Kaham Michel ancien international camerounais et ex-entraineur adjoint des Lions indomptables, aujourd’hui Directeur Général du célèbre centre de formation KSA (Kadji, Sport, Academy), nous donne son opinion d’expert sur l’actualité autour de la professionnalisation du championnat national à travers la ligue professionnelle de football qui peine à démarrer.
Camfoot.com: Les clubs de l’Élite ont besoin d’un financement de base pour se professionnaliser. Dans le contexte actuel, la ligue aura-t-elle les moyens de sa politique?
Michel Kaham: Le professionnalisme exige de gros moyens… Il faut les trouver absolument. Au centre du débat se trouve d’abord le confort du joueur qui demeure l’acteur principal du professionnalisme. Les infrastructures, l’encadrement des équipes et autres, concourent avant tout à permettre au joueur d’offrir le meilleur spectacle possible. Les Lions Indomptables ont donné un nom au Cameroun. Qu’on cherche l’argent, on le trouvera. A ce titre, je suis d’accord avec ceux qui pensent à un salaire minimum de 200 000 FCFA pour les joueurs d’Elite 1 et 100 000 FCFA pour les joueurs d’Elite 2.
Camfoot.com: Il n’y a-t-il pas actuellement chez les clubs une urgence à mieux organiser les effectifs tant techniques qu’administratives?
Michel Kaham: Pour un début, les clubs devraient fonctionner autour de 22 joueurs, plus le Secrétaire général, le kiné et l’entraineur principal, soit 25 salariés par club pris en compte par La Ligue, le reste étant à la charge des clubs. Évidemment, un club plus aisé peut payer un supplément salarial à qui il veut. Le 1er de chaque mois, un état des salaires (modifiable en fonction des manquements) est dûment arrêté par le Président de chaque club et transmis à la Cellule des finances mise sur pied par L’état. Après vérification, les salaires sont virés dans les comptes bancaires des joueurs.
«Planifier chaque semaine le Friday night Football à 20 heures dans nos deux stades de Douala et Yaoundé.»
Camfoot.com: Peut-on envisager avec cette ligue des beaux jours de notre championnat voire le redécollage du football local?
Michel Kaham: Les débuts seront difficiles. Mais le spectateur doit sentir un changement, d’abord au niveau du spectacle, mais aussi dans la gestion des rencontres, l’animation, le décor, etc. Il faut que le spectateur ait du bon temps pendant sa présence au stade. C’est capital! Si tout ressemble à du déjà vu, c’est presque raté. Pourquoi ne pas planifier chaque semaine le Friday night Football à 20 heures dans nos deux stades de Douala et Yaoundé. Les samedis, il y a forte concurrence à la télé. Les dimanches, on bosse le lendemain… L’état veut s’investir dans le foot, aidons-le à le faire dans du solide, car nous sommes à la traîne depuis trop longtemps.
Camfoot.com: Quelles sont vos attentes à l’endroit de ceux qui ont été désignés pour gérer cette importante structure?
Michel Kaham: Il y a certes de la compétence dans cette ligue, à condition que l’on ne leur mette pas trop de blocages. Ils n’ont que deux ans pour prouver, ce qui est trop court à mon avis. Alors il n’y a pas de temps à perdre. Ce qui peut être fait aujourd’hui, il faut manœuvrer pour l’obtenir.
Camfoot.com: Comment expliquez-vous l’absence des anciens professionnels et anciens Lions au sein de cette autre structure à l’heure de l’implantation du professionnalisme?
Michel Kaham: Depuis la génération Coupe du Monde 82, il y a eu la génération Coupe du monde 90 et la génération 2000. On y trouve des anciens pros, des universitaires, des Directeurs de centre de formations, des cadres de la jeunesse et de l’éducation physique et j’en passe. Les décideurs ne devraient pas l’ignorer. Alors, ces anciens Lions ne devraient pas s’exclure ou être exclus automatiquement de la reconstruction engagée dans notre pays. Ils ont en eux ce que beaucoup d’autres recherchent encore: la passion du Football, la compétence pour certains et surtout un précieux vécu. Ceci devrait faire la différence à un moment donné.
«On ne Peut vendre à son juste prix, un spectacle dont on ne connait pas la date…»
Camfoot.com: La finale de la coupe du Cameroun n’est toujours pas jouée, cinq mois après la fin de la saison. Au-delà des problèmes de condition physique et psychologique constatés chez les joueurs, quel impact le report répété du début du championnat peut-il avoir sur la gestion des clubs?
Michel Kaham: Il serait tout simplement suicidaire de penser un seul instant construire une ligue professionnelle de Football qui ne respecterait pas une programmation stricte, un calendrier fixe et connu de tous longtemps à l’avance. Peut-on vendre à son juste prix, un spectacle dont on ne connait pas la date? De plus, notre calendrier doit être savamment étudié pour faciliter la tâche au public et aux annonceurs. C’est par là que les autorités devront commencer, si non ce serait aller au marigot avec une calebasse trouée.
Propos recueillis par James Kapnang à Douala