a poussé plutôt à travailler à mieux réorganiser l’équipe, vous avez vu que l’encadrement technique a été retouché ?
Camfoot.com: Vous pensez que le problème des nassaras était sur le banc de touche ?
Michel Kamdem : Au niveau de l’encadrement technique, il y avait un réel problème qu’il fallait résoudre, lorsque les deux personnages qui animent l’équipe et qui sont tous les jours auprès des joueurs sont régulièrement en mésentente, ceci affecte les joueurs et l’équipe se divise en deux. Il fallait donc arrêter l’hémorragie avant que ça ne devienne un véritable problème, heureusement que nous avons constaté à temps et les mesures qui s’imposent ont été prises et petit à petit nous allons reconstituer cet encadrement technique pour lui donner le nombre et l’effectif qu’il faut afin de réaliser nos ambitions.
Camfoot.com: Sur quelles bases avez-vous choisi Roger Feutmba, on savait qu’il était jusque-là en Afrique du sud ?
Michel Kamdem : C’est un ancien international camerounais, c’est un ancien professionnel, c’est un ancien joueur de l’Union, il a surtout entraîné une équipe qui a joué la compétition africaine, donc il nous a semblé qu’il avait un certain bagage qu’on pouvait mettre à la disposition du club afin de corriger un certain nombre d’anomalies.
Camfoot.com: Vous venez de lui adjoindre Sinkot Isaac, un autre ancien joueur, pensez-vous qu’ils ont le charisme nécessaire pour entraîner Union de Douala ?
Michel Kamdem : On juge le maçon au pied du mur, nous avons d’abord recruté ceux qu’on croyait avoir ce charisme ça n’a pas donné, je ne pense pas que si dans une équipe rien ne va c’est parce qu’il manque le charisme à l’entraîneur, vous ne pouvez pas rester inerte quand ça ne va pas parce que vous avez peur de vous tromper dans les choix, il faut choisir et assumer, c’est-à-dire si ça ne produit pas les résultats escomptés, il faut avoir le courage de reconnaître qu’on s’est trompé. S’agissant de Sinkot, c’est un ancien joueur, un ancien international, un entraîneur qui a prouvé en tant qu’entraîneur dans notre pays, c’est un défenseur, Feutmba était plutôt un milieu de terrain ce qui est un bon mélange de genre.
Camfoot.com: Est-ce que vous ne pensez pas avoir raté votre recrutement en début de saison, parce qu’il y a beaucoup qui ont déçu, on pense à Kamga Duplex par exemple ?
Michel Kamdem : On a pas raté notre recrutement, c’est qu’on ne peut pas résoudre le problème de l’exode des joueurs, vous parlez de Duplex Kamga, il a joué hier, il revient de maladie. Par conte le problème c’est que tous les ténors qui devaient nous permettre de jouer sont partis. Kouemaha le meilleur buteur est parti en Grèce, Sepo et Emaleu sont partis en Turquie, Somen A Tchoyi est en Norvège. Nous avons recruté ces joueurs en début de saison, et comme ils ne sont pas des prisonniers et quand ils s’expatrient pour aller chercher fortune ailleurs évidemment ça nous diminue, et là il faut reconstituer l’équipe sur une nouvelle base.
Camfoot.com: Après onze journées quel regard jetez-vous en tant que président de l’ACPD sur l’organisation du championnat ?
Michel Kamdem : Ce championnat nous a posé quelques inquiétudes quant à la programmation où nous sommes toujours informés à la hâte, ce qui ne laisse pas toujours le temps et la sérénité nécessaire pour bien préparer les matchs. Il faut trouver une formule pour aviser les clubs à temps, c’est vrai qu’il y a un calendrier, mais avec les matchs en retard et avancés nous sommes perturbés. Maintenant ce n’est plus mauvais qu’un autre sur le plan du déroulement, mais le principal problème c’est celui des finances, car à partir du moment où les clubs doivent monter quatre fois au Nord pour les clubs du Sud et ceux du Nord qui doivent descendre au moins 7 fois, donc voilà le problème à résoudre, et je crois que c’est la prochaine étape que nous devons gérer et voir avec la Fécafoot les voies et moyens qu’il faut mettre en œuvre pour atténuer ces saignées financières dues aux longs et nombreux déplacements des clubs.
Camfoot.com: En dehors de ce problème de transport, il y a que dans nos clubs ça va dans tous les sens, dans Racing, Bamboutos, Sable, Tonnerre … ce n’est pas la sérénité, pourquoi nos clubs vont mal ?
Michel Kamdem : Nos clubs vont mal parce qu’on a toujours pas compris et fait attention, les saignées financières auxquelles les présidents de clubs font face vont tarir, ça ne peut pas toujours durer comme ça. Le président de Bamboutos vous dit qu’il a dépensé à titre personnel 85 millions et n’entend pas continuer, il faut qu’on trouve d’autres sources de financement, parce que les gens se contentent d’insulter les présidents et pourtant si on leur demande combien ils ont contribué, ils seront incapables d’avancer un chiffre. Il y a des gens qui m’ont interpellé pour m’insulter parce que l’équipe joue mal et qu’ils perdent les paris.
