Champion olympique en 2000 , Serge Branco n’est plus réapparu depuis une dizaine d’années chez les lions. Après une belle carriere en bundesliga, Branco est depuis passé par l’Angleterre, la Russie la Grèce, aujourd’hui il retrouve une certaine stabilité au Wisla Krakow en Pologne. A quelques semaines de la rencontre cruciale des lions à Dakar c’est sans amertume que Serge Branco nous parle des lions dans un franc parler qui surprendra plus d’un.
Serge Branco bonsoir
Bonsoir
Qu’est devenu Serge Branco
Serges Branco est toujours footballeur professionnel, j’evolue actuellement au Wisla Krakow qui est la meilleure équipe de pologne de ces vingt dernieres années nous sommes actuellement premier ex aequo du championnat . Notez que Kracovie est la deuxieme ville polonaise après Varsovie.
Wisla Krakow est la meilleure équipe polonaise de ces vingt dernieres années »
Pourquoi avoir choisi la pologne?
Je me trouvais dans une période difficille avec mon passage en Grèce. Je me trouvais en conflit avec mon club et mon dossier trainait au niveau de la Fifa , je profite d’ailleurs de votre tribune pour dire un bonsoir à Mr David Mayebi qui m’a aidé à me sortir de ces eaux troubles. J’avais des proposositions en Chine , à Chypre et en deuxieme division allemande mais mon devolu s’est jetté sur la pologne car le challenge me paraissait plus interessant. J’avais la possibilité de gagner des titres et surtout retrouver l’Europe qui me manquait depuis Stuttgart en 2004.
On dit de vous être un oiseau volant, car changeant trés regulierement d´équipe et de championnat. Est-ce la recherche de la stabilite?
Je ne l’apréhende pas de la même façon, J’ai passé la grande partie de ma carriere professionnelle en Allemagne où reside aussi ma famille, il était important à un moment de connaitre autre chose l’Angleterre ne m’a pas souri, la Russie du fait de l’eloignement avec ma famille ne s’est pas avéré concluant, la grèce a été une grosse désillusion car vous avez à faire aux gens qui vous signent de gros contrats et au bout de six mois ils sont incapables de vous payer. A chaque fois je voulais franchir un cap, c’est aussi vrai avec le choix de la pologne car il était important pour moi de continuer à évoluer en premiere division. Kracovie est une institution en pologne, on y joue simplement pour le titre , c’est à l’image d’un FC BAYERN en Allemagne.
On va préciser que vous êtes international camerounais, champion olympique en 2000, quel souvenir Branco garde de son passage dans les lions?
Avec la sélection fanion j’ai été convoqué une dizaine de fois notamment avec Pierre Lechantre et Jean Paul Akono ,mais mon instant de plus grande émotion reste notre participation aux jeux olympiques en 2000. Nous y étions partis sans bonne préparation Presque abandonnés à nous même, bien qu’ayant franchi le premier tour nous n’étions toujours pas une foudre de guerre, mais soudés comme nous l’étions, nous sommes montés en force. Il faut dire que nous étions pour la plupart une bande de copains qui se connaissaient aux inter- quartiers ou aux brasseries du cameroun, nous étions loin d’etre techniquement les plus forts mais mentalement nous l’etions. Nous étions naifs et quelque fois ça paye dans le foot, les primes nous importaient peu, voila comment nous sommes devenus les plus grands champions de l’histoire du football camerounais, si les jeunes d’aujourd’hui pouvaient s’en inspirer.
En 2000 l’actuel capitaine des lions faisait partie de la campagne de Sydney lui qui est quelques fois pris pour un des fauteurs de trouble chez les lions, comment l’avez vous vécu il y a 11 ans?
Je connais Samuel depuis que j’ai treize ans . Nous avons grandi dans le même quartier (new bell) ,nous avons fait le ballon de rue ensemble, le lycée ensemble ,et nous nous sommes retrouvés à l’école de foot des brasseries avec Olembe, Wome, Suffo, Alnoudji donc il n’est pas un ami c’est un frère. Aujourd’hui j’entends tellement de choses à son sujet, je voudrais d’abord saluer l’etat mental de l’homme car partir de zéro pour devenir un des meilleurs joueurs du monde n’est pas donné. Je vais vous faire une confidence en vous disant qu’à l’école Eto’o n’etait pas le meilleur attaquant, il y a des joueurs comme Suffo qui passaient avant lui, il a du travailler dur pour etre celui que nous adulons tous aujourd’hui. Samuel veut être le meilleur sur le terrain et en dehors et c’est cela son Malheur, footballistiquement il a mis tout le monde d’accord mais humainement il ne peut aservir tout le monde, tout le monde ne sera jamais d’accord avec lui. Quelques fois il pose des actes pour bien faire mais s’y prend mal, il doit comprendre qu’il ne pourra pas acheter l’amour des gens, je suis parfois tristre quand je suis des choses car les gens ne connaissent pas Samuel , il a un grand Coeur. Si je peux me permettre de lui donner un conseil je dirai: vis ta vie et fiche toi des qu’en dira t’on. Nous devons copier la determination et l’ambition de Samuel Eto’o, je me rappelle en 2000 à Sydney nous étions dans la chambre avec Etame Mayer et Samuel a dit comme par blague: A trente ans j’aurai remporté cinq ballons d’or , aujourd’hui il en a quatre , cela force du respect.
