Le président du comité national Olympique et sportif du Cameroun se prononce sur la suspension de Samuel Eto’o (15 matches) et de Enoh Eyong Tarkang (2 matches). L’ancien athlète pense que la décision de sanctionner les joueurs a été prise sur la base de la passion et de l’émotion.
Camfoot.com: Un mot sur la suspension de Samuel Eto’o le capitaine des Lions indomptables ?
Kalkaba Malboum : Je ne vais pas m’attarder spécialement sur la sanction d’un sportif, je crois qu’il y a eu plusieurs sportifs qui ont été concernés par la décision qui a été prise par la structure chargée d’arbitrer ou de juger certains comportement au niveau de la fédération camerounaise de football. En tant que observateur je dirais que si les trois acteurs qui ont été jugés répondaient des mêmes faits, je constate qu’il y a une très grande disproportion entre la sanction des deux autres et celle de monsieur Samuel Eto’o. Je ne connais pas la motivation mais ça peut être interprété comme à la fois pour la fédération de faire un exemple, mais ça va jouer sur la suite de la carrière au sein de l’équipe nationale de l’un de nos meilleurs footballeurs de l’heure. En sport nous ne sommes pas là pour juger comme au tribunal où l’on juge les criminels, nous sommes là pour maintenir une discipline en appliquant nos règles, tout en respectant le choix, la carrière du sportif, et lui donner la chance de s’amender, de se rattraper et de continuer à servir sa passion. Si la fédération camerounaise de football a respecté ces principes je peux le comprendre. Mais je pense pour ma part que la sanction entre son adjoint a qui on reproche les mêmes faits, la sanction d’Eto’o est disproportionnelle.
Comprenez-vous que la fédération qui a porté plainte contre les joueurs les juge elle-même ?
Je n’entre pas dans les détails de fonctionnement d’une fédération, ce n’est pas mon rôle, mon rôle c’est de garantir et de protéger les principes. Les principes sportifs font appel à des valeurs d’entente, de tolérances et d’éducation, se sont ces valeurs là, nos tribunaux au niveau du sport ne peuvent pas être comme les tribunaux de droit commun, il faut à la fois concilier l’exigence de la discipline qui est nécessaire pour la pratique du sport, mais en même temps protéger le sportif aussi même quand il a commis l’erreur. Il faut donner des sanctions sur des bases raisonnables. Surtout dans le sport il y en a qui émergent totalement parce qu’ils ont le talent, d’autres émergent moins bien. Une très grande vedette, même l’arbitre sur le terrain doit la protéger et sa fédération ne peut pas le sacrifier pour un comportement qui peut appeler l’athlète à s’amender. C’est dans ces grands principes que je reste. Je pense que la décision n’est pas une décision définitive, il doit avoir des voies de recours, des voies d’appel, la raison je pense l’emportera sur la passion et sur l’émotion qui a dicté la décision aussi forte. J’ai appris que l’on fait allusion à la sanction que la France a prise contre Nicolas Anelka. Je pense qu’il ne faut pas comparer les deux situations, la France a son contexte et le Cameroun a le sien. Nous devons rester lucide, nous devons rester prudents, sans oublier que sans athlètes il n’y a pas de fédération, et que par conséquent il ne faut pas jeter les athlètes en pâture, il faut les éduquer, il faut les amener à la raison, il faut mettre de la discipline avec de la modération.
Le comité national Olympique et sportif du Cameroun que vous dirigez aujourd’hui est-il prêt à recevoir les deux parties pour tenter de calmer le jeu ?
Je donne mon point de vue parce que vous me posez la question en tant que dirigeant sportif, surtout dirigeant du mouvement olympique garant des valeurs qui fondent ce mouvement. Comme je dis, il y a des recours jusqu’à la chambre de conciliation et d’arbitrage, c’est aux parties d’utiliser toutes les voies qui leurs semblent opportunes.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Yaoundé