Louis Paul Mfédé est entraîneur au Gabon. Suite au match de commémoration des six ans du décès de Marc Vivien Foé, nous lui avons tendu le micro et avons fait avec lui le tour de l’actualité et c’est avec un immense plaisir qu’il s’y est plié.
Camfoot.com: Que représente pour vous ce match pour la mémoire de Marc Vivien Foé?
Louis-Paul Mfédé: J’ai la chair de poule au moment où je vous parle et pourtant cela fait 6 ans que Marco est mort. Sa mémoire reste toujours vivante en moi. Je n’était pas present pendant son deuil et j’ai tenu à vivre personnellement cette commémoration.
Camfoot.com: On a l’impression qu’on pense à Marc Vivien Foé uniquement ce 26 juin et pourtant il y a l’œuvre de Marco qu’il faut continuer notamment ce complexe de Biteng ?
Louis-Paul Mfédé: Vous savez les gens ont leur façon de gérer les choses. S’il était mort sur le terrain entrain de défendre les couleurs d’une équipe de football, je comprendrais qu’on l’oublie de la sorte. Mais il est tombé avec les couleurs nationales. Je trouve vraiment lamentable que le gouvernement Camerounais ne puisse pas, ne serait-ce que finir ce centre en la mémoire de cet illustre footballeur camerounais disparu.
Camfoot.com: Quel est le souvenir que vous gardez de Marc Vivien Foé ?
Louis-Paul Mfédé: Que de souvenirs énormes et monstres. On a été coéquipier dans le Canon de Yaoundé et à l’équipe nationale. Sa disparition m’a fait très mal, c’est pourquoi j’ai tenu à jouer cet après-midi pour que là où il est il sente que je suis avec lui.
Camfoot.com: On vous a vu manier avec beaucoup de dextérité le ballon pendant ce match de gala. Louis Paul Mfédé a encore quelques restes ?
Louis-Paul Mfédé: (Rires) Vous savez, le cœur nous trompe. La technique est là, mais le jeu, la vivacité c’est pour les jeunes. Je ne peux jouer maintenant qu’avec les gens de mon âge.
Camfoot.com: On savait que Louis Paul Mfédé entraînait jusque là au Gabon mais depuis un moment on vous voit dans les rues de Yaoundé, qu’est ce qui se passe ?
Louis-Paul Mfédé: Je reviens du Gabon où j’étais à Lambaréné. Mon équipe a été maintenue en première division et je suis content de venir me ressourcer au pays et vivre avec tous les camerounais les matches des éliminatoires de la coupe du monde 2010.
Camfoot.com: Comptez-vous retourner au Gabon ?
Louis-Paul Mfédé: Je ne sais pas encore, mais on est toujours content de vivre chez soi. C’est vrai qu’on a des avantages là bas, mais vous vous faites agressé sur le terrain par les gens de Lambaréné parce qu’ils estiment que vous venez voler leur pognon. Cela fait réfléchir surtout lorsqu’on pense que son pays n’est pas très loin de là.
Camfoot.com: Avez-vous des contacts pour entraîner sur place ?
Louis-Paul Mfédé: Disons que je suis là et j’observe. J’ai tout mon temps je verrais.
Camfoot.com: Vous évoquiez tout à l’heure les éliminatoires de la coupe du monde 2010, les Lions indomptables comptent un seul point en deux sorties. Y a-t-il lieu d’être inquiet ?
Louis-Paul Mfédé: Je ne sais pas s’il faut parler d’inquiétude. On ne doit pas le dire à voix basse. Nous sommes dos au mur. Il faut gagner tous les matches pour espérer une qualification, ce n’est pas avec la bouche qu’on va arriver. Il faut arrêter de dire que c’est lorsque les Lions sont dos au mur qu’ils relèvent le défi. Ce que vous devez savoir c’est que les autres nations progressent. Ce qu’il y a lieu de faire maintenant c’est d’enterrer la hache de guerre et se mettre rapidement au travail, que ce soit les joueurs, les entraîneurs, le public. Je pense que pour se qualifier, il faut montrer un autre visage différent de celui qu’on a montré lors des deux derniers matches.
Camfoot.com: Qu’est ce qu’il faut pour le déclic selon vous ?
Louis-Paul Mfédé: Il faut savoir que le football est une »guerre ». Il faut être présent dans les duels parce que pour le talent, nos joueurs sont talentueux. Mais il faut se donner à fond. Il faut avoir plus envie que l’adversaire. Nos joueurs doivent réagir. C’est trop timide ce que nous avons vu jusque là.
Camfoot.com: Vous entraînez au Gabon depuis maintenant deux ans. Que faut-il faire pour gagner cette équipe le 5 septembre prochain ?
Louis-Paul Mfédé: Ils ne sont pas arrivés où ils sont par hasard. Ils ont quelqu’un à la tête du ministère de la jeunesse et des sports qui est un ancien international, qui a dirigé les clubs de football. Il ne ménage aucun effort pour que l’équipe nationale joue dans de bonnes conditions. Pour le match contre le Gabon, il faut qu’on se dise que c’est un match de coupe et qu’on n’a pas droit à l’erreur. Il ne faut pas être calculateur. D’entrée de jeu, il faut leur mettre une pression insoutenable pour qu’ils sachent qu’ils sont devant au classement, mais que le Cameroun reste le plus fort en Afrique sur le terrain et non dans les archives.
Camfoot.com: Thomas Nkono, votre ancien coéquipier, a pris les rênes de cette équipe. Est-il l’homme de la situation ?
Louis-Paul Mfédé: Il faut laisser le temps à Tommy. Ce n’est pas facile surtout qu’avec cette équipe nationale, les gars se regroupent 5 jours avant le match. Il est difficile en 5 jours de trouver les automatismes. Ce qui serait mieux c’est de tout réorganiser, profiter lorsque les gars sont en trêve comme en ce moment pour les regrouper pour qu’ils jouent ensemble et qu’ils apprennent à se connaitre parce qu’on a l’impression que les lions aujourd’hui sont une équipe de quartier où chaque vient de son coin et fait ce qu’il veut sur le terrain.
Entretien mené par Guy Nsigué à Yaoundé