A votre époque existait-il des clans dans l’équipe comme aujourd’hui?
Non et non c’est completement nouveau, prenons l’exemple des jeux olympiques il n’y avait pas de star dans l’equipe la seule star c’etait Patrick Mboma qui évoluait à Parme. Nous etions une bande de copains qui se connaissaient bien, c’est après ces jeux que j’ai signé mon premier contrat pro avec Frankfurt. Les clans se créent quand plusieurs stars veulent s’affirmer. Je suis d’avis qu’on ne peux pas être le meilleur en restant humble, à l’epoque Samuel lui aussi n’etait pas encore un poids lourd, quand les égos se croisent chacun pousse ses pions et ça créer ce que nous voyons aujourd’hui. Je crois que pour réussir il faut être soudé, prenez l’équipe d’Allemagne ils ne sont pas d’accord sur tout mais ils sont soudés, ils savent que sur le stade seul la défense du drapeau importe.
Est ce que le nouveau staff des lions vous a contacté pour vous dire pourquoi vous n’êtes pas appellés?
Pas du tout, il ya quelques mois il se posait un probleme de latéral dans les lions et comme je peux rendre service à gauche et à droite on m’a fait comprendre qu’une tournée devait etre faite pour explorer de nouvelles pistes, malheureusement les tourneurs ne m’ont jamais rencontré. Vous savez j’ai dépassé l´age du rêve, je peux parler avec une certaine liberté car je ne postule à rien, si une convoquation arrive j’irai remplir mon devoir patriotique avec honneur et fierté mais si elle n’arrive pas je n’en ferai pas un drame. Je suis champion olympique et on ne pourra rien y changer, je suis fier d’avoir fait partie de cette génération inoubliable. Il est mieux de faire partie de l’équipe nationale pendant quelques mois et gagner une medaille olympique que d’y faire dix ans et en sortir bredouille.
N’ y-a-t’il pas neanmoins un regret voyant que depuis la retraite de Geremi aucun lateral droit ne s’impose chez les lions, est ce qu’en te rasant le matin tu ne vois pas à ce poste au vu de ta performance actuelle et de ta polyvalence?
D’abord je me rase le soir et pas le matin (rire). Comme je vous l’ai dit plus haut je suis fier des services que j’ai rendu à mon pays et je n’attends plus rien de particulier. Il y a eu des approches successives avec differents staff. Ribeiro m’a aussi à un moment contacté mais sans suite. Je crois que nous manquons de patience en équipe nationale, nous avons de brillants jeunes prêts pour la relève mais nous devons leur donner du temps, nous devons aussi savoir utiliser chaque joueur à son poste, polyvalence ne veut pas dire confier une pharmacie à un boucher. Je crois enfin qu’il y a une trop grande préssion en sélection, venant du public avec des insultes, des médias avec des intrigues, des dirigeants avec l’improvisation.
As-tu gardé des amis en équipe nationale?
Mon meilleur ami pour la vie c’est Pierre Wome. Nous nous connaissons depuis treize ans. Nous avons commencé ensemble, c’est l’amitié d’une vie. A Ngaounderé, Yaoundé , Douala , Bafang nous avons partagé les lits ensemble, nous avons fait partie de la même promotion à l’école de foot des brasseries. C’est un ami fidèle, c’est aussi le seul véritable confident que j’ai dans le milieu du sport.
Revenons à l’actualité des lions, le rendez vous que tout le peuple attend c’est le 26 mars contre le Sénégal, quelle sera la recette pour aller gagner à Dakar?
Notre salut passe par la défense, la grande force du sénégal reside dans son attaque et nous devons avoir du repondant en défense. Même si je suis inconditionnel des lions le réalisme m’impose de dire que le potential du Sénegal est superieur au notre. Les reservistes sénégalais sont tous indiscutables dans de grandes équipes. La maxime dit qu’impossible n’est pas camerounais cela a été vrai au Nigeria, en Cote d’ivoire , il faut que ce soit vrai à Dakar mais j’en doute.
Y-a-t’il une association des lions de 2000?
Non malheureusement, il y eu des projets qui sont restés lettre morte, des journalistes de camfoot m’en avait fait la proposition, il y aussi un certain Charles Souopgoui tres actif dans le milieu du foot et qui était responsable de mon site internet. Je crois qu’avec ce que cette génération a apporté et ce qu’elle est dévenue on devait y penser on oublie parfois que les Geremi, Mboma, Etame Mayer, Wome, Eto’o ,Mbami , Branco et bien d’autres ont fait partie de cette génération
Entretien réalisé par Colbert Yompang