Sur le banc du Cameroun depuis six mois, le technicien français entrera en stage dans quelques jours à Metz, où il prépare les éliminatoires de la CAN 2013 et de la Coupe du monde 2014. Il revient sur la période écoulée et les prochaines échéances. (par France Football)
Denis Lavagne, vous êtes à la tête des Lions indomptables depuis novembre dernier. Quel bilan faites-vous de vos six premiers mois sur le banc camerounais ?
En fait, tout avait bien commencé au plan sportif avec notre victoire à la LG Cup, où l’on avait battu le Soudan (3-1) puis dominé le Maroc aux tirs au but en finale. Il y a eu juste après ce problème extra-sportif (les Camerounais ont refusé d’aller jouer en amical en Algérie, NDLR) qui a entraîné la suspension de certains joueurs (dont Samuel Eto’o, le capitaine, NDLR). C’était plus des problèmes latents, des difficultés entre joueurs et dirigeants. Au niveau du staff, on a plus subi les choses.
Vous avez tout de même débuté par une victoire en éliminatoires de la CAN 2013…
Oui, nous sommes allés nous imposer (1-0) en Guinée Bissau. Le contrat a été bien rempli par les joueurs, qui plus est pour un match en semaine, très compliqué à préparer. Nous n’avons eu qu’une seule séance d’entraînement. On conserve toutes nos chances de passer au tour suivant. Maintenant, nous entrons dans la préparation de trois matches très importants en juin : la RDC, la Libye et la Guinée Bissau (retour, NDLR). Ce sont des matches déclencheurs. Dans cette optique, nous avons un stage de préparation à Metz, en France, du 21 au 27 mai, avec un match d’entraînement contre la Guinée le 26.
Que recherchez-vous à travers ce rassemblement, qui intervient en fin de saison pour vos «Européens» ?
L’une des clés de la réussite pour ces matches de juin, c’est d’arriver à ce que le groupe reste concentré et conserve une fraîcheur physique et mentale. On sait qu’on doit bien entamer nos éliminatoires de Coupe du monde 2014. L’équipe avait mal démarré les éliminatoires de la CAN 2012 (1-1 à Garoua contre la RDC, NDLR) et on se souvient que cela avait affecté la suite du parcours. Un bon résultat mettra le groupe sur une bonne dynamique.
«Tout le monde parle beaucoup et chacun croit détenir la vérité»
Quel est votre ressenti par rapport à la fonction que vous occupez depuis désormais ?
Evidemment, cela n’a rien à voir avec le métier d’entraîneur de club. On n’a ni le terrain ni les joueurs au quotidien. Il faut construire un groupe, constamment mesurer, et à distance, l’état de forme des joueurs, rechercher leur complémentarité possible. Le tout sans les avoir sous les yeux la plupart du temps ! Quand on est avec eux, il faut arriver à faire passer le message très rapidement.
La liste que vous avez publiée en début de semaine comprend quelques nouveaux venus : Jean-Armel Kana-Biyik, Yannick Ndjeng ou encore Willie Overtoom, d’Heracles (PB)…
Exact ! Jean-Armel avait déjà été appelé, mais il était blessé. Quant à Yannick (Espérance de Tunis), je pense qu’il est important de conserver de la stabilité dans un groupe, tout en l’ouvrant à quelques-uns. Là, nous avons une semaine de stage, ça permettra de l’évaluer au sein de l’équipe, de voir comment il s’intègre. Pour Willie Overtoom, c’est un garçon qui est de mère camerounaise et a porté le maillot des Pays-Bas dans les catégories de jeunes. Il est aujourd’hui disponible pour les Lions indomptables, et il nous offre une palette différente au milieu de terrain.
Comment vivez-vous la pression médiatique et les critiques constantes qui accompagnent systématiquement le sélectionneur du Cameroun ?
Ici, tout le monde parle beaucoup et chacun croit détenir la vérité ! (rires) Il y a des conflits entre certaines personnes et le président de la Fédération, M. Iya. Je me focalise surtout sur les affaires du terrain et le jeu. Pour moi, seul le résultat du terrain prévaut. Je sais bien que je n’aurai pas droit à l’erreur ni à la défaite. Alors je fais mon boulot et je gère la pression. J’ai une totale confiance en mon équipe. Je sais qu’ils ont envie de redorer leur image, et de montrer que ce qui s’est passé ces derniers mois n’était qu’un accident. Pour le reste, on verra bien, après le 2 juin…
Propos recueillis par Frank SIMON