Poussé vers la sortie par son club du Betis Seville après trois saisons passées en Espagne ponctuées par une promotion en première division, le milieu de terrain camerounais Achille Emana annonçait déjà le ton des rapports entre ses dirigeants et lui. On apprend par exemple dans une interview accordée à RFI (2 Août) que l’ancien international camerounais souhaitait bien continuer sa carrière avec le club espagnol.
Vous étiez en froid avec le Betis Seville qui ne voulait pas vous laisser partir. Ou en êtes-vous aujourd’hui ?
Je suis toujours en froid avec eux. Ce n’est pas qu’ils ne voulaient pas me laisser partir, c’est plutôt une forme d’injustice que je n’ai pas du tout acceptée. Parce que depuis qu’on est montés en première division, on m’a fait comprendre que j’étais l’un des plus gros salaires du club et qu’il fallait donc que je parte. Quand ils m’ont demandé, j’ai dit que je ne voyais pas pourquoi je partirais. J’ai un très bon contrat ici, je me sens à l’aise, avec toute ma famille, et on a été promus avec le club. Je m’attendais à ce qu’ils m’appellent pour me dire qu’ils me gardaient, ou m’augmenter en voyant la saison prochaine s’il y avait une bonne offre. Ce qu’ils n’ont pas fait. Ils ont continué à dire à tout le monde que j’étais en vente. Il y a trop de choses qui se sont passées. Ils ont voulu me vendre à un club ukrainien et je n’ai pas accepté parce que je n’étais pas intéressé, et pas seulement financièrement.
Ou en êtes-vous aujourd’hui ? On sait qu’il y a une offre d’un club saoudien (Al Hilal, ndlr). Est-ce que vous seriez intéressé par un départ en Arabie Saoudite ?
Le club saoudien est arrivé, ils m’ont proposé autre chose. Et à force d’être poussé vers la sortie, j’ai du me faire à l’idée et me dire que le cycle était terminé. Je pense que j’ai beaucoup apporté à ce club pour qu’on me traite de la sorte. Le club saoudien a fait une offre supérieure à celle du club ukrainien. J’ai aussi trouvé une entente avec ce club mais à force de vouloir beaucoup, on est tous en arrêt.
La situation est dans l’impasse ou vous pensez que cela va se débloquer avec Al Hilal ?
Pour l’instant c’est bloqué parce que le Betis a certaines exigences. On ne peut pas tout demander et ne pas vouloir faire le premier pas. Aujourd’hui, j’ai trouvé un accord avec ce club, qui a trouvé un accord avec le Betis, mais le Betis demande encore un peu plus.
Comment vivez-vous cette situation ? Vous devez être stressé, amer ?
Stressé, pas du tout. Je suis déçu. En trois ans, j’ai tout fait pour le club, le public ne veut pas que je parte et c’est aussi pour ça que j’avais décidé de ne pas partir, parce que je sais qu’ici je suis aimé. Mais les nouveaux dirigeants ont insisté pour que je parte. Dommage pour le public mais on ne veut plus de moi, je ne peux pas forcer la situation. Le club me fait passer pour le mauvais, le mec qui regarde plus l’argent que l’aspect sportif.
Avez-vous reçu d’autres offres de clubs européens ou de clubs français ?
Je ne sais pas, c’est un thème que j’ai laissé à mon agent. S’il y avait une offre, lui seul le saurait parce que je lui ai fait comprendre que je ne voulais pas me nourrir d’espoirs. Ma préoccupation était de bien me préparer avec le Betis pendant la première phase du stage. J’ai dit non au premier club parce qu’il ne m’intéressait pas sur tous les aspects. Et aujourd’hui, je ne vais pas refuser parce que c’est l’Arabie Saoudite, même si je ne suis pas encore vieux…
Justement, est-ce que l’intérêt sportif n’est pas limité dans un championnat d’Arabie Saoudite pas très relevé, alors que vous n’avez que 29 ans ?
L’intérêt sportif est peut-être limité mais je ne peux pas faire autrement, on me pousse à la porte. Aujourd’hui le marché des transferts est vraiment très dur et je ne vais pas aller cogner à la porte de chaque club. J’ai attendu qu’ils se présentent, et certains se sont présentés sans offre concrète.
Le marché des transferts se clôturant le 31 août, ne pensez-vous pas qu’en attendant quelques jours de plus, les choses vont évoluer ?
Je n’ai pas encore signé, je suis toujours un joueur du Betis donc si un club s’intéresse à moi, il connait la direction à suivre. Là je m’entraine avec les joueurs écartés parce que les autres sont en stage en Angleterre. Comme le Betis veut à tout prix me vendre, je pense que les portes ne sont pas encore fermées.
Vous parlez de clubs qui n’ont pas fait d’offre concrète. Vous pouvez en dire plus ?
Tout ce que je peux dire, c’est qu’il y avait des clubs anglais, espagnols et français. Maintenant j’ai demandé à mon agent de ne pas me donner de noms de clubs. Je ne suis plus un gamin pour qu’on me vende des illusions, donc je continue à m’entrainer.
A combien évaluez-vous vos chances de jouer cette saison en Europe ? 5%, 10% ?
Achille Emana : Je n’évalue pas. Seul Dieu sait. Si j’ai la chance de jouer en Europe, ce sera grâce à l’aide de Dieu. Si je n’ai pas cette chance, ce sera toujours grâce à lui.
Ou aimeriez-vous jouer, personnellement ?
Si c’est le club d’Al Hilal, j’y serai. Mon seul but est de prendre du plaisir, que ce soit là-bas, en Europe ou ailleurs. Il est vrai que si je me retrouve avec cinq clubs qui me veulent, j’essaierai de peser le pour et le contre, pour ma vie, mon futur, celui de ma famille, de mes filles. Aujourd’hui il y en a deux, j’en ai choisi un.
Par Pierre Firtion