Un autre me disait qu’il a perdu 100 mille francs pour un pari et que je le rembourse. Vous comprenez que pendant que vous vous débattiez pour payer les entraînements aux joueurs, quelqu’un est prêt à vous poignarder parce qu’il a perdu un pari, donc c’est un vrai problème qu’il faut examiner avec beaucoup d’attention sinon on va se retrouver avec d’énormes difficultés, ceci interpelle les présidents de clubs, la Fecafoot et l’État.
Camfoot.com: Vous parlez de l’État et pourtant cette année les clubs engagés en coupe africaine ont été lâchés par l’État comment entendez-vous résoudre ce problème au niveau de l’ACPD ?
Michel Kamdem : L’ACPD a essayé de soutenir le premier club qui a tiré la sonnette d’alarme, c’est le Racing et jusque-là on ne nous a pas remboursé cet argent bien que la Fécafoot ait signé l’engagement de nous payer, entre temps la fédération nous a informé qu’elle n’avait plus les moyens pour soutenir les déplacements de ces clubs, le ministre des Sports nous a aussi dit qu’à l’heure actuelle il ne faut pas compter sur les caisses de l’État pour le financement des clubs engagés en coupe africaine, tout le monde dit qu’il n’a pas d’argent et pourtant il faut que ça continu, pour cela les trois parties doivent se retrouver pour trouver la solution.
Camfoot.com: À partir de cet instant 50% de recette des matchs du championnat reviennent aux équipes qui reçoivent, comment voyez-vous cette mesure de la Fécafoot ?
Michel Kamdem : Ce n’est pas une mauvaise décision, sauf qu’elle n’est pas gérer, il y a beaucoup de paramètres qu’il faut étudier, il faut mettre en place la confection des billets, le contrôle des stades, quand deux équipes jouent sur le stade comme se sera le cas dimanche à qui reviendra la recette, on va continuer à partager, donc il faut clarifier les choses rapidement sinon une bonne mesure comme celle-là risque d’être bafouée parce que mal appliquée.
Camfoot.com: Pensez-vous qu’avec l’arrivée du Directeur Général Monsieur Prechert on verra le bout du tunnel ?
Michel Kamdem : Écoutez, j’ai dit à qui veut l’entendre que je juge le maçon au pied du mur, je ne peux pas dire si on verra le bout du tunnel ou pas, mais quand il sera installé on verra comment il gère, comment il s’organise, comment il nous reçoit, comment il fait attention à tout ce qui touche au football et particulièrement nos clubs de première division qui font l’élite, mais il me semble prématurément de dire que sa seule présence va résoudre tous les problèmes.
Camfoot.com: Le seul joueur amateur convoqué pour le match contre le Bénin est sociétaire de votre équipe, comment avez-vous accueilli la sélection d’Antoine Ateba ?
Michel Kamdem : J’ai bien apprécié cette convocation de notre joueur, parce que le titre de champion du Cameroun et la coupe ne sont pas nos seuls objectifs, le fait d’encadrer les garçons qui percent et sont reconnus comme des valeurs sûres me réjouit, vous qui parliez de mauvais recrutement, c’est la preuve que notre recrutement n’était pas mauvais. Si on regarde ceux qui sont partis à l’extérieur et celui qui est resté et qui est sélectionné à l’équipe nationale montre que c’était des perles qu’il fallait protéger, ça montre aussi quoi qu’on dise que la qualité de la gestion peut donner un cadre propice au joueur qui a des talents d’éclore, et dans l’Union il a reçu ce cadre. Maintenant il reste qu’il confirme et nous lui souhaitons beaucoup de chance.
Camfoot.com: A quand l’acquisition d’un siège pour l’ACPD, et quelles sont les nouvelles de votre association ?
Michel Kamdem : L’ACPD a son siège depuis un an à 100m du siège de la Fécafoot, pour ça c’est résolu, les choses sont en train de se mettre en place, l’ACPD sans beaucoup de bruit construit, analyse, étudie. Le moment venu vous verrez les propositions qui seront faites, que ce soit au niveau de la ligue ou du financement des clubs. Vous avez vu que nous avons tenté un coup qui a réussi avec le tournoi des africains en vue de préparer nos clubs engagés en coupes africaines. Il y a d’autres actions qui vont voir le jour.
Camfoot.com: Qu’est-ce qui maintien Michel Kamdem dans le foot, c’est la recherche du gain, visée politique ou simple passion ?
Michel Kamdem : Le football pour moi représente une grande école de la vie, où on n’y apprend toute la vie, quand vous êtes à la tête d’un club, les gens ne voient le chef d’entreprise que vous êtes, on vous voit comme dirigeant qu’ils ont mis en place et sont prêts à vous dire toutes les vérités sans ménagement, s’ils vous respectent c’est parce que vous êtes respectable et non parce qu’ils ont peur de vous. Le football m’apprend qu’il y a une morale sociale, je reste dans le sport parce que c’est le seul cadre qui aujourd’hui uni tous les Camerounais du nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, vieux, jeunes, hommes, femmes, là on ne parle pas de tribu.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Yaoundé