Stéphane Mbia a demandé quelques instants. Après le repas de la mi-journée pris à la conclusion d’un travail physique « plus qualitatif que quantitatif », il passe un coup de fil à son épouse. Elle est restée à Marseille au chevet de leur fille, Kassandra, 3 mois, hospitalisée après avoir contracté le paludisme pendant les fêtes.
L’international camerounais est inquiet. La paternité l’a changé. Il se sent aujourd’hui plus responsable, concède que cette expérience l’aide à gagner en maturité, à réfléchir : « Dans tout ce que j’entreprends, j’ai le sentiment de préparer son avenir, dit-il. Mon quotidien a changé. Avant, je mangeais au club ou près de La Commanderie après les entraînements ; aujourd’hui, je rentre aussitôt à la maison, auprès d’elle pour vivre chaque instant. »
Subitement, on revoit les images captées à Auxerre, lors de son expulsion. Les mains dans le dos, discutant avec l’arbitre assistant : « Il y a quelques mois, j’aurais certainement été plus démonstratif, je n’aurais pas hésité à lui crier dessus, explique-t-il. Depuis la naissance de Kassandra, tous mes actes sont canalisés. Il y a des comportements que je ne peux plus me permettre d’avoir sur le terrain. J’ai par exemple compris que ça ne servait à rien d’hurler avec le corps arbitral, car quand une décision est prise, on ne peut pas y revenir. Je ne veux pas donner une mauvaise image de moi à ma fille. »
Le joueur tend à se bonifier, l’homme évolue. Pendant la trêve hivernale, le défenseur olympien est parti au Cameroun présenter sa merveille à sa famille. Il a profité de cet intermède pour servir la bonne cause et aider l’association gérée par son père, laquelle se préoccupe des enfants handicapés : « On leur fournit du matériel médical, des lits, des télés. J’ai encore visité les travaux d’une école en construction dans mon village. J’essaie d’apporter ma contribution comme je peux. Il est important d’aider les autres pour rendre ce que l’on reçoit. Je sais qu’au terme de ma carrière, je m’éloignerai du foot pour continuer sur cette voie. »
L’idée est louable, correspond bien au profil d’un garçon fantasque, muni de qualités physiques hors normes, conscient d’avoir un caractère particulier. Plus simplement, d’être un personnage complexe qui se découvre comme tout homme avec l’âge…
Par Thierry MURATELLE, envoyé spécial à La Manga