L’ancien international camerounais a été contacté pour occuper un poste au sein des Lions Indomptables. Des mois après, son enthousiasme s’est émoussé. Entretien.
On s’est rencontré il y a quelque temps et tu m’as dit que tu attendais des nouvelles du Cameroun.
Tu les attends désespérément ou tu attends quelque chose de précis ?
Si je suis franc, cela fait six mois que j’attends. Est-ce que j’attends avec le même enthousiasme qu’il y a six mois ? Non. Avec la même envie de me donner à fond dans mes fonctions ? Oui. Mais, je dirai que je n’y crois plus trop.
Tu attendais quoi comme fonction ?
Il s’agissait pour moi de prendre un rôle de manager général de la Fédération. Grosso modo, il s’agit de restructurer ou de structurer notre football.
Tout est à refaire, quoi.
Oui, c’est un gros chantier.
Comment peut-on expliquer aux gens que l’Afrique qui fournit de nombreux joueurs de classe mondiale dans les plus grands clubs, fonctionne dans un tel foutoir ? Qu’est ce qui empêche le Cameroun, par exemple, de se structurer?
Je ne vais pas parler pour les 53 fédérations, mais au moins, par rapport à ce que je vois au Cameroun, j’ai le sentiment qu’il n’y a pas la volonté de bien faire. Que le bordel organisé au Cameroun arrange les intérêts de certaines personnes. Et que, finalement, on se contrebalance de l’intérêt général. Or, si moi je veux apporter quelque chose, ce sera la cohérence, une certaine rigueur et surtout une logique dans la façon de gérer les affaires du football.
Tu es quand même écouté et respecté au Cameroun. Tu fais partie des grands joueurs comme Roger Milla, Rigobert Song, Samuel Eto’o…
Avec Samuel, on a de bons rapports. Je l’ai appelé lundi dernier pour lui souhaiter joyeux anniversaire. On a discuté. Mais est-ce qu’il y a intérêt à soulever les choses ou à organiser un putsch ? Je pense que ce n’est pas vraiment le cas. Il faut arriver avec le bon sens, s’asseoir autour d’une table et discuter. Mettre un plan d’action en place et s’y tenir. Moi, je veux avancer de la sorte. Si ce n’est pas le cas, je ne forcerai pas les choses. Je pense que j’ai fait un pas important vers nos dirigeants, j’ai donné ma disponibilité. Je reste motivé pour le faire, mais moins motivé qu’il y a quelques semaines.
Votre sélectionneur-là, il est allemand… tchèque ?
Non il est espagnol. C’est Javier Clemente…
Ah ! C’est Clemente ? ! Nooonnn. Vous êtes dans la merde ! Clemente ? Comment on peut aller chercher un mec qui est au placard depuis 10 ans ?
On l’a quand même vu à l’œuvre à l’OM et il a des choix pas possible…
Il y avait, je l’espère, de la part des dirigeants de l’espoir avec lui au début. Il y en a moins aujourd’hui. Mais il faut quand même aller au Sénégal, ce sera avec lui et il faut aller chercher une bonne performance. Le Sénégal va beaucoup mieux. Le Sénégal a 6 points et le Cameroun n’en a que 4. (…) C’est dommage que le Cameroun soit là où il est en ce moment. Cette non-organisation du football est quand même terrible.
On a l’impression que les footballeurs camerounais partent du pays très jeunes maintenant et que c’est en Europe qu’ils apprennent leur métier…
Le Cameroun a un réservoir de joueurs dont j’ai l’impression qu’il est inépuisable. Je ne dis pas qu’on est comme les Brésiliens : on n’a pas le même style, mais je dis qu’on arrive toujours à produire des joueurs. Mais, sans organisation, ils partent, parfois sans recensement. Parfois on trouve un joueur, on croit qu’il est camerounais… je prends le cas d’Edel. Il est parti… On n’a pas un suivi de nos joueurs. Il y a une direction technique qui vient de se créer, mais qui est encore très faible, des entraîneurs qui ne sont pas bien formés, un suivi qui n’existe pas. On attend toujours les résultats de l’équipe A, sans se soucier de ce que font les plus jeunes, même les espoirs. Rappelons nous qu’en 2000, on a quand même gagné un titre olympique. Mais, après, plus rien. Les juniors, les cadets, que deviennent-ils ? Ils font des compétitions comme ça, mais sans être vraiment formés, alors qu’ils auraient dû être un véritable oreiller de l’équipe A, en attendant une nouvelle génération.
Par Pierrot le Foot