Malgré sa blessure lors du derby d’Athènes, samedi dernier, Jean II Makoun a longuement confié ses impressions à Footafrica365.fr. Après avoir fait le point sur sa situation à l’Olympiakos, voici la seconde partie de l’entretien consacrée aux Lions Indomptables du Cameroun.
Jean, le Cameroun ne sera pas à la CAN 2012. Que s’est-il passé ?
On ne s’est pas qualifiés… C’est difficilement explicable avec la qualité des joueurs et du groupe que nous avons. Je ne trouve pas les mots, c’est inadmissible, parce qu’on a tout pour se qualifier à chaque fois et là… les mots dont difficiles à trouver.
Les prochains défis, on imagine sont 2013 et 2014…
(Sourire) C’est vrai que tant qu’on n’a pas déclaré sa retraite internationale, on est sélectionnable et on continue à avoir des ambitions avec sa sélection. On sort d’un stage avec la sélection, où avec le nouveau staff, on s’est fixés pour objectif de se qualifier pour la CAN 2013 et la Coupe du monde 2014. C’est un peu dommage pour nos frères camerounais puisque c’était à côté. Comme certains disent, « c’était derrière la maison, je serais allé le matin et rentré le soir après le match. » L’objectif c’est clairement 2013 et 2014, comme on l’a défini lors du dernier stage.
Justement, que s’est-il exactement passé à Marrakech ?
Je peux vous dire ce qui s’est passé à Marrakech, parce que je pense que c’est un problème qui a commencé le mois dernier en RD Congo où je n’étais pas convoqué. A ce moment, il y a eu des exigences, des doléances, des réunions, des ententes et les choses ne se sont pas faites comme convenu lors du stage précédent. Des engagements avaient été pris par rapport au tournoi qui arrivait, au match en Algérie où je pense que les dirigeants et joueurs avaient un accord sur les conditions et le cachet. Arrivés à Marrakech, on a pris le temps, sachant que nous devions jouer vendredi de commencer les discussions le lundi, pour parler des contrats par rapports au match. Ça a tardé, il y a certaines primes, comme la fameuse prime de présence qui est un acquis. On a donné toutes les solutions pour pouvoir avancer, l’avoir, rentrer en possession, on ne l’a jamais eu. Alors, le capitaine et tout le groupe, on a décidé que le match n’aurait pas lieu.
Ton nom a souvent été cité parmi les leaders de cette fronde, puisque tu es signataire du communiqué…
Certains ont vite écrit parce qu’ils m’ont vu partir, mais j’avais la permission de l’entraîneur. Donc, le lundi quand je pars, c’est avec son accord pour une urgence. Ça n’a rien à voir avec le stage, j’en avais discuté avec l’entraîneur deux ou trois jours avant. Ça n’avait rien à voir avec les réunions et autre.
Certains disent que des joueurs étaient tentés de jouer…
Le groupe était unanime. C’est vrai qu’il y a eu un comité avec le capitaine (Samuel Eto’o), Alex (Song), Carlos (Kameni), Enoh (Eyong) et moi qui allaient aux réunions. On a discuté avant avec tous les joueurs et on est tombés tous d’accord que s’il n’y a pas ci ou ça, on en part pas. Après, il ne faut pas que les gens pensent que c’est un problème d’argent, c’est un problème de principe, de respect. Les choses n’ont pas été faites comme il fallait alors que ça avait été discuté un mois avant. Nous n’allions pas à cinq l’imposer au groupe, et nous avons sollicité leur avis.
A quel moment décidez-vous de ne pas aller en Algérie ?
On est restés dans les réunions, on a donné des solutions… Le moment décisif a été après le match contre le Maroc. Le capitaine partait après le match et il l’a fait devant tout le monde et nous sommes restés tous les quatre. On a dit aux dirigeants lors de la réunion qu’ils avaient laissé partir le capitaine et qu’il fallait qu’il donne son avis sur le départ. Il fallait donc qu’on appelle le capitaine et en fonction de son avis, on allait aviser. C’est avec mon téléphone qu’on a appelé le capitaine et on a mis le haut parleur et la fin, c’était on ne part pas s’il n’y a pas ce qui avait été promis. Le capitaine alors confirmé que le match était annulé, mais on était tous solidaire de sa décision, même si c’est lui qui a eu le dernier mot. On était tous ensemble.
Les Algériens sont contrariés. Avez-vous une pensée particulière pour eux ?
Forcément, quand un match comme ça ne se joue pas, il y a du mécontentement. On est très tristes, désolés pour le peuple algérien, pour tout ce qu’ils ont mis en œuvre pour qu’on puisse aller faire ce match. C’est très difficile de trouver les mots justes. On est désolés de ne pas y être allés disputer ce match, mais il faut qu’entre nous joueurs et surtout dirigeants, on trouve un moyen d’apaiser leur colère, même si ça va rester gravé. Trouver quelque chose pour les calmer.
Vous êtes partenaires de deux internationaux algériens (Djebbour et Abdoun). En avez-vous parlé ensemble ?
On en a parlé. Ils m’ont demandé ce qui s’est passé en disant que les Algériens étaient fâchés parce qu’ils nous attendaient. Je leur ai expliqué que le problème était entre nous et nos dirigeants et qu’on était déçus que la situation soit allé jusque là.
C’est une actualité bouillante en ce moment avec les communiqués qui se succèdent. Avez-vous été contactés par les dirigeants de la Fédération ?
Moi personnellement, non. J’ai discuté avec le capitaine, qui a reçu une demande d’explication et moi je lui ai dit que je pense que ce serait mieux de faire un document et de le faire signer par tout le monde. Après à la Fédé d’indexer les joueurs individuellement ou tout le groupe, mais pour moi c’est important d’avoir une réponse collective où chacun mette sa signature.
Finalement, on dirait que cette histoire vous a unis, alors que l’on annonçait l’équipe très divisée…
Je peux vous assurer qu’on est unis. Si on ne l’était pas, après le départ du capitaine de Marrakech, on serait partis.
Propos recueillis à Athènes par Joseph Djomo